Automne 2025 (Volume 35, numéro 3)
Récompenses
Par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
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« Lorsque nous donnons avec joie et que nous acceptons avec gratitude, tout le monde est béni. » -Maya Angelou
Au cours de l'année dernière, j'ai eu le plaisir de nommer une collègue, la Dre Dana Jerome, pour deux prix en rhumatologie et de la voir remporter les deux, soit le Prix de formateur d’enseignants émérite de la SCR de 205 et le prix Rheumatologist of the Year (ROTY) de l’Ontario Rheumatology Association (ORA) en 2025. Comme je l'ai dit à Dana lorsque je lui ai remis le prix de l'ORA, son succès est entièrement dû aux qualités dont elle a fait preuve tout au long de sa carrière exemplaire et n'a que très peu à voir avec mes éventuelles compétences en tant que nominateur.
Il est intéressant de noter que j'ai participé aux processus d'attribution des prix et des distinctions de la SCR, de l'ORA et de l’Ontario Medical Association (OMA). À la SCR, j'ai été nommé au comité des nominations lorsque Carter Thorne en était le président. J'ai assisté à ma première réunion à la dernière minute. Comme elle précédait immédiatement un dîner de formation médicale continue auquel je participais, j'ai pris l'appel audio (avant Zoom) dans un placard de service du restaurant. La qualité de mes participations s'est améliorée par la suite, et j'ai été ravi de participer à la création du prix « Maître » de la SCR pendant mon mandat au sein du comité. La SCR compte désormais trois prix émérites et deux prix de début de carrière, un nouveau Prix d’impact du leadership de la SCR pour 2026, ainsi que le prix « Maître » de la SCR et celui « Réflexion sur la pratique ». Certains pourraient craindre que le fait d'avoir plus de prix peut en diluer leur valeur, mais avec autant de membres qui méritent d'être reconnus, je dirais qu'il n'y a jamais assez de prix pour tous ceux qui les méritent.
Au sein de l'ORA, j'ai siégé au comité des nominations en tant qu'ancien président pendant plusieurs années. En plus de notre prix ROTY, nous décernons désormais chaque année un prix récompensant les rhumatologues en début de carrière et plusieurs prix décernés aux membres émérites de l'ORA. Plus il y en a, mieux c'est.
L'OMA est l'association qui décerne normalement le plus grand nombre de prix et qui compte le plus grand nombre de catégories de prix. Au milieu de la tourmente causée par la pandémie et de tous les problèmes auxquels sont confrontés les systèmes de santé provinciaux, j'ai remarqué, en 2023, que l'OMA n'avait décerné aucun de ses prix habituels. Andrew Park, alors président de l'OMA, avait annoncé que tout membre pouvait réserver une vidéo en ligne de 15 minutes intitulée « Conversation avec Andrew ». J'ai donc réservé une vidéo et j'ai abordé la question de cette absence de remise de prix. Peu après, le comité des prix et des distinctions de l'OMA a été rétabli, et ma candidature pour devenir membre du comité a été acceptée. Nous avons été très occupés à revitaliser et à consolider les prix dans un cadre modernisé tout en essayant d'accroître l'engagement, d'honorer les lauréat(e)s de manière personnalisée et d'améliorer la transparence et l'objectivité dans la sélection des lauréat(e)s.
Ce n'est pas un processus facile. Si les prix sont accompagnés d'une récompense financière ou offrent aux lauréat(e)s une exemption du paiement des cotisations annuelles à l'association, le coût financier peut être important et le nombre de prix de ce type peut devoir être limité. Si l'adhésion à l'association n'est pas obligatoire, il peut arriver que des candidats méritants ne soient pas membres et ne puissent donc pas recevoir de prix. L'attribution d'un prix comporte également un certain risque pour la réputation de l'organisation, comme l'ont démontré les controverses impliquant plusieurs récipiendaires de l'Ordre du Canada. Il est de plus en plus courant d'analyser les réseaux sociaux afin de s'assurer que les valeurs des lauréat(e)s correspondent à celles de l'organisation. Les archives publiques des ordres professionnels médicaux concernés peuvent également être consultées : tout le monde peut déposer une plainte concernant des questions cliniques, mais celles qui font état de comportements problématiques sont plus controversées. La politique médicale peut être très animée, et la frontière entre défense fervente et critique déraisonnable de l'organisation fait souvent l'objet de débats lors des réunions de décision concernant l'attribution des prix.
Même avec une augmentation du nombre de prix décernés, nombreux sont les collègues que nous aimerions récompenser pour leur travail quotidien visant à améliorer la vie des patients, à aider leurs collègues dans le domaine de la santé et à favoriser le changement dans le système de santé. La reconnaissance informelle, par le biais de courriels élogieux, de mentions dans les bulletins d'information des organisations ou de systèmes de « reconnaissance des collègues », est un outil important pour lutter contre l'épuisement professionnel et faire en sorte que les gens se sentent valorisés. La page d'accueil du College of Physicians and Surgeons of Ontario (CPSO) offre la possibilité de « féliciter un médecin »; on espère que cette option est utilisée à l'occasion plutôt que le lien permettant de se plaindre d'un médecin qui figure sur la même page.
Il reste également du travail à accomplir pour améliorer l'égalité des genres dans les récompenses. Une lettre publiée en 2024 dans Annals of Rheumatic Diseases1 soulignait le rôle des récompenses professionnelles « dans la reconnaissance des personnes exemplaires qui défendent les valeurs et les objectifs chers aux institutions qui les décernent... Dans certaines conditions, les récompenses peuvent stimuler la motivation et amplifier les performances ». Les auteur(e)s ont ensuite analysé les données sur les récipiendaires des prix de rhumatologie décernés par six grands organismes internationaux entre 1972 et 2023, dont l'ACR et l'EULAR. La CRA n'était pas incluse. L'ACR a décerné les deux tiers de tous les prix. L'EULAR affichait la plus grande parité entre les sexes, avec 31 % de femmes parmi les récipiendaires. L'écart entre les sexes s'est considérablement réduit, avec seulement 11,6 % de femmes lauréates avant 1990 contre 36,2 % depuis 2021. Les recommandations comprenaient la diversification des comités de sélection des institutions octroyant les prix, une plus grande publicité autour des prix et une transparence accrue dans les processus de nomination et de sélection. De mon point de vue, ces changements sont déjà bien engagés à l'OMA, à l'ORA et à la SCR.
Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
Rédacteur en chef, JSCR
Toronto (Ontario)
Référence :
1. Roy D, Andreoli L, Ovseiko PV, et coll. Ann Rheum Dis. 2024;83:958–959. doi:10.1136/ard-2024-225670
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