Printemps 2024 (Volume 34, numéro 1)
La formation en période
de COVID-19
Par Gabriel Jeyasingham, M.D., FRCPC
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La pandémie du coronavirus (COVID-19) de 2019 a provoqué l’isolement et nous a plongé dans l’inconnu. En tant que résidents en médecine interne, mes collègues et moi-même avons vécu l’expérience unique d’être projetés dans le feu de l’action pour gérer les « salles COVID-19 » au début de 2020, avant que les vaccins ne soient disponibles en quantités suffisantes. Je me suis ensuite retrouvé dans un programme de formation en rhumatologie à la Western University de London, en Ontario, de 2020 à 2022. L’expérience de cette formation est encore fraîche dans mon esprit.
L’impact sociale de la pandémie est facile à apprécier. Je me souviens d’une réunion gênante pour un résident en fin d’étude, au cours de laquelle nous tous, résidents et professeurs masqués, avons posé pour une photo à six pieds de distance les uns des autres. Les activités d’apprentissage en soirée, qui étaient courantes les années précédentes, ont été interrompues. Ayant passé la plupart de mes journées à la clinique ou dans mon appartement, j’ai quitté la ville de London à la fin de mes études, sans pratiquement l’avoir explorée.
Certaines expériences sont restées intactes grâce au virtuel. Les demi-journées académiques, les conférences et même notre service de consultation de rhumatologie pour les patients hospitalisés – tout était virtuel. Au début de ma formation en rhumatologie, la plupart des rendez-vous à la clinique se faisaient par téléphone. Dans certains cas, l’hôpital autorisait les patients de se rendre à la clinique en cas de poussée sévère de leur maladie ou s’ils devaient recevoir des injections de corticostéroïdes. Dans une spécialité où l’examen physique est d’une importance capitale, j’ai d’abord craint une sous-exposition. Les programmes de formation en rhumatologie de tout le pays avaient également adopté récemment un système d’enseignement médical axé sur les compétences (EMAC), dans lequel l’observation directe et régulière des résidents est obligatoire. Il était difficile de répondre à cette exigence en plaçant les soins virtuels au premier plan.
Ces préoccupations se sont ensuite dissipées avec la réouverture progressive des cliniques, mais un autre problème est rapidement apparu. Les patients ont envahi nos emplois du temps et nos effectifs ont chuté avec l’apparition de variantes de la COVID-19. Les collègues positifs à la COVID-19 ont dû s’isoler et les résidents en rotation des autres spécialités ont été redéployés de nos cliniques vers les services en milieu hospitalier. Nous manquions de personnel. Mon programme a conservé mon expérience de formation en protégeant les résidents en rhumatologie d’un redéploiement, mais ceux d’entre nous qui sont restés dans les cliniques ambulatoires ont dû faire face à des défis importants pour gérer les volumes de patients. Après une longue résidence en rhumatologie, j’ai pris plusieurs mois de repos pour me détendre avant de commencer ma pratique indépendante.
Toutefois, la pandémie a eu des effets bénéfiques inattendus. Pendant cette période, l’internat a été l’occasion de tisser des liens étroits avec des collègues et des mentors; nous étions unis contre un ennemi commun (ou plutôt, un agent pathogène). Ce solide réseau collégial m’a apporté beaucoup de soutien au début de ma carrière de rhumatologue. Les soins virtuels continuent d’avoir leur utilité, apportant la flexibilité nécessaire aux opérations quotidiennes de la pratique clinique. Une bonne connaissance des tribulations de l’internat, forgée à partir d’une première expérience, sera à la base de mon rôle d'éducateur pour les étudiants en médecine et les internes à l'avenir.
Malgré le chaos de la pandémie, j’ai terminé mon internat en ayant suffisamment confiance en mon sens clinique et en étant conscient des lacunes en matière de compétences ou de connaissances qui pourraient être comblées au fil du temps. Je ne peux pas évoquer toutes les façons dont la pandémie a influé sur mon parcours en tant que rhumatologue; certaines d’entre elles peuvent encore se trouver dans mon subconscient. C’était tout simplement une expérience unique.
Gabriel Jeyasingham, M.D., FRCPC
Rhumatologue,
Rhumatologie de Waterloo, Waterloo (Ontario)
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