Printemps 2024 (Volume 34, numéro 1)
Trouver les rhumatismes pour progresser pendant la pandémie
Par Gemma Cramarossa, B.H. Sc., M.D., FRCPC
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La pandémie de COVID-19 a façonné de nombreux aspects de mon expérience de formation en rhumatologie. De la réduction de l’exposition clinique en personne aux demi-journées académiques virtuelles, en passant par le stress supplémentaire du redéploiement, les défis ont été nombreux. Malgré ces obstacles, le corps enseignant de la division de rhumatologie et mes collègues stagiaires ont enrichi mon expérience d’apprentissage et m’ont aidé à entrer en toute confiance dans la pratique de la rhumatologie après l’obtention de mon diplôme.
Les premiers jours de la pandémie ont été les plus chaotiques. Chaque hôpital universitaire de Toronto avait des directives différentes concernant les soins virtuels et les soins en personne. Ainsi, à tout moment, les stagiaires basés dans différents hôpitaux avaient des expériences cliniques très différentes. Beaucoup d’entre nous s’inquiétaient de ne pas avoir eu une pratique suffisante des injections articulaires et de l’examen physique musculosquelettique, une partie cruciale de notre spécialité. Contrairement aux résidents de nombreuses autres sous-spécialités de la médecine interne, il s'agissait d'une préoccupation unique pour les stagiaires en rhumatologie.
Lorsque nous sommes passés à la rhumatologie, la plupart d’entre nous pensaient que nos jours de médecine interne étaient derrière nous, mais nous nous trompions. La pandémie a entraîné des retards dans les examens du Collège royal et a donné lieu à un redéploiement pour travailler dans les services où sont soignés les patients admis souffrant de la COVID-19. Nous avions étudié pendant si longtemps sans savoir quand et comment nos examens du Collège royal seraient administrés, et ce fut un soulagement de passer enfin l’examen et de nous concentrer sur notre formation en rhumatologie. Cependant, la possibilité réelle d’un redéploiement nous guettait également. Travailler dans le service dédié à la COVID a été une bonne expérience, mais le redéploiement a entraîné une perte d’exposition à la rhumatologie. Et si ma seule occasion de procéder à une arthrocenthèse du coude se produisait lors de mon redéploiement? Et si je manquais une occasion rare de voir une nouvelle présentation de la maladie de Still de l’adulte? Néanmoins, nous avons fait notre part du travail et mis à profit nos compétences en rhumatologie en tant qu’experts en tocilizumab et responsables de la réduction de tous les stéroïdes.
Le sens de la camaraderie est au cœur de la communauté rhumatologique canadienne. Comme notre spécialité est plus petite, les cohortes apprennent à bien se connaître non seulement grâce à la formation, mais aussi en participant à des conférences locales, nationales et internationales. Bien que nombre de ces possibilités soient encore offertes virtuellement, le niveau d’engagement est beaucoup plus faible. La socialisation au sein des programmes et des services est déconseillée afin d’éviter la propagation des maladies. La possibilité de tomber malade peut avoir des conséquences négatives potentielles non seulement pour notre propre santé, mais aussi pour celle de nos collègues, de nos familles et de nos patients immunodéprimés vulnérables. En tant que stagiaires, nous attendions avec impatience les mois les plus chauds pour organiser des activités sociales sans promiscuité, comme des pique-niques dans le parc après les demi-journées académiques. C’est en juin 2022, lors de mon dernier mois de formation, que s’est tenu le premier événement en personne et sans masque du service de rhumatologie, lors de notre journée annuelle de la recherche. Il était amusant de constater que les rhumatologues du services ne nous reconnaissaient pas sans nos masques!
Dans l’ensemble, la formation pendant la pandémie m’a appris à faire preuve de plus de souplesse, d’esprit d’innovation et de résilience. Je suis très reconnaissante d’avoir suivi une formation avec l’incroyable cohorte de rhumatologues qui ont vécu les hauts et les bas avec moi.
Gemma Cramarossa, M.D., FRCPC
Rhumatologue
Vaughan Rheumatology Centre/Mackenzie Health
Vaughan (Ontario)
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