Printemps 2023 (Volume 33, numéro 1)
Bilan du congrès ACR Convergence 2022
Par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
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Ce texte vous provient du Journal de la Société canadienne de
rhumatologie (JSCR); il n’est pas commandité par l’American
College of Rheumatology (ACR) et n’en fait pas partie.
L’expression « J’aimerais mieux être à Philadelphie » est
dérivée d’une épitaphe fictive que l’artiste W.C. Fields
(1880-1946), né dans les environs, a proposée pour luimême
en 1925 : « Ici repose W.C. Fields. J’aimerais mieux vivre
à Philadelphie. » Contrairement à la croyance populaire, cette
blague ne figure pas sur sa pierre tombale.
Bien que j’aurais préféré être à Philadelphie pour le congrès
ACR Convergence 2022, j’ai fini par y assister virtuellement à
nouveau. À l’exception de quelques-unes, comme la réunion
d’affaires de l’ACR et le « Rheumatology Knowledge Bowl », toutes
les séances se sont tenues simultanément en ligne et sur place.
La qualité audio et vidéo de la plateforme était excellente dans
l’ensemble, et les sondages pendant les séances se sont déroulés
sans problème. Les PDF des diapositives des présentateurs
n’étaient malheureusement pas disponibles au moment où
les séances avaient lieu, mais ils nous ont été promis pour
plus tard, le cas échéant. Les séances d’affiches préenregistrées
étaient de haute qualité, et les PDF correspondants étaient tous
disponibles dès le début de la réunion. La plateforme reste ouverte
aux fins de consultation jusqu’au 31 octobre 2023, ce qui
est un délai très généreux.
Nous vivons dans une « économie de l’attention » où les
principales plateformes de médias sociaux cherchent à attirer et
à monétiser notre attention. Certains pensent que nos capacités
d’attention diminuent en conséquence. La société s’est adaptée,
les films et les publicités étant de plus en plus courts ces
dernières années. Les parties de baseball professionnel restent
un travail en cours. Les réunions médicales ont également dû
changer. J’ai noté que la conférence de Dubois sur le LED durait
30 minutes cette année, contre une heure par le passé. L’ACR a
également introduit les « Ignite Talks », soit des séances totalisant
213 affiches clés, chacune présentée oralement en cinq minutes,
une après l’autre, sans période de questions-réponses. L’autre
format de séance très important était le « carrefour communautaire
», où plusieurs séances couvraient la gamme des aspects
cliniques, commerciaux et de recherche de la rhumatologie. Ces
séances se déroulaient généralement sur Zoom plutôt que sur la
plateforme de réunion principale.
J’ai apprécié la séance d’ouverture, à laquelle ont participé le
Dr Ken Saag, président de l’ACR, et Barbara Slusher, présidente
de l’ARP. La fiabilité et la réactivité des deux organisations ont
été mises de l’avant. La conférence plénière était remarquable;
Dr Abraham Verghese, célèbre pour son livre Cutting for Stone, a
fait une conférence mémorable. Cet auteur reconnu et professeur
de la théorie et de la pratique de la médecine à la faculté
de médecine de l’Université Stanford a toujours insisté sur la
valeur de l’examen physique, une compétence très appréciée en
rhumatologie.
Comme d’habitude, de nombreux Canadiens se sont distingués
en tant que présentateurs et présidents de séance. Nous
étions également bien représentés parmi les lauréats des prix
de l’ACR/de l’ARP, et tous les lauréats seront présentés dans les
prochains numéros du JSCR. L’une de mes séances préférées a
été « The Great Debate ». La question était de savoir si les antirhumatismaux
modificateurs de la maladie (ARMM) devraient
être utilisés pour traiter la polyarthrite rhumatoïde (PR) subclinique
afin de prévenir la PR plus grave. Le camp du « non » était
constitué d’un duo de choc entièrement canadien : Janet Pope
et Hani el-Gabalawy. Le dialogue « patient-médecin » qu’ils ont
présenté (y compris ce qui a été dit et ce qui n’a pas été dit par
les deux parties), a été formidable pour mettre en évidence les
difficultés à faire accepter un tel traitement à un patient, même
si nous avions de bonnes données probantes indiquant qu’il
pourrait être utile. À la fin du débat, le sondage en ligne a donné
un résultat de plus de 90 % en faveur du « non ».
Les études scientifiques sur la COVID-19 ont bien sûr occupé
une place importante, notamment l’étude clé intitulée
« Abstract 950: Obstetric Outcomes in Women with Rheumatic
Disease and COVID-19 in the Context of Vaccination Status: Data
from the COVID-19 Global Rheumatology Alliance Registry ». Un
plus grand nombre de naissances prématurées a été noté chez
les femmes non vaccinées par rapport aux femmes entièrement
vaccinées (29,5 % contre 18,2 %). L’étude a été présentée dans
le cadre d’une séance d’affiches, lors d’une séance Ignite et lors
d’une conférence de presse de l’ACR par Dre Sinead Maguire, qui
travaillait auparavant en Irlande et est actuellement boursière
en clinique à l’Université de Toronto. Davantage de contenu
canadien!
Les séances d’affiches n’étaient présentées que virtuellement,
il n’y avait donc pas de salle pour se mêler aux autres
et réseauter. Les résumés acceptés s’élèvent à 2 240, dont 17
ont été présentés lors de séances plénières et 282 sous forme de
présentations orales.
Parmi les autres séances que j’ai appréciées, citons le bilan
de l’année, dans ses versions adulte et pédiatrique, et la séance
de synthèse, ainsi que les séances « FDA Update », « Thieves
Market » et « Curbside Consult », et plusieurs des conférences déjà mentionnées, notamment les conférences Hench,
Gluck, Daltroy et Klemperer. La conférence Hench du
Dr Wigley sur la sclérodermie était exhaustive et citait
William Osler parmi d’autres cliniciens. J’ai appris que
l’hypertension pulmonaire a été redéfinie pour commencer
à une pression moyenne de l’artère pulmonaire
de 20 au lieu des 25 mm Hg précédents. De même, son
conseil de conclusion était mémorable : « Bien que vous
ayez des objectifs de traitement (amélioration de la
peau, des poumons, de l’appareil digestif et des reins)...
n’oubliez pas ceux du patient (douleur, prurit, adaptation)
». D’un point de vue canadien, nous pouvons
être fiers du travail effectué par notre propre Groupe de
recherche canadien sur la sclérodermie (GRCS) sur ce
sujet.
De multiples lignes directrices et critères de classification,
nouveaux, mis à jour et provisoires, ont été
présentés lors du congrès ACR Convergence. Parmi les
sujets abordés, citons la chondrocalcinose articulaire
(CCA), l’ostéoporose induite par les stéroïdes, le syndrome
des antiphospholipides (SAPL) et les vaccinations
dans le contexte des maladies rhumatismales. Une
nouvelle ligne directrice de l’ACR concernant l’exercice,
la réadaptation, le régime alimentaire et d’autres
interventions intégratives pour la PR a également été
présentée. Un exercice physique régulier était fortement
recommandé, tandis que les suppléments alimentaires,
la chiropractie et l’électrothérapie étaient déconseillés
sous condition.
Je note que l’équipe IgGenerals du Massachusetts
General Hospital a remporté l’« ACR Knowledge Bowl »,
le pendant du jeu Rhumato-Jeopardy de la SCR. Un nom
d’équipe très approprié.
Comme d’habitude, le congrès ACR Convergence
2022 a été remplie de séances intéressantes, de science
de pointe et de présentations innovantes. Les statistiques
de participation indiquent que le nombre total
de participants était de plus de 13 000; il y avait plus
de 11 000 participants scientifiques, soit un peu moins
de 7 000 en personne et plus de 4 300 en ligne. La participation
internationale a été répartie presque à parts
égales; les deux tiers des participants américains étaient
présents en personne. L’édition 2023 du congrès ACR
Convergence sera à nouveau présentée de manière hybride
au début du mois de novembre 2023, et les séances
en personne se dérouleront à nouveau à San Diego, où
se tiennent fréquemment les réunions de l’ACR. Je vous
verrai là-bas, d’une manière ou d’une autre.
Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
Rédacteur en chef, JSCR
Scarborough (Ontario)
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