Printemps 2022 (Volume 32, numéro 1)
Caractérisation du modèle de soins rhumatologue-praticien à rôle élargi dans un réseau de soins tertiaires
pour patients hospitalisés
Lena Nguyen; Marie-Andrée Brosseau, physiothérapeute; Nancy Granger, M.Sc PT, M. Sc.;
Julia Ma, MPH; Andrew Chow, M.D., FRCPC; et Stephanie Tom, M.D., FRCPC
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Introduction Les modèles de soins (MS) sont devenus essentiels pour faire face à la pénurie de rhumatologues et aux besoins de plus en plus complexes des patients. Au Canada, il a été démontré que le recours à des praticiens à rôle élargi (PRE) dans les services ambulatoires de rhumatologie permet de réduire les temps d’attente1-2. Le premier MS canadien pour rhumatologues (MD)-PRE pour les patients hospitalisés a été introduit chez Trillium Health Partners (THP) en 2015. Nos PRE sont des physiothérapeutes qui ont suivi le programme Advanced Clinician Practitioner in Arthritis Care (ACPAC).
Méthodologie : Nous avons entrepris une analyse rétrospective et transversale des dossiers de tous les patients adressés au service de consultation de rhumatologie pour patients hospitalisés de THP, qui comprend les sites de l’hôpital de Mississauga (MH) et de l’hôpital de Credit Valley (CVH), afin de caractériser le service de consultation de rhumatologie pour patients hospitalisés moderne où ils ont été évalués par l’équipe du PRE-MD du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2019. Une étude rétrospective des dossiers a été réalisée à l’aide du système de dossiers médicaux électroniques de l’hôpital et des analyses descriptives ont été effectuées.
Résultats :
Au total, 2 361 patients ont été vus par l’équipe MD-PRE entre janvier 2015 et décembre 2019. La cohorte globale avait un âge médian de 72 ans et comprenait plus de femmes (59 %) que d’hommes (41 %). La majorité des références en rhumatologie (96 %) provenaient des services (hospitalier, médecine interne, chirurgie); seules quelques-unes provenaient des unités de soins intensifs ou de soins coronaires (3 %). La plupart des consultations concernaient de nouveaux patients sans contact préalable avec la rhumatologie (69 %). La raison la plus fréquente de l’hospitalisation était un diagnostic musculosquelettique (30 %), qui comprenait une possible étiologie rhumatologique ou orthopédique, suivie par les diagnostics d’admission neurologiques (19 %) et infectieux (16 %) (Tableau 1).
Les diagnostics rhumatologiques les plus fréquents étaient la maladie à cristaux (28 %), suivie par l’arthrose/les douleurs musculosquelettiques (27 %). Les maladies rhumatismales auto-immunes systémiques (15 %), l’arthrite inflammatoire (14 %), la vascularite (12 %) et l’infection (4 %) étaient moins fréquentes. Sur les 169 patients présentant des diagnostics concomitants, les diagnostics concomitants les plus fréquents étaient la maladie à cristaux et les douleurs liées à l’arthrose/musculosquelettiques (50 %). Presque toutes les consultations de rhumatologie ont nécessité des interventions (98 %), notamment des analyses de sang (69 %), des médicaments (56 %), des examens d’imagerie (47 %) ou des injections intra-articulaires (29 %), la plupart nécessitant plus d’une intervention (Tableau 2).
Parmi tous les patients consultés, 42 % ont nécessité un suivi ambulatoire (Tableau 2), en particulier ceux atteints de rhumatisme auto-immun systémique (28 %), d’arthrite inflam-
matoire (27 %) et de vascularite (20 %) (Tableau supplémentaire A).
Discussion : Dans le but de répondre aux besoins non satisfaits des patients hospitalisés et d’assurer la viabilité de la pratique communautaire affiliée à l’hôpital, THP a mis en œuvre le premier MS MD-PRE canadien pour les patients hospitalisés. La plupart des patients n’avaient pas eu de contact préalable avec la rhumatologie et n’ont eu besoin d’une intervention que pendant leur hospitalisation. Les diagnostics rhumatologiques les plus fréquents étaient la maladie à cristaux et les douleurs liées à l’arthrose/musculosquelettiques, ce qui correspond à leur prévalence dans la population générale3.
Bien qu’il soit important d’avoir accès à une prise en charge rhumatologique dans les situations d’hospitalisation à forte acuité (c’est-à-dire en cas de vasculite mettant en jeu le pronostic vital), le service de rhumatologie moderne comprend également la prise en charge de la douleur et de la maladie à cristaux liées à l’arthrose et musculosquelettique. La maladie à cristaux était le diagnostic rhumatologique le plus fréquent, une observation qui s’aligne sur les études rapportant que la goutte et la pseudogoutte sont les principales causes d’hospitalisations liées aux arthropathies cristallines4-6. Notamment, plusieurs études établissent des liens entre les déficiences des soins préhospitaliers7-9 et l’absence de traitement de diminution de l’acide urique chez les patients hospitalisés10-12. L’arthrose était un autre motif fréquent de consultation en rhumatologie, probablement en raison de la comorbidité, c’est-à-dire de l’incidence de l’arthrose sur la sécurité de la marche et la planification des sorties. Le champ d’activité de nombreux rhumatologues étant axé sur les affections inflammatoires pour faire face à la pénurie de ressources humaines13, les problèmes liés à l’arthrose et à la maladie à cristaux sont généralement pris en charge par les prestataires de soins primaires avant et après l’admission.
Conclusion : Compte tenu de la charge croissante des maladies rhumatismales et du nombre insuffisant de rhumatologues, les PRE sont indispensables pour soutenir les soins rhumatologiques en milieu hospitalier. Notre étude fournit un point de référence pour les futures mises en œuvre de MS similaires et met en évidence une occasion d’améliorer la gestion ambulatoire des maladies chroniques afin d’atténuer la charge de morbidité future. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’incidence économique de la consultation en rhumatologie et du MS MD-PRE en milieu hospitalier.
Remerciements :
Nous remercions nos patients, leurs familles et leurs équipes de prestataires de soins de santé d’avoir rendu cette étude possible, ainsi que la Dre Judith Versloot pour sa contribution experte à l’analyse de la recherche.
Déclaration d’intérêts :
Les auteurs déclarent qu’ils n’ont pas d’intérêts financiers concurrents connus ou de relations personnelles qui auraient pu sembler influencer le travail rapporté dans cet article. Cette recherche a été réalisée à des fins d’amélioration de la qualité pour évaluer notre MS actuel.
Lena Nguyen
Étudiant en médecine,
Faculté de médecine
Université de Toronto
Toronto (Ontario)
Marie-Andrée Brosseau, PT
Physiothérapeute en pratique avancée,
Trillium Health Partners
Mississauga (Ontario)
Nancy Granger, M.Sc. PT, M.Sc.
Physiothérapeute en pratique avancée,
Trillium Health Partners
Mississauga (Ontario)
Julia Ma, MPH
Biostatisticienne
Institut pour une meilleure santé,
Partenaires en santé Trillium
Mississauga (Ontario)
Andrew Chow, M.D., FRCPC
Rhumatologue,
Trillium Health Partners
Mississauga (Ontario)v
Chargé de cours, Université de Toronto
Professeur agrégé, Université McMaster
Hamilton (Ontario)
Stephanie Tom, M.D., FRCPC
Chef de division, Rhumatologie
Trillium Health Partners
Mississauga (Ontario)
Chargée de cours, Université de Toronto,
Toronto (Ontario)
Références :
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