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Printemps 2022 (Volume 32, numéro 1)

Réflexions sur la retraite

Par Marvin J. Fritzler, Ph. D., M.D.

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J’ai récemment pris ma retraite de l’Université de Calgary après 50 ans de carrière dans le milieu universitaire. La retraite est un moment de réflexion et d’évaluation « post-mortem ». En pensant aux nombreuses personnes qui ont marqué mes années de formation et m’ont fait découvrir la rhumatologie universitaire, je me souviens avec gratitude de la sagesse et des encouragements de Ian Watson, Bob Church, Doug Kinsella, Phil Gofton, Manfred Harth, Henri Menard, Dave Bell, Earl Decoteau et Dave Hawkins (une légende à son époque). Comme je n’ai pas fixé d’objectif ou de mission pour ma carrière universitaire, je n’ai pas de liste de contrôle qui me rassure quant à mes réalisations. J’ai récemment commencé à faire le ménage dans mon bureau à l’université, une purge physique et mentale aux proportions considérables. J’ai accumulé des centaines de livres et des milliers de dossiers de recherche et de cahiers contenant des projets qui, je pensais, seraient importants un jour : 99,9 % ont été jetés! J’ai réfléchi à ce sujet dans un article récent que j’ai cosigné : Autoantibody Discovery, Assay Development and Adoption: Death Valley, the Sea of Survival and Beyond1. Bien sûr, il y a des dossiers de recherche qui sont toujours intéressants pour moi, mais je parie que ce n’est pas le cas pour vous. Je doute que quelqu’un me demande « qu’est-il advenu de vos recherches sur les "LINES" (éléments nucléaires à longue dispersion), les ERCC1 anti-sens ou (mon préféré) le kappaphredon (alias le "diméthylbroche-à-poule") ».

Parce qu’elles apportent un certain réconfort, il y a deux choses que je n’ai pas jetées. La première est une collection de lettres, de cartes et de courriels d’anciens patients ou de membres de leur famille qui me remercient pour les soins cliniques que j’ai prodigués. La seconde est une plaque que mes enfants m’ont offerte et qui cite Albert Einstein :
« Si nous savions ce que nous faisons, cela ne s’appellerait plus de la recherche ». La pandémie a laissé amplement le temps de réfléchir à la recherche scientifique. Une « leçon » importante m’a été donnée par un collègue alors que plusieurs d’entre nous étaient engagés dans un débat par courrier électronique sur certaines données publiées sur la COVID-19. Il a dit : « Il est important de se rappeler que la science est provisoire »; ou, comme je l’ai souvent dit, « les données ne parlent jamais d’elles-mêmes, elles doivent être interprétées ». Ainsi, l’aphorisme souvent utilisé aujourd’hui, « nous suivons la science », témoigne du fait que de nombreuses personnes ne comprennent pas la science.

Au cours de ma carrière, j’ai eu la chance de faire partie de nombreuses agences, conseils d’administration, cabinets de conseil et comités. Certains existent toujours, d’autres non. Je pense que les comités les plus utiles sont ceux qui peuvent se dissoudre après avoir accompli leur mission. Beaucoup d’autres persistent à éplucher l’oignon proverbial. Qu’ai-je appris et quels sont mes messages à retenir? Premier paradoxe, le progrès ne se voit qu’en regardant dans le rétroviseur. Les insectes sur le pare-brise ne servent qu’à distraire du paysage et le tableau de bord n’est qu’une référence pour ce moment précis. Deuxièmement, ce qui est intuitif (en particulier dans le milieu universitaire) se produit rarement. Troisièmement, les rumeurs (aujourd’hui sur les médias sociaux et même de masse) sont rarement vraies ou exactes.

Qu’ai-je appris et quels sont mes messages à retenir? Premier paradoxe, le progrès ne se voit qu’en regardant dans le rétroviseur. Les insectes sur le pare-brise ne servent qu’à distraire du paysage et le tableau de bord n’est qu’une référence pour ce moment précis. Deuxièmement, ce qui est intuitif (en particulier dans le milieu universitaire) se produit rarement. Troisièmement, les rumeurs (aujourd’hui sur les médias sociaux et même de masse) sont rarement vraies ou exactes.

Quelles sont mes préoccupations? 1) nos jeunes universitaires sont surchargés par des institutions légalistes et peu enclines à prendre des risques, qui les submergent de minuties; 2) l’examen par les pairs est sur le point d’échouer (il est devenu un « examen politique ») et s’il poursuit sa tendance actuelle, il conduira la science à l’inutilité (essayez alors de la suivre); 3) à quoi ressembleront les soins de santé ou la recherche universitaire post-pandémie?

Je laisse ces préoccupations entre les mains d’une nouvelle génération très compétente qui, j’en suis sûr, apportera les corrections nécessaires. Ils sont beaucoup plus brillants et dévoués aux soins et à la recherche équitables, diversifiés et inclusifs que je ne l’étais lorsque j’ai commencé. Dans tout cela, la Société canadienne de rhumatologie a été, et je pense qu’elle continuera à être, un point d’ancrage dynamique et rassurant de leadership et de collégialité. Je considère que c’est un honneur d’être l’un des vôtres.

Marvin J. Fritzler, Ph. D., M.D.
Professeur adjoint,
Départements de médecine, de biochimie et
de biologie moléculaire,
Cumming School of Medicine,
Université de Calgary
Calgary (Alberta)

Référence :

1. Fritzler MJ, Choi MY, Satoh M, et coll. Autoantibody Discovery, Assay Development and Adoption: Death Valley, the Sea of Survival and Beyond. 2021; 12. doi.org/10.3389/fimmu.2021.679613.

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