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Été 2022 (Volume 32, numéro 2)

Grand débat de la SCR 2022 :
il est proposé que les professionnels de la santé en rhumatologie puissent prescrire une activité physique et en assurer le suivi

Par Volodko Bakowsky, M.D., FRCPC, au nom d’Arthur Bookman, M.D., FRCPC; Marie Clements-Baker, M.D., FRCPC; Claire LeBlanc, M.D., FRCPC; et Laura Passalent, PT, BScPT, MHSc, ACPAC

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La perspective d’organiser de nouveau le Grand débat de la SCR devant un public en direct suscitait un grand enthousiasme et de vives attentes. Les débatteurs avaient tous accepté d’y participer avec cet espoir. Nous étions en train de nous faire vacciner et entrevoyions l’espoir d’une vie meilleure... Mais le destin en a voulu autrement. Un variant nommé Omicron a tout remis en cause, venant perturber nos projets de réunion. L’événement prévu « en direct » a une nouvelle fois laissé place à un format « virtuel ».

Les débatteurs avaient un intérêt commun pour l’exercice et la forme physiques. Comme l’on pouvait s’y attendre, chacun d’entre eux souhaitait débattre en faveur de la proposition. Toutefois, à force de flatteries et de menaces à peine voilées, le président du débat a réussi à faire transparaître la bonne nature générale des débatteurs et à composer deux équipes mutuellement satisfaisantes. L’équipe favorable à la proposition comptait Laura Passalent et la Dre Claire LeBlanc, tandis que l’équipe défavorable à la proposition réunissait les Drs Art Bookman et Marie Clements-Baker. Avant la réunion, d’après les bookmakers de Las Vegas, l’équipe favorable à la proposition l’emportait à 3 contre 1.

Laura Passalent, physiothérapeute agréée dans le cadre du programme Advanced Clinician Practitioner in Arthritis Care (ACPAC), a lancé le débat en faveur de la proposition. Elle a décrit les recommandations de 2018 de l’European Alliance of Associations for Rheumatology (EULAR) concernant l’importance de l’activité physique pour les personnes atteintes d’arthrite et a ensuite présenté plusieurs revues systématiques démontrant l’effet bénéfique de l’activité physique sur de nombreux symptômes dont souffrent les patients atteints d’une maladie rhumatismale. Elle a conclu en précisant que la plupart des praticiens en rhumatologie évaluent et recommandent déjà la pratique d’une activité physique à leurs patients. Elle a également souligné que les patients sont plus susceptibles d’adhérer à ces recommandations lorsque leur praticien en rhumatologie prescrit une activité physique et en effectue le suivi.

La parole a ensuite été donnée au professeur émérite Art Bookman. Il avait minutieusement compilé le temps total d’une résidence en rhumatologie alloué à l’enseignement des exercices de réadaptation. Et le résultat de l’analyse computationnelle était sans appel : aucun! Il a en outre souligné que, si des « leaders d’opinion » en rhumatologie tels que Phil « Darth Vader » Baer et Janet « Cat Woman » Pope possèdent de nombreux talents, le domaine de la rééducation par l’exercice n’en fait cependant pas partie. Bien que certains professionnels de la santé en rhumatologie, tels que les thérapeutes agréés dans le cadre de l’ACPAC, possèdent en effet l’expertise nécessaire en la matière, il sont trop peu nombreux pour répondre à la demande, ce qui risquerait d’entraîner des lacunes en matière de soins, qui ne peuvent pas être comblées par les rhumatologues.

La deuxième intervenante de l’équipe favorable à la proposition était Claire LeBlanc. Elle a d’abord passé en revue les bienfaits de l’exercice physique dans le traitement des maladies rhumatismales pédiatriques. Elle a ensuite battu en brèche le nihilisme des opposants à la proposition, arguant que les obstacles ne sont pas insurmontables, et qu’un « changement de comportement est plus probable avec notre soutien! » Elle a terminé sa thèse en mettant un casque de hockey et un protège-dents, ce qui, je pense, n’est pas passé inaperçu.

C’est à « New Granny » Marie Clements-Baker qu’est revenue la conclusion du débat. Elle a indiqué que la moitié des rhumatologues ont fait état, dans une enquête récente, d’un épuisement professionnel. En outre, le principal facteur invoqué dans l’épuisement professionnel était
« la quantité excessive de tâches bureaucratiques ». Reconnaissant la nécessité que les programmes régionaux appuient la pratique d’une activité physique, elle a cependant allégué que ce n’était pas du ressort des rhumatologues!

Une fois les argumentaires terminés, il était temps de passer au vote. À la grande surprise du président du débat et des bookmakers de Las Vegas, la proposition a été rejetée à l’unanimité. La bonne ambiance et l’esprit de collaboration des débatteurs, cependant, ont été assurés des deux côtés.

Claire a résumé à merveille l’esprit de ce débat : « Ces deux dernières années ont été si difficiles pour tout le monde que je souhaitais que ce moment apporte de la joie aux participants et les fasse rire. » Je pense qu’à cet égard, « l’exercice » a été un succès!

Volodko Bakowsky, M.D., FRCPC
Directeur et chef de division intérimaire, professeur agrégé
Division de rhumatologie, Département de médecine
Université Dalhousie, Halifax (Nouvelle-Écosse)

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