Automne 2022 (Volume 32, numéro 3)
Engagez un scribe. Ayez une vie!
Par Vandana Ahluwalia, M.D., FRCPC, Dilnoor Sidhu, M. Sc., Fallon Dennis et
Monish Ahluwalia, M. Sc.
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Les dossiers médicaux électroniques (DME) ont révolutionné
les soins médicaux au Canada. Les médecins sont en
mesure de saisir les informations cliniques de manière
lisible et d’accéder aux rapports de laboratoire, aux rapports
radiologiques et aux rapports hospitaliers du bout des doigts.
Malgré cela, les DME sont encombrants, car ils n’ont pas été
conçus par des médecins, et nécessitent toujours une saisie importante
de données pour une prise en charge optimale des patients.
La nécessité de saisir des données ne fera qu’augmenter
si les paiements basés sur la valeur doivent être mis en oeuvre
avec des paramètres normalisés. Malheureusement, les conséquences
involontaires des DME ont conduit à une interaction
accrue entre le médecin et l’ordinateur (par opposition à l’interaction
entre le médecin et le patient), ce qui entraîne une
augmentation de l’épuisement des médecins. Selon le rapport
du groupe de travail sur l’épuisement professionnel de l’Ontario
Medical Association de 2021, la première recommandation
était de « rationaliser et réduire la documentation et le travail
administratif requis. » Dans ce rapport, on recommandait
« l’utilisation de scribes médicaux, particulièrement en ce qui
concerne les exigences en matière de documentation médicale
électronique. »1 Malgré le fait que les scribes soient couramment
utilisés aux États-Unis, les médecins canadiens n’ont pas
encore adopté ce modèle de soins.
Il y a trois ans, j’ai engagé un scribe médical. C’est l’une des
meilleures choses que j’ai faites pour mes patients et mon cabinet.
Un scribe médical est défini comme « une personne ne possédant
pas de diplôme médical embauchée pour consigner des
données sous la direction d’un médecin ou d’un praticien, dans
le but de permettre au médecin de passer plus de temps avec
le patient et de disposer d’une documentation exacte. »2 Il peut
s’agir d’étudiants en médecine, d’étudiants de troisième cycle ou
d’autres personnes sans formation scientifique.
Le scribe humain vient dans la pièce avec moi (avec le consentement
du patient) et prend des notes sur la rencontre médicale,
y compris les antécédents, l’examen physique, l’empreinte et le
plan. À la fin de la journée, nous examinons toutes les notes en
détail et nous nous assurons qu’elles sont prêtes à être envoyées
par télécopieur au médecin traitant.
La documentation étant contemporaine de la rencontre, j’ai
plus de temps en tête-à-tête avec les patients, j’ai réduit les temps
d’attente dans les cliniques et j’ai augmenté le nombre de patients
vus par jour. J’ai encore assez d’énergie, à la fin de la journée,
pour réaliser les choses que j’aime faire à la maison.
Depuis 2021, j’ai embauché et formé deux autres scribes
pour mes collègues rhumatologues dans notre cabinet. Cela m’a
incité à créer un programme de formation de scribes en rhumatologie
afin de normaliser le processus. Si nous voulons que cette
initiative soit couronnée de succès, il faut faire davantage de travail
pour comprendre le temps et le coût de l’embauche, de la
formation, du suivi et de l’évaluation des scribes pour le soutien
des médecins au Canada. Les connaissances acquises par les associations
médicales et le soutien gouvernemental contribueront
largement à faire de ce projet une réalité.
Pour un scribe humain, la question de la durabilité se pose
toujours. Bien que mon scribe soit avec moi depuis trois ans, le
roulement se produit généralement après un ou deux ans. Les
scribes virtuels qui travaillent à distance peuvent améliorer la
stabilité de cette main-d’oeuvre, car plus d’une personne peut
être disponible pour le soutien. En outre, notre programme de
formation de scribes en rhumatologie vise à rendre la formation
plus rapide et plus facile, de sorte que le scribe soit fonctionnel
en trois mois. Le scribe assisté par l’intelligence artificielle peut
réduire le taux de roulement et diminuer les coûts, mais il reste
encore du travail à faire pour garantir une documentation automatisée
précise et flexible des rencontres complexes avec les
patients.
En fin de compte, les scribes ne remplacent pas la refonte du
DME, et nous devons continuer à plaider pour des interfaces utilisateur
qui répondent le mieux aux besoins des médecins. En
attendant, les scribes peuvent accroître la productivité des cliniques,
réduire l’épuisement professionnel des médecins, maintenir
la satisfaction des patients et peut-être même augmenter la
durée de leur carrière. Engagez un scribe! Ayez une vie!
Vandana Ahluwalia, M.D., FRCPC
Ancienne directrice du service de rhumatologie,
William Osler Health System
Brampton (Ontario)
Dilnoor Sidhu, M. Sc.
Scribe médical principal
Brampton (Ontario)
Fallon Dennis
Candidat au programme de baccalauréat en sciences médicales
(classe de 2023)
Université de Western Ontario
Responsable du développement du programme de formation
des scribes médicaux
London (Ontario)
Monish Ahluwalia, M. Sc.
Candidat au doctorat en médecine (promotion de 2023)
Université de Toronto
Toronto (Ontario)
Références :
1. Ontario Medical Association, 2021. Healing the Healers: System-Level Solutions to Physician Burnout. [online] Toronto: Ontario Medical Association. Disponible à l'adresse : www.oma.org/uploadedfiles/oma/media/pagetree/advocacy/health-policy-recommendations/burnout-paper.pdf. [Consulté le 5 août
2022].
2. Gidwani R, Nguyen C, Kofoed A, et coll. Impact of Scribes on Physician Satisfaction, Patient Satisfaction, and Charting Efficiency: A Randomized Controlled Trial. The Annals of Family Medicine. 2017; 15(5):427-433. doi:10.1370/afm.2122.
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