Printemps 2021 (Volume 31, numéro 1)
Résultats du sondage : Utilisation de la télésanté au Canada
Au nom du comité sur la télésanté de la Société canadienne de rhumatologie (SCR)
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La pandémie de COVID-19 a nécessité de nombreux changements
sur le plan des soins de santé; pour les patients
en rhumatologie, les changements se sont principalement
opérés au niveau de la manière dont les patients consultent leurs
prestataires de soins de santé. Si la télésanté et la médecine en
ligne existaient auparavant, la pandémie a cependant entraîné
un changement radical dans l’utilisation de ces formats. Pour le
sondage Articulons nos pensées présenté dans ce numéro, mené
en décembre 2020, nous avons contacté les membres de la SCR
pour connaître leur point de vue sur l’utilisation de la télésanté
au Canada. Pour les besoins du sondage, le terme « télésanté »
englobait les consultations téléphoniques et par vidéo.
La première question du sondage visait à comparer le tarif des
consultations téléphoniques et par vidéo à celui des visites en
personne dans la province des répondants. Près de 70 % des personnes
interrogées ont répondu que le tarif des consultations
téléphoniques et par vidéo était identique à celui des visites en
personne. En outre, 73 % des personnes interrogées ont indiqué
qu’à l’avenir (après l’épidémie de COVID), les consultations de
télésanté devraient être payées au même tarif que les visites en
personne.
Concernant le pourcentage de consultations actuelles de télésanté
(p. ex. par téléphone ou vidéo) par rapport aux visites en
personne, en prenant la moyenne collective, on estime qu’il est
de l’ordre de 36 % pour les visites en personne, de 45 % pour les
consultations téléphoniques et de 19 % pour les consultations
par vidéo (voir le diagramme 1).
La question suivante a ensuite été posée : « Quel pourcentage
de nouveaux patients vous consultent en ayant recours à la télésanté?
» Environ un tiers (30 %) des personnes interrogées ont
répondu qu’elles voyaient la majorité de leurs nouveaux patients
(> 75 %) par le biais de la télésanté. De plus, 28 % des personnes
interrogées ont indiqué qu’elles voyaient moins d’un quart de
leurs nouveaux patients par le biais de la télésanté, 20 % déclarant
n’avoir pas rencontré de nouveaux patients par le biais de
la télésanté.
Seules 8 % des personnes interrogées se sont dites très à l’aise
d’utiliser la télésanté pour rencontrer de nouveaux patients;
16 % ont indiqué qu’elles étaient à l’aise; 27 % un peu mal à
l’aise; 13 % étaient neutres; et enfin, 35 % se sont dites pas du
tout à l’aise.
À la question « Quelles parties de l’examen physique intégrez-vous dans votre consultation de télésanté, lorsque cela est
indiqué sur le plan clinique? (Choisissez toutes les réponses
qui s’appliquent.) », les réponses les plus courantes ont été les
suivantes : examen visuel des articulations tuméfiées (66 %); autoexamen
des articulations sensibles (60 %); examen dermatologique
– soit en temps réel, soit avec photos après coup (57 %);
et évaluation virtuelle de la démarche, des bras, des jambes et de
la colonne vertébrale (Gait, Arms, Legs and Spine [GALS] adulte
ou pédiatrique [pGALS]) ou autre examen de l’amplitude de
mouvement (48 %).
Comme l’on peut s’y attendre, la télémédecine présente à la
fois des avantages et des inconvénients. En effet, une personne
interrogée a souligné qu’« en l’absence de relation préexistante,
il est probablement plus difficile pour les patients de faire
confiance au professionnel de la santé lorsque la consultation se
fait uniquement par téléphone. De nombreux aspects peuvent
échapper au médecin sans contact visuel d’aucune sorte ». De
même, un autre médecin a mentionné qu’« il est également
difficile d’évaluer les patients dont la langue maternelle n’est
pas l’anglais, car je ne suis jamais sûr qu’ils comprennent mes
questions même en présence d’un membre de la famille jouant
le rôle de traducteur ». Un autre répondant a déclaré que « s’il est
facile de poser des questions et de s’informer des antécédents
de la personne grâce aux services de télésanté, ce n’est cependant
pas le cas avec l’examen physique, essentiel pour compléter
la consultation initiale en rhumatologie ».
D’autre part, il convient également de faire la distinction
entre une consultation par vidéo et un appel téléphonique.
Un médecin a écrit : « Je vois tous mes nouveaux patients par
vidéo si possible (plus de 90 %). J’estime les consultations téléphoniques
beaucoup moins fiables. » D’autres médecins ont
indiqué que les difficultés techniques liées à l’organisation des
appels vidéo avec les patients qui connaissent mal la technologie
constituent un obstacle important. En effet, l’aptitude des
patients à utiliser la technologie constitue une limite, en particulier
dans le cas des appels vidéo. Des obstacles techniques
peuvent aussi s’ajouter, comme une mauvaise connexion Internet.
Enfin, une installation inappropriée, voire l’absence d’intimité
ou le bruit en raison de la présence d’autres personnes dans la maison au moment de la consultation, peuvent poser
problème, tant pour les patients que pour les médecins.
Parmi les autres obstacles mentionnés par les personnes interrogées,
on peut citer le manque de soutien administratif. Par
exemple, l’ajout de nouveaux modes de prise de rendez-vous par
les patients ajoute des variables supplémentaires à un système
déjà éprouvé.
Néanmoins, il convient de souligner l’aspect pratique de la
télémédecine, en particulier pour les patients des zones rurales
pendant les mois d’hiver. Bon nombre de médecins ont indiqué
que leurs patients en suivi étaient très satisfaits des consultations
virtuelles. La grande diversité des réponses et des commentaires
recueillis dans le cadre de ce sondage confirme que
la télémédecine jouera un rôle important dans l’avenir des soins
de santé, bien que son utilisation dépende en fin de compte de
chaque patient, de son état et de sa situation particulière.
Le comité sur la télésanté de la SCR travaille actuellement à
l’élaboration de recommandations concernant les meilleures
pratiques et attend avec impatience de constater les résultats
des multiples efforts d’amélioration de la qualité et de recherche
dans l’évaluation des modèles de soins de télésanté effectués par
les membres de la SCR.
Si vous avez des commentaires supplémentaires pour la SCR,
veuillez contacter Sue Ranta à l’adresse sranta@rheum.ca.
* Le taux de réponse au sondage a été de 130 sur une possibilité de 599,
ce qui équivaut à 22 %. Environ 44 % des personnes interrogées étaient des
rhumatologues travaillant en milieu universitaire et 43 %, des rhumatologues
travaillant en milieu communautaire, dont 24 % entrant dans ces deux
catégories; 14 % des personnes interrogées étaient des rhumatologues
pédiatriques.
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