Hiver 2021 (volume 31, numéro 4)
Portrait de patient : Rob Lackie
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Photo : Seema Marwaha
Je suis Inuit. Je suis né à Happy Valley, à Terre-Neuve-et-Labrador,
la communauté la plus méridionale de notre territoire
ancestral. Ma mère est une survivante des pensionnats.
Lorsque je suis né, le gouvernement canadien l’a jugée inapte à
assumer son rôle de mère (ce qui était faux) et j’ai été placé en
famille d’accueil. Je n’ai rencontré ma mère que lorsque j’étais
dans la mi-trentaine. Je ne savais pas si j’étais enfant unique.
Maintenant je sais que j’ai une petite soeur. J’en étais à ma quatrième
famille d’accueil lorsque j’ai été adopté par une famille
non autochtone de l’Ontario. Voilà à quoi ressemblent des générations
consécutives d’assimilation. Le gouvernement du Canada
a déchiré de nombreuses familles autochtones de cette manière.
J’ai étudié l’administration des affaires et travaillé pour de
grandes banques avant de passer au secteur de l’éducation. Je
voulais avoir un impact plus important sur la vie des gens et ne
pas être un simple pion pour de grandes entreprises. Mon objectif
est d’aider les jeunes autochtones à accéder à l’éducation, de
l’élémentaire aux études postsecondaires. Il est vraiment difficile
pour beaucoup d’entre eux de progresser dans leur éducation
sans disposer des ressources adéquates. J’ai remporté un prix des
Affaires autochtones pour ce travail en 2011.
On m’a diagnostiqué une grave polyarthrite rhumatoïde en
1989 et j’ai subi quinze interventions chirurgicales, la plupart
en rapport avec cette maladie. Ma dernière intervention chirurgicale
majeure remonte à 2018, ce qui me force depuis à me
déplacer en fauteuil roulant électrique.
À l’hôpital, on me demande rarement si je suis autochtone
(beaucoup supposent que je viens des Philippines). Lorsque j’ai
vécu une mauvaise expérience à l’hôpital, je me suis demandé si
mes origines en étaient la raison principale.
Récemment, j’ai été admis dans une unité de traitement des
accidents vasculaires cérébraux parce que j’avais des difficultés
à bouger le côté gauche de mon corps. Je suis sourd de l’oreille
droite et je n’entends que partiellement de l’oreille gauche.
Lorsque j’appuyais sur le bouton d’appel, je ne pouvais pas entendre
la réponse à l’appel. Enfin, la personne qui répondait aux
appels s’est énervée parce que j’avais appelé trop souvent et elle
m’a raccroché au nez quand j’ai enfin réussi à lui parler. Décourager
les gens de demander de l’aide lorsqu’ils sont malades leur
porte atteinte.
Un médecin en formation a arrêté brusquement mon traitement
antidouleur sans me demander mon avis, ni celui du
médecin à l’admission, ni même de mon médecin de famille.
J’avais tellement mal à cause de l’arrêt soudain du traitement
que je n’ai pas pu sortir du lit. Ce n’est pas parce que je suis
autochtone que je pourrais devenir dépendant des médicaments
antidouleur. Toute culture et toute race est exposée à un risque
de dépendance qui est similaire.
J’ai fait part de ma douleur sur les médias sociaux et d’éminents
défenseurs de la communauté sont intervenus. Il est regrettable
que les Autochtones aient besoin de l’intervention de
défenseurs pour améliorer leurs soins de santé. Nous ne savons
pas si c’est simplement la façon dont le système fonctionne ou
si nous sommes étiquetés, victimes de préjugés et racialisés par
ce système. Quoi qu’il en soit, c’est profondément injuste et le
système doit être corrigé maintenant.
Reproduit avec l’autorisation du JAMC. Août 2021. Tous droits réservés.
Article traduit par la SCR, non révisé par le JAMC.
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