Été 2021 (volume 31, numéro 2)
Le Grand débat (virtuel) : Qu’il soit résolu que
la télémédecine donne aux rhumatologues la
possibilité de fournir d’excellents soins aux patients
atteints de maladies rhumatismales auto-immunes
Par Alexandra Saltman, B.A. (Hons), M.D., FRCPC, au nom de Volodko Bakowsky, M.D., FRCPC; Tommy Gerschman,
M.D., M. Sc., FRCPC; Jocelyne Murdoch, ergothérapeute (Ont.), ACPAC; et Brent Ohata, M.D., C.M., FRCPC
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La réunion de cette année de la SCR a été l’une de nombreuses
premières, puisque des rhumatologues de tout le
pays ont adopté la technologie pour participer à la réunion
de manière virtuelle, permettant à tous de rester en sécurité en
temps de pandémie mondiale.
La tradition annuelle du grand débat n’a pas fait exception
à la règle, concluant la réunion de cette année par une heure
d’arguments et de bonnes vieilles joutes orales, le tout dans la
bonne humeur!
Cette année, la résolution était opportune : « Qu’il soit résolu
que la télémédecine donne aux rhumatologues la possibilité de
fournir d’excellents soins aux patients atteints de maladies rhumatismales
auto-immunes. »
Les Drs Tommy Gerschman et Alexandra Saltman, en faveur
de la résolution, ont affirmé que « la télémédecine est une excellente
modalité de soins aux patients dans un tout nouvel emballage...
un emballage axé sur le patient ». Ils ont rappelé au public
que la télémédecine peut englober de nombreux domaines,
notamment les visites virtuelles par vidéo ou téléphone; l’utilisation
d’un portail en ligne pour échanger des renseignements,
enregistrer des mesures ou coordonner les soins; et l’emploi de
rappels par courriel ou message texte.
Ils ont également fait valoir que la télérhumatologie est un
moyen pour les rhumatologues de fournir des soins accessibles et
axés sur les patients, ce qui permet à ces derniers d’accéder aux
soins depuis des régions éloignées ou rurales, en plus d’améliorer
l’accès aux soins pour les patients confinés chez eux. Par ailleurs,
ils ont présenté des données sur la satisfaction des patients à
l’égard des modèles de soins virtuels, avant et pendant la pandémie,
ainsi que des données préliminaires donnant à penser que la
qualité des soins offerts patients atteints d’arthrite inflammatoire
est aussi bonne en mode virtuel qu’en personne.
Ils ont également fait valoir que la rhumatologie à distance est
rentable, car elle permet aux patients, aux prestataires de soins
et au système de santé d’économiser les frais de déplacement
et de stationnement, les pertes de temps et de revenus dues au
taux élevé d’absences aux rendez-vous et les congés à prendre
par les patients et les membres de la famille pour se rendre à des
rendez-vous en personne.
Ils ont ajouté que la télérhumatologie offrait des possibilités
de modèles de soins collaboratifs et novateurs par la collaboration
avec d’autres disciplines au sein de l’environnement familial
du patient, afin de joindre les patients là où ils se trouvent et
de fournir des soins de grande valeur.
Le Dr Brent Ohata et Jocelyne Murdoch, ergothérapeute en pratique
avancée, se sont opposés à la résolution en affirmant que
les rhumatologues ne sont pas prêts à adopter la technologie du
21e siècle et que la télérhumatologie a été entachée de gaffes et
de bévues de la part des patients et des professionnels de la santé.
Ils ont affirmé que la prestation appropriée de soins virtuels
nécessite une formation, des connaissances spécialisées, un équipement
particulier et une préparation de la part du patient et du
rhumatologue – rien de tout cela n’étant suffisamment disponible
ou accessible dans l’environnement actuel, malgré le passage à de
nombreuses visites virtuelles pendant la pandémie de COVID-19.
Ils ont ensuite cité des données montrant une faible utilisation
des soins virtuels parmi les collègues rhumatologues dans
l’ensemble du pays, une préférence pour le téléphone (47 %) par
rapport à la vidéo (19 %) et un manque de soutien technique
pour les personnes qui participent à ce type de soins.
En outre, ils ont fait valoir que la télérhumatologie exacerbe
les inégalités en matière de soins entre les nantis et les démunis
de la technologie et ont évoqué l’effrayante menace des diagnostics
manqués ou retardés en raison des limites associées
aux examens physiques virtuels.
Les réfutations et les résumés étaient remplis de contrearguments
solides, chaque équipe de débat retournant les
expériences personnelles et professionnelles de ses adversaires
contre eux (mais tout cela en s’amusant!).
Le débat s'est « virtuellement » soldé par une égalité, mais
l’équipe en faveur de la résolution a fini par remporter une victoire
serrée (aidée, peut-être, par l’absence de problèmes technologiques
au milieu du débat!), le public ayant voté à 53 % en
faveur de la résolution et à 47 % contre cette dernière. Ces résultats
indiquent peut-être que, même si nos collègues démontrent
un enthousiasme certain à l’égard des soins virtuels, nous avons
encore du travail à faire pour optimiser la télérhumatologie pour
les patients et les professionnels de la santé – et c'est le moment
de le faire, puisque les soins virtuels sont là pour rester.
La Société canadienne de rhumatologie a récemment publié
un énoncé de position sur les soins virtuels (télérhumatologie).
Cet énoncé reconnaît qu’il s’agit d’une occasion unique pour
notre profession, alors que nous pouvons, de manière responsable,
chercher à élargir et à mieux comprendre le rôle que peut
jouer la télérhumatologie dans les futurs soins à nos patients.
Alexandra Saltman, B.A. (Hons), M.D., FRCPC
Rhumatologue, Hôpital Mount Sinai
Médecin en soins palliatifs,
Hôpital Princess Margaret
Réseau universitaire de santé
Toronto (Ontario)
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