Automne 2021 (volume 31, numéro 3)
Relever les défis, saisir les occasions,
susciter le changement
Par Grace C. Wright, M.D., Ph. D., FACR
Télécharger la version PDF
En 1983, lors de ma première
année d’études
de médecine, j’ai intégré
une classe d’étudiants
enthousiastes sans savoir
encore que c’était le point
de départ d’un parcours de
combat pour l’inclusion et
la diversité en rhumatologie
et en médecine. Je vivais à
New York dans un creuset de
cultures, de cuisines, de langues,
de religions, d’ethnies
et de races diverses... J’étais
pourtant la seule femme noire de la promotion. La seule étudiante
« étrangère ». La première titulaire d’un doctorat en médecine de ma
catégorie, dont j’étais la seule représentante. On peut le considérer
comme une grande réussite personnelle, mais c’est aussi un miroir
de l’inégalité en matière d’inclusion et de la représentation limitée
des minorités, en particulier des femmes, non seulement en rhumatologie,
mais aussi en médecine et dans d’autres secteurs.
Les défis et les obstacles socio-économiques auxquels sont
confrontées les personnes issues de communautés sous-représentées
lorsqu’elles cherchent des possibilités ou des services, lorsqu’elles
y accèdent ou y parviennent, ont entraîné des siècles d’inégalités
encore palpables aujourd’hui, malgré une sensibilisation sociale
accrue et les mouvements prônant l’inclusion et l’égalité. Dans
une enquête menée en 2018 par l’Association of American Medical
Colleges (AAMC), 56 % des médecins en activité aux États-Unis
s’identifiaient comme blancs, contre 5 % qui s’identifiaient comme
noirs ou afro-américains1. Il est intéressant de constater qu’en 2019,
les données démographiques des étudiants en médecine montrent
que, si la plupart d’entre eux se déclaraient blancs (47 %), la proportion
d’étudiants déclarant appartenir à d’autres minorités raciales/
ethniques a augmenté2, indiquant une diversification des effectifs
du domaine médical. En fait, parmi les jeunes médecins, les femmes
sont plus nombreuses à se déclarer non blanches que ne le sont leurs
homologues masculins à se déclarer non blancs3.
En dix ans, on a constaté un changement du sexe dominant en
rhumatologie (et en médecine en général). Un nombre croissant
de femmes prodiguant des soins de santé travaillent dans des
cabinets communautaires et en milieu universitaire4; en 2025,
56 % des rhumatologues adultes devraient être des femmes. Cette
situation tranche avec le petit nombre de femmes qui occupent
des postes de direction, tels que professeures agrégées ou titulaires,
cheffes de service de rhumatologie, rédactrices en chef de
revues universitaires, bénéficiaires de subventions de recherche et
de subventions fédérales, etc.5-7. De plus, on estime que les rhumatologues
femmes gagnent moins que leurs homologues masculins.
Elles touchent des salaires inférieurs, passent plus de temps que
leurs homologues masculins auprès de leurs patients (voient donc
moins de patients par jour) et ont des heures de travail réduites en
raison d’exigences familiales ou du mode de vie8.
En tant que professionnels de la santé, nous sommes conscients
des profondes inégalités qui existent dans le domaine des soins de
santé et de leurs conséquences sur les patients et sur les coûts des
soins de santé. Cependant, ces disparités, ces défis et ces frustrations
sont également des occasions de mettre en oeuvre des initiatives
qui encouragent les femmes et les groupes sous-représentés
à progresser dans le domaine de la médecine, et de leur donner
les mêmes possibilités d’avancement professionnel. L’Association
of Women in Rheumatology (AWIR) s’inscrit dans ce type d’initiatives.
Elle se consacre à l’amélioration de l’équité, de la diversité
et de l’inclusion en rhumatologie9.
Grace C. Wright, M.D., Ph. D., FACR
Présidente et PDG, Grace C Wright MD PC
Présidente, Association of Women in Rheumatology
New York (New York)
Références :
1. AAMC. Diversity in Medicine: Facts and Figures 2019. Disponible à l’adresse suivante : https://www.aamc.org/data-reports.
Consulté le 29 juillet 2021.
2. AAMC. Undergraduate Medical Education Data. Disponible à l’adresse suivante : https://www.aamc.org/data-reports.
Consultées le 30 juillet 2021.
3. AAMC. US Physician Workforce. Disponible à l’adresse suivante : https://www.aamc.org/data-reports.
Accessed Consulté le 20 juillet 2021.
4. Battafarano DF, Ditmyer M, Bolster MB, et al. 2015 American College of Rheumatology Workforce
Study: Supply and Demand Projections of Adult Rheumatology Workforce, 2015-2030. Arthritis
Care Res (Hoboken). Avril 2018; 70(4):617-626.
5. Jorge A, Bolster M, Fu X, et al. The Association Between Physician Gender and Career Advancement
Among Academic Rheumatologists in the United States. Arthritis Rheumatol. Janvier 2021; 73(1):168-172.
doi: 10.1002/art.41492. E-pub 8 novembre 2020.
6. Mayer AP, Blair JE, Ko MG, et al. Gender distribution of U.S. medical school faculty by academic
track type. Acad Med. Février 2014; 89(2):312-7.
7. Bagga E, Stewart S, Gamble GD, et al. Representation of Women as Authors of Rheumatology
Research Articles. Arthritis Rheumatol. Janvier 2021; 73(1):162-167.
8. The Rheumatologist. Rheumatology & The Gender Pay Gap. Disponible à l’adresse suivante : https://www.the-rheumatologist.
org/article/rheumatology-gender-pay-gap/?singlepage=1.
Consulté le 29 juillet 2021.
9. Association of Women in Rheumatology. Disponible à l’adresse suivante : https://awirgroup.org.
Consulté le 29 juillet 2021.
|