Automne 2021 (volume 31, numéro 3)
Prix du chercheur émergent 2021 de la SCR : Dr Zahi Touma (Prix du chercheur émergent)
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Vous menez des recherches sur des patients
atteints de la maladie du lupus érythémateux
disséminé (LED) et la métrologie, en
cherchant plus particulièrement à évaluer
l’activité de la maladie, les résultats signalés
par les patients et la fonction cognitive.
L’une de vos plus importantes contributions
a été le développement des indices
d’activité de la maladie du LED – le SLEDAI
Responder Index-50 (S2KRI-50) et le SLEDAI-2K
Glucocorticoids Index (SLEDAI-2KG). Pouvezvous
nous en dire plus sur votre travail et
le développement de ces indices d’activité
de la maladie du LED?
Mon travail englobe la clinique, la recherche,
l’enseignement et d’autres tâches administratives.
Le développement d’un nouvel instrument est toujours
passionnant. La première étape consiste à comprendre pourquoi
vous avez besoin d’un nouvel instrument et à bien comprendre ce
qui doit être mesuré et chez qui, en plus de son avantage pour la
rhumatologie.
Chacun de ces instruments apporte un nouveau concept dans
la manière d’évaluer l’activité de la maladie : le S2KRI-50 est axé
sur la mesure d’une amélioration supérieure ou égale 50 % de
l’activité de la maladie au fil du temps, tandis que le SLEDAI-2KG
mesure l’activité de la maladie tout en tenant compte du dosage
de la prednisone.
Un autre axe majeur de votre recherche est l’évaluation des
troubles cognitifs chez les patients atteints de la maladie du LED.
Vous avez créé le programme NeuroLupus dans le but de créer de
meilleures méthodes d’identification des troubles cognitifs dans le
LED et de comprendre leur évolution dans le temps et leurs effets
sur la qualité de vie liée à la santé et la productivité.
Pourquoi la création de ce programme était-elle si importante
et qu’avez-vous appris jusqu’à présent?
Il existe un besoin non comblé d’améliorer et de normaliser la
façon dont nous mesurons et définissons les troubles cognitifs
dans le LED en milieu ambulatoire. Les troubles cognitifs sont très
répandus chez les patients atteints de LED, comme nous l’avons
montré dans notre récente revue documentaire systématique. Plus
récemment, nous avons souligné le manque de concordance entre
les études sur les essais utilisés pour mesurer les troubles cognitifs
et la manière dont ils sont définis. Les mesures des troubles cognitifs
actuellement disponibles sont associées à des contraintes de
temps et de coût. Notre travail met en relief les nouveaux instruments
qui peuvent faciliter l’évaluation de la fonction cognitive.
Nos projets sont axés sur la définition de différents phénotypes
cognitifs associés au LED, l’étude du rôle des images cérébrales
par IRM fonctionnelle dans l’évaluation cognitive et le rôle des
biomarqueurs.
Après avoir publié 117 manuscrits évalués
par des pairs et plusieurs chapitres de livres,
vous avez récemment édité le livre Outcome
Measures and Metrics in SLE qui a été publié en
août 2021. Quelle a été votre expérience en
tant qu’éditeur de ce livre?
Ce fut un processus très exigeant et laborieux,
mais aussi très gratifiant. L’élaboration
du thème principal du livre, des chapitres, de
l’invitation des auteurs, de l’édition, de la correction
d’épreuves et enfin de la publication
du matériel exige beaucoup de travail.
Y a-t-il d’autres domaines d’intérêt que vous
voudriez approfondir un jour? Quels projets
allez-vous entreprendre cette année?
Actuellement, je me concentre sur un projet majeur lié au groupe
de travail OMERACT SLE. Nous avons mis en place un vaste
groupe international de lupologues, de scientifiques, de patients
et d’autres parties prenantes, afin de réexaminer les domaines et
les instruments utilisés dans l’évaluation du LED.
Quels moments forts avez-vous vécus jusqu’à
maintenant dans votre carrière? Quels défis avez-vous
dû surmonter? Quels moyens avez-vous dû prendre?
La vie d’un scientifique comporte une foule de défis et de réalisations,
et vous devez vous en tenir à la science. En définitive, l’objectif
d’améliorer la qualité de vie des patients est la récompense.
Seuls la persévérance, l’acharnement et le temps vous permettront
d’atteindre vos objectifs.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier
à ce jour dans vos recherches?
Tout joue un rôle égal dans mes accomplissements et, actuellement,
ma plus grande joie serait d’encadrer mes étudiants pour
qu’ils s’épanouissent dans leur carrière.
Quelle a été votre première pensée lorsque vous
avez appris que vous remportiez ce prix?
Je suis honoré que mes pairs reconnaissent mes efforts et me remettent
ce prix prestigieux.
Quel conseil donneriez-vous aux personnes
qui désirent se spécialiser en rhumatologie et
poursuivre une carrière en recherche?
Toute personne souhaitant se spécialiser en rhumatologie doit
comprendre à quel point il est gratifiant d’aider les patients
et d’améliorer leur vie. Pour les personnes qui poursuivent des
recherches, il est satisfaisant de savoir que vous contribuerez
à l’avancement des connaissances, ce qui exige beaucoup de
dévouement.
Si vous ne meniez pas une carrière en recherche, que feriez-vous?
J’aime le travail clinique et j’y aurais consacré tout mon temps.
Si vos journées comptaient une heure de plus,
comment l’utiliseriez-vous?
Étant très artistique, j’aime de passer du temps à peindre.
Si vous ne deviez manger qu’un seul aliment
jusqu’à la fin de vos jours, lequel serait-ce?
J’aime la cuisine italienne et je me régalerais de divers plats de
pâtes et de légumes frais.
Combien de tasses de café vous faut-il pour
avoir une journée productive?
Une seule me suffit.
Zahi Touma, M.D., Ph. D., FACP, FACR
Rhumatologue,
Professeur agrégé de médecine, Division de rhumatologie
Faculté de médecine, Université de Toronto
Clinicien-chercheur, Schroeder Arthritis Institute,
Institut de recherche Krembil,
Toronto (Ontario)
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