Automne 2021 (volume 31, numéro 3)
Plafonds de verre, préjugés inconscients,
syndrome de l’imposteur et effet Matilda
Par Janet Pope, M.D., maîtrise en santé publique, FRCPC
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Le thème de ce numéro du Journal de la
Société canadienne de rhumatologie est important
: équité, diversité et inclusion.
Au cours de ma carrière, j’ai été témoin
de légères différences de « traitement » de
collègues et de patients considérés peut-être
comme une minorité en raison de diverses
caractéristiques (sexe, identification de
genre, identité ethnique, croyances, etc.). Ces
différences sont souvent subtiles – omettre
d’inclure une personne ou de lui témoigner
de la reconnaissance pour son seul mérite,
ou instituer un « plafond de verre » à cause
duquel, dans le milieu universitaire mais pas
seulement, moins de femmes sont nommées à
des postes de haute direction qu’il n’en existe
dans des institutions telles que les hôpitaux
et les universités. Les raisons de cette déperdition sont subtiles,
mais l’insuffisance de mentorat et certains préjugés, entre autres,
peuvent amener les femmes à ne pas présenter leur candidature
à ces fonctions.
Il existe en science un phénomène appelé l’effet Matilda. Il
s’agit d’un parti pris contre la reconnaissance des réalisations des
femmes, dont le mérite est alors attribué à leurs collègues masculins.
Cet effet tient son nom de Matilda Gage, suffragette qui a
écrit sur la question des hommes qui s’approprient le mérite du
travail de leurs paires et, j’ajoute, sur l’inégalité de crédit accordé
aux hommes et aux femmes à réalisations égales, les premiers recevant
plus d’éloges que les secondes. Cet effet peut faire naître des
incertitudes concernant les talents des femmes qui réussissent
et entraîner une baisse de productivité/reconnaissance au fil du
temps. Les femmes, plus que les hommes, peuvent également souffrir
du syndrome de l’imposteur, qui consiste à douter de ses capacités
et à ressentir un sentiment d’imposture. Ce syndrome touche
de manière disproportionnée les personnes très performantes, qui
ont du mal à accepter leurs réalisations. Valerie Young a divisé
le syndrome de l’imposteur en différentes catégories : perfectionniste,
superfemme/surhomme, génie, solitaire et expert. Vous vous
reconnaîtrez peut-être dans l’une de ces catégories.
Nous avons tous des préjugés et nous devons en être conscients.
Nous sommes conscients de certains préjugés évidents (manifestes),
mais nous avons tous aussi des préjugés inconscients,
c’est-à-dire le fait de croire à des stéréotypes sur certains groupes
de personnes sans même nous en rendre compte. Ces préjugés
conduisent à une discrimination involontaire et à une diminution
de la diversité des points de vue ou des possibilités qui étouffe
les idées. En général, la multiplication des points de vue élargit
les possibilités et favorise l’innovation. Les hommes comme les
femmes ont des préjugés. Je vous pose l’énigme suivante : un enfant
et son père sont amenés au service d’urgence d’un hôpital
rural après un accident de voiture. Tous deux
sont inconscients, puis l’enfant est opéré par
son parent. On est tenté de résoudre l’énigme
en disant que le père est chirurgien, qu’il a
repris conscience et a opéré son enfant, car
aucun autre chirurgien n’était présent. Mais
il existe une autre solution. (Le chirurgien
est sa mère, si vous n’aviez pas deviné). Les
hommes et les femmes, médecins compris,
sont tout aussi susceptibles d’avoir ce préjugé
inconscient. Je vous invite à tester vos préjugés
inconscients. Ils permettent de mieux « se
connaître soi-même ».
Ainsi, à partir de fin 2021, que devons-nous
faire, en tant que membre de la communauté
des rhumatologues et à titre personnel? Faire
ces tests de préjugés inconscients. Ils sont
gratuits, valides et vous renseigneront sur vos zones aveugles.
Soyez conscient des décisions que vous prenez et diversifiez délibérément
votre personnel clinique, vos équipes de recherche, etc.
Mobilisez-vous pour aider les patients marginalisés à bénéficier
des soins dont ils ont besoin et facilitez leur accès à d’autres professionnels
(travailleurs sociaux, personnel infirmier, professionnels
paramédicaux, agents de traitement de cas); entraînez-vous
à donner un retour positif mais critique et à accueillir les éloges
que vous adressent les personnes qui vous entourent. Cette attitude
fera de nous de meilleurs prestataires de soins et de meilleures
personnes.
Janet Pope, M.D., maîtrise en santé publique, FRCPC
Professeure de médecine, chef de division,
Division de rhumatologie, Département de médecine,
St. Joseph's Health Care, Université Western,
London (Ontario)
Lectures recommandées :
Plafond de verre. Wikipedia. Disponible à l'adresse suivante : https://fr.wikipedia.org/
wiki/Plafond_de_verre.
Mise à jour en juin 2021. Page consultée en août 2021.
Effet Matilda. Wikipedia. Disponible à l'adresse suivante : https://fr.wikipedia.org/wiki/
Effet_Matilda.
Page consultée en août 2021.
Matilda Gage. Wikipedia. Disponible à l’adresse suivante : https://en.wikipedia.org/wiki/Matilda_Joslyn_Gage. Page consultée en août 2021.
Syndrome de l’imposteur. Hbr.org. Disponible à l'adresse suivante : https://hbr.org/2008/05/overcoming-imposter-
syndrome.
Mise à jour en mai 2008.
Page consultée en août 2021.
Impostersyndrome.com (vidéo). Disponible à l'adresse suivante : https://impostorsyndrome.com.
Page consultée en août 2021.
UPréjugés inconscients. Vanderbilt.edu. Disponible à l'adresse suivante : https://www.vanderbilt.edu/diversity/unconscious-bias/.
Page consultée en août 2021.
Tests sur les préjugés inconscients. Harvard.edu. Disponible à l'adresse suivante : https://implicit.harvard.edu/implicit/canada/takeatest.html.
Page consultée en août 2021.
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