Automne 2021 (volume 31, numéro 3)
Apprendre à chercher une aiguille
dans une botte de foin : Bourse de recherche en génomique avancée
pour les maladies rares
Par Jason W. An, M.D., M. Sc., FRCPC
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Cinquante. C’est le nombre de nouvelles
maladies auto-inflammatoires découvertes
au cours de la dernière décennie.
L’invention et le développement rapide
des technologies de séquençage génomique
ont révolutionné notre capacité à établir des
diagnostics moléculaires et marqué le début
d’une nouvelle ère : celle de la médecine de
précision en rhumatologie.
Avec l’introduction du programme Genomewide
Sequencing Ontario (GSO) en avril 2021,
les tests génétiques qui étaient auparavant
envoyés à l’étranger peuvent désormais être
exécutés localement dans la province. Au
fur et à mesure que les études génétiques se
multiplient, nous devons, en tant
que rhumatologues, être prêts à répondre
à des questions complexes.
Les collègues orienteurs pourraient
poser la question suivante : « À
quoi est dû ce variant hétérozygote
de signification incertaine dans le gène MEFV chez mon patient
présentant des fièvres inexpliquées? » De leur côté, nos patients
pourraient demander : « Est-ce que ce variant pathogène dans le
gène TNFRSF1A signifie que je suis atteint du syndrome de fièvre
récurrente lié au récepteur du facteur de nécrose tumorale, et quels
sont les risques que mes enfants développent une maladie inflammatoire?
» Nous devrons lire les rapports génétiques qui décrivent
les fréquences du variant dans une population, sa conservation
ainsi que les scores de prédiction in silico, et les interpréter pour
prendre en charge les patients. Comment décrypter toutes ces
informations que nous n’avons jamais abordées à la faculté de
médecine ou en internat? Comment suivre le rythme des avancées
rapides accomplies en immunologie et en génétique?
En 2019, le département de génétique clinique et métabolique
de l’Hôpital SickKids a lancé la Bourse de recherche en médecine
génomique avancée dans les maladies rares. Financée par Canadian
Gene Cure Advanced Therapies for Rare Disease (Can-GARD), cette
bourse avait deux objectifs : tout d’abord promouvoir l’éducation et
les connaissances en génétique dans tous les domaines médicaux et
ensuite, donner aux spécialistes nouvellement diplômés les moyens
de prendre en charge efficacement, dans leur propre spécialité, les
patients atteints de maladies génétiques rares.
En tant que rhumatologue qui s’intéresse aux maladies inflammatoires
d’origine génétique, j’ai eu la chance de suivre ce programme
unique sur les maladies rares et d’en obtenir le diplôme. En participant
à des études cliniques sur les enfants et les adultes dans les domaines
de la génétique, de la métabolomique,
de l’auto-inflammation et de l’immunologie,
j’ai appris des méthodes d’investigation des
troubles génétiques complexes. La formation
que j’ai suivie en laboratoire moléculaire m’a
appris les subtilités de l’analyse des données
génomiques. Tout comme il est important de
savoir si les anticorps antinucléaires ont été
dosés par immunofluorescence ou essai immuno-
enzymatique (ELISA), il est important
de comprendre les différentes technologies de
séquençage génétique, ainsi que leurs points
forts et leurs limites, pour pouvoir interpréter
les résultats, conseiller les patients et informer
la direction. L'expression, « chercher une
aiguille dans une botte de foin »
illustre parfaitement la nature de
la médecine spécialisée dans les
maladies rares.
La bourse de recherche sur les
maladies rares m’a ouvert les yeux
et a mis en évidence le décalage entre l’importance que revêtiront
les connaissances en génétique dans nos pratiques futures et le
manque d’enseignement de la génétique dans nos programmes de
résidence actuels. Comme les tests génétiques continuent de se
développer rapidement et s’intègrent de plus en plus dans la pratique
de la rhumatologie, nous devrons mettre davantage l’accent
sur l’enseignement de la génétique à tous les niveaux, de l’école
de médecine aux formations complémentaires de médecin associé.
Les compétences que j’ai acquises dans le cadre de cette bourse
de recherche seront en effet importantes pour moi en tant que
nouveau rhumatologue à l’hôpital St. Michael's de Toronto. Grâce
au mentorat continu du Dr Ron Laxer et aux collaborations avec
l’équipe de recherche en rhumatologie-génétique de l’Hôpital Sick
Kids, nous avons pour objectif d’établir une clinique pour l’investigation
et la prise en charge des patients adultes atteints de fièvres
récurrentes et d’inflammation systémique indifférenciée.
L’époque où chaque syndrome de fièvre récurrente était qualifié
de fièvre méditerranéenne familiale (FMF) ou de « FMF atypique »
est révolue. À mesure que nous trouvons de nouvelles aiguilles
dans les bottes de foin, nous pourrions nous rendre compte que
les 50 maladies monogéniques découvertes au cours de la dernière
décennie ne sont peut-être que la partie émergée de l’iceberg.
Jason W. An, M.D., M. Sc., FRCPC
Rhumatologue,
Hôpital St. Michael’s, Toronto (Ontario)
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