Automne 2021 (volume 31, numéro 3)
Surmonter les obstacles supplémentaires
liés à la formation
Par Anwar Albasri, BMBCh, FRCPC
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L’acceptation dans une formation au Canada
était un rêve qui est devenu réalité pour moi.
Les médecins koweïtiens que j’avais rencontrés
et qui avaient été diplômés de programmes canadiens
me semblaient posséder un ensemble de
compétences exceptionnelles. Je voulais découvrir
leurs secrets. Ma passion m’a suffi pour atténuer
momentanément certains des nombreux obstacles
que les diplômés internationaux en médecine
(DIM) rencontrent en cours de route. Je les vois
comme des obstacles parce que j’ai pu les surmonter.
J’en ai surmonté certains difficilement, d’autres
plus facilement, mais dans tous les cas j’ai eu besoin de beaucoup
d’aide. Je tiens à préciser que je n’ai pas rencontré tous les obstacles
importants que j’énumère en même temps.
1. Obstacle linguistique : L’anglais n’étant pas ma première
langue et maîtrisant mal la culture canadienne, il est certain
qu’au début, mes relations avec les patients n’étaient pas très
harmonieuses. J’ai dû consacrer des heures supplémentaires à la
révision de mes notes cliniques après les heures de travail. C’était
très décourageant. Avec le temps, le fait d’avoir un personnel et
des collègues qui ne portent pas de jugement et qui m’expliquent
les choses avec bienveillance m’a aidé à surmonter cet obstacle.
2. Identité religieuse : En tant que musulmane pratiquante
portant le hijab, j’étais très visible. Des patients et des médecins
évoquaient parfois de manière inappropriée ma foi et mon hijab,
ou ils posaient des questions telles que celle de savoir si ma religion
m’autorisait à examiner des patients masculins. Je doute
qu’on pose de telles questions à des personnes appartenant à
d’autres groupes religieux. Bien que je sois très sociable, j’étais
nerveuse à l’idée de participer à des événements sociaux avec
des collègues de travail où l’on pourrait me proposer de l’alcool
à répétition. Par conséquent, j’ai raté des occasions d’établir des
liens avec des experts en rhumatologie. De petites attentions,
comme le fait de retarder de quelques heures
un dîner collectif pour que je puisse manger
avec le reste de l’équipe pendant le ramadan,
ont fait une énorme impression sur moi, m’ont
aidé à surmonter cette anxiété et m’ont donné
un sentiment d’appartenance.
3. Maternité : La maternité ne devrait pas être
un obstacle, mais malheureusement, elle en est
souvent. Pendant mon programme de recherche,
j’avais deux enfants de moins de cinq ans et un
mari qui travaillait sur un autre continent. Il
n’était pas facile d’être une mère et une résidente qui « s’efforçait de
tout faire ». J’ai dû planifier les choses, répartir les tâches et ravaler
ma fierté en demandant de l’aide quand j’en avais besoin. Les fois
où je n’ai pas pu concilier la maternité et l’internat, la maternité
a eu préséance. Je suis reconnaissante que mon programme m’ait
donné du temps libre quand j’en avais besoin. Cependant, je me
demande souvent si j’aurais mieux réussi, notamment sur le plan
scolaire, si j’avais eu une aide plus importante ou différente.
Chacun d’entre nous doit surmonter des obstacles différents
pendant l’internat, au-delà de l’aspect clinique. La gentillesse et
la compassion dont nous faisons preuve les uns envers les autres
sont tout aussi importantes que celles dont nous faisons preuve
envers les patients. Les paroles et les gestes des membres de mon
programme, comme le fait de me dire qu’ils m’épaulaient, où que
ma carrière me mène dans le monde, ne sont qu’un exemple parmi
d’autres du sentiment d’appartenance qu’ils m’ont donné. La
bienveillance est simple à démontrer, et la plupart des obstacles
peuvent être surmontés avec l’aide adéquate; le problème consiste
souvent à reconnaître les obstacles pour lesquels les résidents ont
besoin d’aide.
Anwar Albasri, BMBCh, FRCPC
Rhumatologue,
Toronto (Ontario)
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