Printemps 2020 (Volume 30, numéro 1)
Assemblée 2019
de l’ACR à Atlanta
Par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
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« Je défie quiconque qui va à Atlanta de ne pas passer un bon moment. »
– Brian Tyree Henry (acteur et star de la série « Atlanta »)
La dernière fois que l’American College of Rheumatology (ACR) a tenu son assemblée
scientifique annuelle à Atlanta, c’était en 2010. L’ACR ayant son siège social
à Atlanta, j’ai été étonné d’apprendre que l’assemblée n’est pas tenue plus souvent
dans cette ville. Je n’ai pu assister à l’édition 2010, car j’étais en voyage de formation
médicale continue en Chine. Cependant, à mon retour, alors que je faisais la queue
à la douane de l’aéroport Pearson de Toronto, j’ai remarqué que des douzaines de
personnes qui se trouvaient dans la file d’attente m’étaient familières. Ces personnes
revenaient toutes de l’assemblée 2010 de l’ACR; j’ai donc eu droit à un cours accéléré
sur les faits saillants de l’événement pendant que nous attendions.
Même si j'avais déjà transité par l’aéroport d’Atlanta, je n’avais
jamais visité cette ville. En plus d'assister à l’assemblée au Georgia
World Congress Centre, j’espérais voir certaines attractions de la ville,
dont les sièges sociaux du réseau CNN et de Coca-Cola, ainsi que le
temple de la renommée du football universitaire Chik-Fil-A (CCFHF).
Malgré la récente controverse entourant l’ouverture d’un restaurant
Chik-Fil-A à Toronto, la Société canadienne de rhumatologie (SCR) a
décidé de tenir la Soirée du Canada au CCFHF et la combinaison collègues,
nourriture, vin et exposition s’est révélée gagnante.
La plupart de mes autres projets touristiques sont toutefois partis
en fumée, car le programme de l’assemblée était très chargé. L’assemblée
est non seulement une activité de valeur en soi (plus de 15 000
participants et près de 11 000 participants scientifiques de 103 pays,
des milliers d’affiches, une centaine de présentations orales et de
nombreux exposés très intéressants), mais elle offre en plus l’occasion
de tenir en coulisse toutes sortes d’autres rencontres avec des collègues
de partout au Canada et du monde entier.
L’application de l’assemblée de l'ACR s’est révélée très utile pour ceux qui tentaient
d’organiser leur horaire. Je me suis aussi inscrit à des tournées d’affiches quotidiennes,
au cours desquelles on présentait les points de vue d’un expert sur des études clés portant
sur divers domaines pathologiques. Je me suis intéressé plus particulièrement à
la polyarthrite rhumatoïde (PR), participant à une discussion en petit groupe avec des
chefs de file du domaine, comme le Dr Jonathan Kay et le Pr Iain McInnes. Je tiens à
saluer vivement les efforts déployés par l’ACR pour rendre l’apprentissage plus agréable
et interactif, notamment grâce aux activités « ACR Knowledge Bowl » (le trophée ayant été
remporté par le champion en titre « Neutrophil Nets », soutenu par des supporteurs très
bruyants), « The Great Debate » et « Thieves Markets ». Le grand débat cette année portait
sur les anabolisants : ces agents sont-ils appropriés ou non dans le traitement de
première intention de l’ostéoporose induite par les glucocorticoïdes? Ce débat tombait
à point nommé, étant donné l’approbation récente du romosozumab au Canada et
aux États-Unis et l’approbation, en 2017, de l’abaloparitide aux États-Unis, lequel s’est
ajouté au tériparatide depuis longtemps offert sur le marché. Parmi les nouveautés à
l’assemblée, mentionnons un segment intitulé « Daily Digest », une séance de récapitulation
ayant pour but de présenter une synthèse des principaux résultats des multiples
séances tenues simultanément durant la journée. Joe Craft, David Isenberg, Cornelia
Weyand, Peter Merkel, Marian Hannan et Gregg Silverman figuraient sur la liste des
conférenciers bien connus pour ce segment. J’ai également apprécié les discussions
de type TED durant le segment « In the Rheum » avec Ian McInnes, John Stone et Liz
Lightstone. Le thème de la réduction de l’utilisation des stéroïdes dans le traitement de la PR, du lupus et
de la vascularite a
suscité de l’intérêt, et
cette option semble
aujourd'hui plus réalisable
grâce aux
progrès thérapeutiques.
Le programme
prévoyait aussi une
séance quotidienne
« #ACR19 Tweet Up »
présentant les points
de vue de divers participants
sur des sujets
et des études clés.
La rétrospective de
l’année, qui marquait
le coup d’envoi de
l’assemblée, était un
incontournable, tout
comme le résumé
de fin d’assemblée
présenté par Jack Cush et Artie Kavanagh. Les deux ont dit souhaiter
moins de présentations sur la fibromyalgie (ne voulant pas
dépeindre les rhumatologues comme les experts en la matière)
et sur la surveillance du traitement médicamenteux par hydroxychloroquine.
Les nouvelles lignes directrices de l'ACR sur la
goutte, l’arthrose de la hanche, du genou et des mains, la vascularite
des gros vaisseaux (maladie de Horton, polyartérite noueuse,
maladie de Takayasu) et la vascularite associée aux anticorps
anti-cytoplasme des neutrophiles (ANCA) ont été présentées.
Les lignes directrices sur la goutte préconisent l’adoption d’une
approche de traitement visant l’atteinte d’un objectif précis plutôt
que de l’approche de traitement visant la maîtrise des symptômes,
privilégiée par d’autres organismes. Dans le cas de l’arthrose,
l’expression « non pharmacologique » est en voie de disparaître,
remplacée par des termes plus positifs pour décrire ces traitements
essentiels.
La conférence Phillip Hench, présentée par John Reveille et
portant sur la spondylarthrite axiale, le gène B27 et la médecine
personnalisée a été un véritable tour de force. J’ai aussi entendu
dire que les séances de formation sur l’immunologie et les statistiques
avaient été excellentes, mais je n’ai pu y assister, faute de
temps. J’ai apprécié la séance de l’EULAR, intitulée « The Road to
Remission is Long and Bumpy, but Worth it in the End », mettant en
vedette le toujours divertissant et toujours présent Iain McInnes.
L’ACR facilite le rattrapage en permettant à toutes les personnes
inscrites d’accéder gratuitement à l’ensemble des séances pendant
un an après la conférence au moyen de la plateforme ACR Beyond. Cela inclut maintenant des vidéos, des programmes ainsi
que des diapositives téléchargeables présentant les points saillants.
Cette année, les crédits de formation médicale continue
ont été beaucoup plus faciles à documenter. Même les personnes
ayant payé un droit d’inscription, mais ayant assisté à l’assemblée
depuis leur domicile par diffusion continue en direct, avaient
droit à ces crédits.
Les affiches de dernière minute, les affiches sur les maladies
pédiatriques et les affiches sur le point de vue de patients ont
été présentées sous forme d’affiches électroniques; elles peuvent
également être consultées sur le site Web de l’ACR. Des résumés
de dernière minute portant sur une variété de nouveaux traitements,
depuis l’anifrolumab et le fénébrutinib pour le traitement
du lupus à l’olokizumab contre la PR, ont aussi été présentés. Le
temps dira si ces traitements et d’autres traitements novateurs
parviendront jusqu’à nos cliniques.
En bref :
Meilleur titre de séance : « You Give Me Fever: Case-based Approach
to Autoinflammatory Syndromes ».
Les thèmes habituels ont été bien représentés dans les résumés :
inhibiteurs de JAK, effets indésirables des inhibiteurs de points de
contrôle, troubles concomitants associés aux maladies rhumatismales
et mises à jour de la FDA.
Les résumés présentés durant les séances plénières de l’ACR portaient
notamment sur les sujets suivants : guselkumab et arthrite
psoriasique, résultats de l’étude de longue durée GIACTA, méthotrexate
et arthrose érosive des mains, prednisolone et arthrose des
mains, anifrolumab et lupus érythémateux disséminé, ixékizumab
et spondylarthrite axiale non radiographique, upadacitinib et
spondylarthrite ankylosante, ainsi que romosozumab et ostéoporose
chez les patients atteints de néphropathie.
J’ai présenté une affiche cette année et j’ai été étonné de voir
que je n’étais pas le seul Baer, mais plutôt l’un des quatre à présenter
des résumés, les autres étant Rebecca (deux résumés), Alan
et Jean. Pour autant que je sache, toutefois, aucun d’entre nous
n’avons de lien de parenté.
Le segment « Medical Education Beyond Rheumatology In 2019 »
proposait des séances cliniques portant sur l’exploration de
maladies non rhumatismales que les rhumatologues observent
souvent chez leurs patients. À titre d’exemple, la séance « NAFLD
(non-alcoholic fatty liver disease) & Hepatotoxic Medications: What’s
a Rheumatologist to Do? » a porté sur la stéatose hépatique non
alcoolique et sur les médicaments que nous pouvons et ne pouvons
pas administrer aux patients atteints de cette affection.
Le fort contingent canadien incluait Nigil Haroon qui a dirigé la
séance « Meet the Professor » et les animateurs d’ateliers Pari Basharat
et Johannes Roth. De nombreux Canadiens ont aussi animé des
séances et présenté les résultats de leurs recherches. Ron Laxer et
Hani el-Gabalawy ont reçu le titre de Maître de l’ACR.
La prochaine assemblée de l’ACR se tiendra à Washington,
D.C., en novembre 2020, juste après l’élection présidentielle
américaine. L’événement s’annonce passionnant. J’espère vous y
rencontrer!
Les Drs Iain McInnes et Jonathan Kay
Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
Rédacteur en chef, JSCR
Scarborough (Ontario)
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