Été 2020 (volume 30, numéro 2)
Interventions multidisciplinaires
de groupe en milieu communautaire
destinées aux personnes atteintes de
fibromyalgie : essai pilote contrôlé
à répartition aléatoire
Par Michelle Teo, M.D., FRCPC
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Lorsque j’ai commencé ma carrière de rhumatologue en milieu
communautaire, je ne voyais pas comment je pourrais intégrer
la recherche dans ma pratique clinique. La recherche
exige des compétences dans différents domaines qui font défaut
à beaucoup d’entre nous, comme la rédaction de demandes de
subventions, les demandes d’approbation éthique, les statistiques,
etc. Comment le rhumatologue communautaire moyen
peut-il s’attendre à être compétent dans ces domaines alors que la
recherche est considérée comme un « extra » que nous intercalons
entre nos périodes de consultation?
Si vous êtes un rhumatologue communautaire et si vous voyez
une possibilité d’apporter un changement positif par la recherche,
vous pouvez obtenir une bourse de l’ICORA (Initiative canadienne
pour des résultats en soins rhumatologiques). En collaborant avec
un chercheur universitaire, vous créez un partenariat qui vous
permet de concentrer votre temps et votre énergie sur vos points
forts, tout en prodiguant des soins cliniques aux patients.
Notre équipe a obtenu une subvention de deux ans de l’ICORA
en 2017 pour réaliser une étude pilote contrôlée à répartition
aléatoire portant sur les interventions de groupe destinées aux
personnes atteintes de fibromyalgie (« A Multi-disciplinary, Community-based Group Intervention for Individuals with Fibromyalgia: A Pilot Randomized Controlled Trial »). Les rhumatologues des collectivités mal desservies, comme moi, sont souvent incapables de voir
ces patients en raison des longues listes d’attente. Mais cela ne
signifie pas que les patients atteints de fibromyalgie ne méritent
pas des soins appropriés. En outre, étant donné la multitude de
facteurs sanitaires, psychologiques et sociétaux qui contribuent à
la fibromyalgie, il est naïf de croire qu’un rhumatologue peut fournir
toute l’étendue du traitement requis ou qu’un patient peut
accéder par lui-même à des ressources appropriées et intégrées.
Nous avons mis au point un modèle de soins interprofessionnels
intégrés de dix semaines en groupe pour les patients ayant
reçu un diagnostic de fibromyalgie. L’objectif était de doter les
patients d’outils de prise en charge autonome de la maladie
durables et efficaces. Parmi les professionnels de la santé participant
aux soins, notons un kinésiologue, un physiothérapeute, un
thérapeute en santé mentale, un diététiste, un travailleur social
et un rhumatologue. Le groupe d’étude s’est réuni deux fois par
semaine pour faire 60 minutes d’exercice et une fois par semaine
pour recevoir de 60 à 90 minutes d’éducation en groupe. Les
résultats de l’étude ont révélé une amélioration de la qualité des
soins perçue par les patients, de leur fonctionnement quotidien
et de leur attitude face à la douleur. La prochaine étape de ce
travail consiste à montrer comment l’utilisation des soins de santé
change lorsque les patients atteints de fibromyalgie ont accès à
un tel programme.
Les patients qui vivent avec la douleur méritent de pouvoir
gagner en autonomie grâce à la conscience corps-esprit et aux
autosoins. Cette étude illustre à quel point une telle approche
peut être fructueuse dans une population de patients limitée.
J’espère également que cela encouragera d’autres rhumatologues
en milieu communautaire à envisager de collaborer avec des chercheurs
pour améliorer la vie de nos patients.
Michelle M. Teo, M.D., FRCPC
Rhumatologue
Hôpital régional de Penticton
Penticton (Colombie-Britannique)
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