Automne 2020 (Volume 30, numéro 3)
L’EULAR 2020
Par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
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Après trois mois de distanciation sociale imposée par la pandémie,
tout le monde a assisté à des webinaires trop nombreux
pour que l’on puisse les compter sur Zoom, GoToMeeting,
Adobe Connect, Microsoft Teams, Google Meet et probablement
d’autres plateformes également. Les réunions d’une heure sont
gérables, mais celles qui sont plus longues nécessitent d’éteindre
stratégiquement la webcam pour faire des étirements et se promener
autour de sa chaise.
À quoi donc une assemblée scientifique virtuelle de plus de quatre
jours pourrait-elle ressembler? Étant donné la tenue de l'assemblée
de la SCR de justesse avant le confinement en février et l’annulation
de la réunion annuelle de l’ORA en avril, le congrès virtuel 2020 de
l’EULAR a été ma première occasion de le découvrir. La décision de la
tenue virtuelle a été prise assez tard, à mon avis, fin mars 2020. À ce
moment-là, la situation liée à la COVID-19 était bien pire en Europe
qu’au Canada. Les inscriptions habituelles ont été converties en frais
d’inscription – beaucoup moins élevés – au congrès virtuel, s'élevant
à 175 dollars américains. J’ai annulé ma réservation d’hôtel sans frais,
et Air Canada n’a conservé que 150 $ du prix de mon vol. J’ai réservé
les trois jours de l’EULAR de mon bureau virtuel : un répit bienvenu
après 12 semaines d’appels téléphoniques quotidiens et de tentatives
de consultations vidéo avec mes patients.
L’un des mystères était de savoir s’il y avait vraiment quelqu’un à
Francfort pour l’EULAR. Outre les professionnels de la santé en rhumatologie
qui y vivent, probablement pas.
Les communications étaient plutôt bonnes. Fin mai, deux semaines
avant le début du congrès, tous les résumés ont été publiés aux fins
d’examen et de planification de l’assemblée. Il n’existait pas d’application
EULAR à ce moment-là. Je me suis assuré de la mise à jour de mes
identifiants de connexion. En examinant le programme scientifique,
j’ai constaté que toutes les séances étaient maintenues à l’heure de
l’Europe centrale. Pour moi, à Toronto, l’assemblée a donc commencé
le mercredi à 7 heures et à 4 heures les autres jours.
Le programme comportait un mélange d’affiches, de présentations
de résumés en direct et de conférences d’experts préenregistrées.
Chacune d’entre elles n’est devenue accessible que le jour de la présentation,
et elle demeurera sur le site Web jusqu’à la fin du mois
d’août 2020. Les affiches étaient au format d’affiches électroniques,
mais seul le résumé était téléchargeable. La plupart des affiches comprenaient
un bref commentaire vidéo de l’auteur qui les présentait.
Lors de la conférence en personne, il pouvait arriver qu’aucune affiche
ne soit exposée ou qu’aucun présentateur d’affiche ne soit disponible
pour la discussion. Dans la version virtuelle du congrès, le problème
était de trouver un résumé, mais pas l’absence d’affiche électronique
ou l’absence de vidéo. Cependant, dans l’ensemble, ce système a bien
fonctionné.
Bien entendu, la principale question qui ne peut être résolue
avant le début du congrès est de savoir si la plateforme a la capacité
d’accueillir tous les participants qui tentent d’y accéder. Lors de la
connexion le mercredi à 6 heures du matin, des messages concernant
la surcharge de la plate-forme s’affichaient. Finalement, j’ai pu accéder
à la cérémonie de bienvenue et à la conférence de presse, mais
pas à la séance plénière d’ouverture. Heureusement, la situation s’est
améliorée au cours des trois jours suivants. Les conférences préenregistrées
sur WIN (What is New) et HOT (How to Treat) ont fonctionné
comme prévu. La disponibilité du matériel pendant 3 mois, calquée
sur celle des plates-formes ACR Beyond et ACR SessionSelect, permet
une revue ultérieure ainsi que le rattrapage des séances qui étaient
prévues simultanément.
Cela dit, on s’ennuie de l’énergie d’une conférence en personne,
des interactions fortuites et du réseautage, des séances « Meet the Professor
» ainsi que des tournées d’affiches en personne. Le fait de rester
assis devant un écran d’ordinateur pendant des heures entraîne sa
propre fatigue. Les symposiums de l’industrie ont bien eu lieu, mais
il n’y avait pas de stands d’exposition ni aucune aventure en ce qui
concerne la nourriture et les boissons.
Parmi les lauréats des prix de résumé clinique, on compte un Canadien,
Andre Luquini, M.D., d’Arthritis Research Canada (Richmond) et
un candidat au doctorat de l’Université de la Colombie-Britannique
(Vancouver) pour avoir étudié les effets du programme d’autogestion
en ligne « Making-it-Work » pour les personnes atteintes d’arthrite
inflammatoire sur le présentéisme et la cessation du travail (résumé
OP0010).
C’est également un Canadien qui a remporté le prix du résumé
de premier cycle : Hsin Yen Liu, étudiant en 3e année de médecine à
l'Université Western (London) supervisé par Janet Pope, a été récompensé
pour ses recherches sur les facteurs de risque de la rétinopathie
induite par les antipaludiques pour le traitement du lupus érythémateux
disséminé (LED) et d’autres troubles auto-immuns (résumé
OP0333).
Cette année, la SCR a également fourni un commentaire vidéo d’experts
sur les résumés EULAR, avec la participation des médecins Pope,
Louis Bessette et Susa Benseler, qui ont tous fourni des analyses incisives
et stimulantes sur des études clés.
Parmi les points forts, on peut citer de nombreuses études sur les
inhibiteurs de JAK, comportant des études comparatives d’efficacité
telles que SELECT-CHOICE et JAK-pot ainsi que de nombreux autres
essais cliniques portant sur l’upadacitinib et le filgotinib, à la fois dans
le traitement de la PR et de troubles séronégatifs tels que l’arthrite
psoriasique et la spondylarthrite ankylosante. La corrélation entre le
risque de TEV et l’activité élevée de la PR ainsi qu’entre la réduction
du risque de TEV et les inhibiteurs du TNF par rapport aux ARMM
classiques ont également été explorées. Des études ont révélé que les
inhibiteurs de JAK pouvaient fonctionner après une déficience de JAK
antérieure, et qu’ils pouvaient permettre une diminution progressive
des stéroïdes.
Une étude du groupe de travail appelée ASAS MRImagine, dirigée
par notre propre Dr Walter Maksymowycz, a élaboré de nouvelles
définitions qui se sont révélées hautement spécifiques pour l’identification
des lésions structurelles des articulations sacro-iliaques sur
l’IRM, indiquant une spondylarthrite axiale. La Dre Dafna Gladman a
présenté son point de vue d’expert sur le risque de maladie cardiovasculaire
chez les patients atteints de psoriasis et d’arthrite psoriasique
lors d’une séance sur le thème du « Risque cardiovasculaire et prise en
charge associés à l’IMIDS ».
Les résultats de l’essai COMPARATIF indiquent que l’introduction
de l’adalimumab donne de meilleurs résultats que l’intensification
graduelle du méthotrexate dans le traitement de l’arthrite psoriasique.
D’un autre côté, d’après une autre étude, le méthotrexate pourrait en
fait prévenir plutôt qu’exacerber la PR-MPI.
Je pourrais continuer, mais vous pouvez accéder vous-même à la
version en ligne du congrès de l’EULAR si vous souhaitez en apprendre
davantage. Compte tenu des espoirs de succès rapide des antiviraux et
des vaccins qui s’évanouissent, c’est la nouvelle norme. En mai, l’ACR
a rebaptisé son assemblée annuelle « ACR Convergence », et en juin,
elle a annoncé que l’assemblée de 2020 serait également entièrement
virtuelle en novembre. Des décisions difficiles se profilent pour la SRC
en 2021 à Québec, et l’EULAR de 2021 qui devait se tenir à Paris.
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