Automne 2020 (Volume 30, numéro 3)
Chercheuse émergente
de la SCR en 2020 : Dre Claire Barber
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Vos travaux à ce jour sont axés sur la mesure de la qualité des
soins prodigués aux patients atteints d’arthrite inflammatoire
dans le but de déterminer s’il existe des lacunes dans les
processus de soins ou des résultats sous-optimaux et
d’y remédier rapidement. Pouvez-vous nous en dire plus
sur vos recherches et sur la manière dont vos résultats se
transposent dans le contexte clinique? Mon intérêt pour le domaine de la qualité des soins est né alors
que je travaillais avec l’Alliance de l’arthrite du Canada (AAC) pour
élaborer des mesures de performance systémiques pour l’arthrite
inflammatoire. Le comité exécutif sur les modèles de soins de l’AAC
était alors dirigé par les Drs Vandana Ahluwalia, Dianne Mosher et
Michel Zummer ainsi que par Mme Anne Lyddiatt. Ils ont développé
une approche pancanadienne en matière de modèle de soins pour
l'arthrite inflammatoire ainsi qu’une trousse d’outils connexe pour
favoriser des soins de haute qualité et de meilleurs résultats pour les
patients aux prises avec la maladie. Nous avons ensuite travaillé à
l’élaboration de mesures de performance pour tester si les patients
avaient rapidement accès aux soins et aux traitements nécessaires
dans cinq provinces canadiennes. Les résultats de ces travaux ont
permis de mieux comprendre comment examiner la qualité des
soins au Canada à l’aide de différentes sources de données et ont
également mis en évidence certains domaines où des améliorations
pourraient être apportées1-4. Sur la base de ces travaux, nous
avons récemment collaboré avec des patients, des fournisseurs de
soins de santé et des responsables de la santé à l’échelle nationale
pour définir des objectifs stratégiques clés et des mesures de
performance associées afin de définir un cadre plus complet de surveillance
des soins de la polyarthrite rhumatoïde (PR), y compris les
résultats chez les patients. À l’échelle locale, nous avons commencé
à tester ces mesures et nous avons mis au point des mécanismes de
production de rapports en continu pour aider à surveiller les soins
en permanence par l’intermédiaire du groupe de travail sur les analyses
liées à la santé du département de médecine de l’Université de
Calgary. Nous avons collaboré avec le programme d’apprentissage
des médecins de l’Alberta Medical Association afin de préparer des
rapports individualisés sur les mesures et les avons présentés à des
médecins pour qu’ils les commentent en groupe. Nous travaillons
actuellement sur un certain nombre de projets d’optimisation des
soins.
Vous avez également pris part à une collaboration
internationale en travaillant avec l’American College of
Rheumatology (ACR) sur des efforts de développement de
mesures et avez récemment dirigé la mise à jour des mesures
d’évaluation de l’état fonctionnel de l’American College of
Rheumatology. Comment décririez-vous votre expérience de
travail avec les organisations internationales? Au début de ma carrière, mon directeur de thèse de doctorat, le Dr John
Esdaile, m’a présenté la Dre Jinoos Yazdany, qui présidait le sous-comité
de mesure de la qualité
de l’American College
of Rheumatology, et
elle m’a invitée à me
joindre au comité.
Ce fut un moment
charnière dans ma
carrière, car j’ai acquis
une expérience inestimable en siégeant au comité sous la direction
de la Dre Yazdany et, plus tard, des Drs Lisa Suter et Alex Limanni. J’en
ai appris davantage sur les mesures de la qualité de haut niveau et
j’ai contribué à un certain nombre de projets visant à faire progresser
la science dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la
mesure des résultats et les spécifications électroniques des mesures.
J’ai finalement été chargée d’aider à diriger la récente mise à jour des
mesures d’évaluation de l’état fonctionnel de l’ACR sous le mentorat
du Dr Kaleb Michaud5. Le fait de rencontrer ces personnes extraordinaires
et de travailler directement avec elles a été une expérience
agréable et très enrichissante.
Y a-t-il d’autres domaines d’intérêt que vous voudriez
approfondir un jour? Quels projets allez-vous entreprendre
cette année? L’objectif principal de ma recherche est vraiment de combler les
lacunes que nous avons ciblées en matière de qualité des soins
et de mieux comprendre les répercussions de ces lacunes sur les
patients et les résultats dans le système de santé. Voici quelquesuns
de mes projets en cours :
Le Dr Glen Hazlewood (cochercheur principal) et moi-même
avons obtenu une subvention de l’ICORA pour mettre en place
un outil d’aide à la décision pour la PR précoce afin d’améliorer la
prise de décisions partagée entre les médecins et les patients.
Les Dres Jessica Widdifield, Diane Lacaille et moi-même, cochercheuses
principales, avons obtenu une subvention des IRSC et
dirigeons une équipe de chercheurs de trois provinces afin de
mieux comprendre l’impact de l’observance des mesures de performance
systémiques de l’AAC sur les résultats chez les patients et
dans le système de santé.
Mon équipe de recherche a également mis au point une enquête
sur la qualité des soins prodigués aux patients atteints de PR, que
nous mettrons à l’essai prochainement comme option de rechange
à l’examen des dossiers pour le suivi des soins.
En compagnie de la Dre Widdifield, je copréside le Comité des
ressources humaines de la Société canadienne de rhumatologie. La
Dre Stephanie Kulhawy-Wibe, les membres du comité et moi-même
lancerons bientôt le sondage 2020 sur les effectifs de la SCR, qui
examinera l’impact de la pandémie sur les effectifs en rhumatologie.
Grâce à ma Bourse des étoiles pour le développement de carrière
(financée par l’Institut de l'appareil locomoteur et de l'arthrite des
IRSC), j’examinerai comment améliorer la prestation des soins aux patients par une meilleure compréhension
des besoins et de la complexité
des patients.
Quels moments forts avez-vous
vécus jusqu'à maintenant dans
votre carrière? Quels défis avezvous
dû surmonter? Quels moyens
avez-vous dû prendre? Avoir une carrière de cliniciennechercheuse
est un grand privilège
pour lequel je suis reconnaissante
chaque jour. J’ai le temps d’enrichir
mes connaissances et mes expériences
dans ma pratique clinique et de réfléchir
à la manière d’améliorer les soins
aux patients. Je crois fermement au
concept d’un système de soins de santé
apprenant, où nous nous instruisons
constamment de chaque rencontre et
où nous écoutons chaque patient afin
d’améliorer la prestation des soins et
les résultats chez les patients.
Chaque projet, chaque subvention
et chaque article est associé à des
défis et à des récompenses uniques. J’essaie d’aborder chaque
défi en le décomposant en parties gérables. Dans la recherche en
santé, les « échecs » sont fréquents, qu’il s’agisse de demandes de
subventions rejetées, d’articles refusés, etc. La persévérance est la
clé du succès!
Mes mentors et collègues chercheurs ont joué un rôle déterminant
dans l’orientation de ma carrière et le soutien de mes
recherches. Les docteurs John Hanly, Paul Fortin, Dianne Mosher,
Deborah Marshall, Diane Lacaille, Cheryl Barnabe, Glen Hazlewood,
John Esdaile, Jessica Widdifield et bien d’autres m’ont inspirée et
soutenue tout au long de mon parcours.
Quelle est la réalisation dont vous êtes la plus fière à ce jour
dans vos recherches? L’obtention du Prix du chercheur émergent de la SCR est probablement
la réalisation la plus mémorable à ce jour, d’autant
plus que j’ai remporté ce prix à peu près en même temps qu’une
Bourse des étoiles pour le développement de carrière et qu’une
subvention des IRSC. Aucune de ces victoires n’aurait été possible
sans le soutien des mentors et collègues que j’ai cités plus haut. Je
suis également très fière des succès de mes étudiants – ils contribuent
vraiment à rendre une carrière universitaire stimulante et
amusante!
Quelle a été votre première pensée lorsque vous avez appris
que vous remportiez ce prix? J’ai été très émue, particulièrement parce que mon mentor de
recherche, le Dr Fortin, recevait de son côté le Prix du chercheur
émérite de la SCR. Le Dr Fortin était mon directeur de recherche
lorsque j’étais résidente en rhumatologie à l’Université de
Toronto. Sans ses encouragements et son soutien, je n’aurais pas
suivi une formation avancée en épidémiologie, laquelle a subséquemment
lancé ma carrière. De plus, ma bonne amie et collègue,
la Dre Mahendira, a remporté le Prix du formateur émergent de la
SCR, ce qui est un drôle de hasard puisque nous étions résidentes
à l’Université de Toronto la même année.
Quel conseil donneriez-vous
aux personnes qui désirent se
spécialiser en rhumatologie
et poursuivre une carrière en
recherche? Entourez-vous de mentors extraordinaires
(il y en a tellement dans
le domaine de la rhumatologie au
Canada!) et travaillez tôt à bâtir des
réseaux. Aussi, je suis toujours ouverte
à rencontrer tout stagiaire potentiel!
Si vous ne meniez pas une carrière
en recherche, que feriez-vous? Mon mari dit que je serais probablement
chef végétalien. Sérieusement,
je serais vraisemblablement rhumatologue
clinicienne. J’aime beaucoup
m’occuper de patients.
Si vos journées comptaient
une heure de plus, comment
l’utiliseriez-vous? J’irais probablement courir avec ma
fille et mon mari!
Lequel de vos talents est mal employé dans le cadre de votre
travail? Quand j’étais plus jeune, j’ai passé beaucoup de temps à étudier
la musique; je jouais du violoncelle et du piano et je chantais dans
des chorales. Nous devrions probablement organiser plus d’événements
musicaux, car cela aide les gens à travailler en équipe et à
s’amuser. Pendant la pandémie, je me suis jointe à la chorale des
médecins de Calgary et nous avons répété sur Zoom! La musique
contribue vraiment à réduire le stress dans une période par ailleurs
difficile.
Si vous ne deviez manger qu’un seul aliment jusqu’à la fin de
vos jours, lequel serait-ce? Je ne résiste à aucun légume!
Quel est votre livre préféré de tous les temps? J’ai beaucoup de livres préférés, et il est un peu difficile de choisir...
L’un des livres particulièrement mémorables que j’ai lus au cours
de la dernière année est « 10% Happier – How I tamed the voice in
my head, reduced stress without losing my edge, and found self-help that
actually works – a true story », écrit par Dan Harris. Il s’agit d’une
introduction simple et accessible à la méditation qui convient aux
publics plus cyniques. Je ne me doutais pas à quel point il serait
utile de découvrir des outils supplémentaires pour aider à gérer
le stress pendant la pandémie. L’auteur offre également un balado
avec des invités exceptionnels ainsi qu’une application de méditation
(je ne reçois pas de commission, promis!).
La Dre Barber reçoit son prix des mains de
Vandana Ahluwalia, alors présidente de la SCR,
et de Raheem Kherani.
Références :
1. Barber CEH, Marshall DA, Szefer E, Barnabe C, Shiff NJ, Bykerk V, et coll. A
population-based approach to reporting system-level performance measures
for rheumatoid arthritis care. Arthritis Care Res (Hoboken). 2020; doi: 10.1002/
acr.24178. [Publication électronique avant l'impression].
2. Barber CEH, Lix LM, Lacaille D, Marshall DA, Kroeker K, Benseler S, et coll. Testing
population-based performance measures identifies gaps in juvenile idiopathic
arthritis (JIA) care. BMC Health Serv Res. 2019; 19(1):572.
3. Barber CEH, Thorne JC, Ahluwalia V, Burt J, Lacaille D, Marshall DA, et coll.
Feasibility of Measurement and Adherence to System Performance Measures for
Rheumatoid Arthritis in 5 Models of Care. J Rheumatol. 2018; 45(11):1501-8.
4. Barber CEH, Schieir O, Lacaille D, Marshall DA, Barnabe C, Hazlewood G, et coll.
High Adherence to System-Level Performance Measures for Rheumatoid Arthritis
in a National Early Arthritis Cohort Over Eight Years. Arthritis Care Res (Hoboken).
2018; 70(6):842-50.
5. Barber CEH, Zell J, Yazdany J, Davis AM, Cappelli L, Ehrlich-Jones L, et coll.
2019 American College of Rheumatology Recommended Patient-Reported
Functional Status Assessment Measures in Rheumatoid Arthritis. Arthritis Care
Res (Hoboken). 2019; 71(12):1531-9.
Claire Barber, M.D., Ph. D., FRCPC
Professeure adjointe, rhumatologue,
Université de Calgary
Calgary (Alberta)
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