Printemps 2019 (Volume 29, numéro 1)
Pleins feux sur des
projets financés
par l’ICORA
Par Janet Pope, M.D., MPH, FRCPC
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Lors de la dernière assemblée scientifique annuelle de la
SCR en février, les Drs Barry Koehler, Inés Colmegna et
Regina Taylor-Gjevre ont présenté les rapports de leur recherche
financée par une bourse de l'ICORA. Dans la rubrique
de ce numéro portant sur l'ICORA, nous aimerions exposer les
trois projets financés par l’initiative dont il a été question à
Montréal. Les projets ont été présentés afin de donner aux participants
l'occasion d'entendre parler des succès obtenus par
des rhumatologues en milieu communautaire et universitaire
récipiendaires d’une bourse de l’ICORA.
Triage par autoévaluation dans l’arthrite
inflammatoire : étude pilote
Présenté par le Dr Barry Koehler L'étude visait à comparer un questionnaire rempli par le patient,
un dénombrement des articulations sensibles effectué par
le patient et les deux méthodes combinées afin d'évaluer la possibilité
de cibler les patients atteints d'arthrite inflammatoire à
partir des listes d'attente. Le groupe d'étude estime que l'utilisation d'études préliminaires,
de conseils biostatistiques avant et pendant l'étude et de
communications régulières tout au long de l'étude ont permis
d'obtenir l'approbation de l'ICORA, de recruter des patients et
de recueillir des données. Au total, 202 sujets évaluables ont été
inscrits à l’étude; les résultats sont en cours d'analyse.
Quels facteurs nuisent ou aident à l’adoption du vaccin
antigrippal selon les patients atteints de polyarthrite
rhumatoïde et leurs professionnels de la santé?
Présenté par la Dre Inés Colmegna Le vaccin antigrippal est efficace. Il prévient la maladie, réduit
le nombre de visites médicales et d’hospitalisations et diminue
les taux de mortalité due à la grippe. Les cibles de couverture
vaccinale contre la grippe proposées par l'Agence de la santé
publique du Canada sont de 80 % pour les adultes de plus
de 65 ans et pour ceux de moins de 65 ans atteints de maladies
à haut risque. Cependant, une étude transversale financée
par l'ICORA, menée au Centre universitaire de santé McGill,
a révélé un taux de couverture vaccinale de 48,5 % chez les
patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR). Bien que ce
taux soit supérieur au taux signalé (37 %) chez les adultes canadiens
de 65 ans et moins atteints de maladies chroniques,
il demeure une possibilité et un besoin évidents d'améliorer
la couverture vaccinale chez les patients atteints de maladie
rhumatismale.
À l’échelle nationale, le fait qu’un professionnel de la santé
recommande la vaccination aux personnes atteintes de maladies
chroniques a été associé à l'adoption du vaccin. Toutefois, 48 %
des patients atteints de maladies chroniques ont déclaré que la
raison pour laquelle ils n'avaient pas reçu le vaccin antigrippal
était qu'il n'était « pas nécessaire ou recommandé ». De même,
dans notre étude, la recommandation du médecin constituait le
plus important facteur prédictif indépendant de la vaccination
contre la grippe chez les patients atteints de PR. Ces chiffres
soulignent notre rôle unique en tant que rhumatologues dans
l’adoption accrue des vaccins.
Quels facteurs nuisent ou aident à optimiser l’adoption du vaccin
antigrippal chez les patients atteints de PR? C'est la question
centrale que nous avons abordée dans le cadre d'une recherche
qualitative (groupes de discussion) avec l'appui de l'ICORA. Les
facteurs qui nuisent ou aident à l’acceptation du vaccin étaient
similaires chez les patients atteints de RA et les professionnels de
la santé. Parmi les principaux obstacles, mentionnons le manque
de connaissances, une mauvaise compréhension et la désinformation
au sujet de la nécessité du vaccin antigrippal. Quelles
interventions sont efficaces pour accroître l'acceptation du vaccin
chez les patients atteints de PR? C'était le sujet d'un examen
systématique visant à éclairer l'élaboration d'une intervention de
communication motivationnelle ciblée que nous mettrons à l'essai
au cours de la prochaine saison grippale.
En résumé, grâce à l'appui généreux de l'ICORA, nous avons
découvert des lacunes dans l’adoption du vaccin antigrippal
chez les patients atteints de PR; cerné les raisons évoquées
par les patients et les professionnels de la santé à l’égard de
ce problème et examiné les données limitées actuelles sur les
interventions visant à améliorer l'acceptation du vaccin. Nous
avons également élaboré une nouvelle intervention basée sur la
communication motivationnelle qui sera testée au cours de la
saison grippale 2019-2020. Qu'il s'agisse de décrire l'ampleur
du problème ou de proposer des approches afin d’en réduire
le fardeau pour les patients atteints de PR, ce fut une occasion
d'apprentissage extraordinaire.
Corriger les disparités d’accès en milieu rural et éloigné
pour les patients atteints d’arthrite inflammatoire
grâce à la télémédecine/vidéoconférence et à des
modèles de soins interprofessionnels novateurs
Présenté par la Dre Regina Taylor-Gjevre En Saskatchewan, une proportion relativement élevée de la
population vit dans de petites collectivités isolées. Nous avons entrepris une étude pour évaluer si les patients atteints de
polyarthrite rhumatoïde bénéficiant d’un suivi longitudinal
pendant neuf mois à l’aide de vidéoconférences et d’un soutien
interprofessionnel présentaient un niveau comparable de maîtrise
de la maladie par rapport aux patients bénéficiant d’un suivi
traditionnel en personne dans les cliniques de rhumatologie.
Sur 85 participants, 54 ont été affectés au hasard au modèle
de soins par vidéoconférence et 31 au modèle clinique traditionnel.
On n’a observé aucune différence significative entre
les groupes pour les indicateurs DAS-28-CRP, RADAI, HAQm ou
EQ5D au départ ou au cours de la période d'étude. Les taux de
satisfaction étaient élevés dans les deux groupes.
À la fin de l'étude, nous n'avons constaté aucune différence
sur le plan de l’efficacité entre les soins interprofessionnels par
vidéoconférence et les soins offerts en clinique de rhumatologie
traditionnelle. Les taux élevés d’abandon du traitement ont
renforcé la nécessité de tenir compte des besoins et des préférences
des patients. Bien que l’utilisation de vidéoconférences
et de technologies de télésanté puisse représenter un avantage
distinct pour certains, il se pourrait que cela fasse perdre des
bénéfices auxiliaires liés aux déplacements pour d’autres. Le
rapport sur cette étude est actuellement publié dans la revue
Musculoskeletal Care.
Janet Pope, M.D., MPH, FRCPC
Professeure de médecine,
Chef de division, Division de rhumatologie
Département de médecine, St. Joseph’s Health Care
Université Western Ontario
London (Ontario)
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