Printemps 2019 (Volume 29, numéro 1)
Le point sur les succès de
la cohorte CATCH
Par Vivian Bykerk, M.D., FRCPC et Janet Pope, M.D., MPH, FRCPC
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L’étude Canadian Early Arthritis Cohort (CATCH) est une initiative
nationale lancée en 2007 par des chercheurs désirant
améliorer la vie des patients atteints de polyarthrite
rhumatoïde d’apparition récente. Il s’agit d’une étude de
cohorte observationnelle, prospective et longitudinale menée
auprès de participants qui viennent de recevoir un diagnostic
de polyarthrite rhumatoïde et qui sont suivis pour surveiller
l’activité de la maladie, les symptômes et d’autres mesures évaluées
par les patients; des données sont saisies systématiquement
chaque année lors de rencontres en clinique planifiées
(tous les trois mois durant la première année, tous les six mois
la deuxième année, puis annuellement). Le groupe de recherche
CATCH, qui s’est rapidement développé et compte maintenant
22 centres de recherche, a recruté plus de 3 500 personnes au
cours des 12 dernières années et a saisi des données sur plus de
10 000 années-patients de suivi. Plus de 400 patients ont fourni
des échantillons (conservés dans des biobanques) et des séries
de radiographies notées; 1 000 patients sont suivis depuis
plus de cinq ans. Les chercheurs ont publié au-delà de 40 articles
et présenté plus de 200 résumés à l’occasion de congrès
canadiens et internationaux. Afin de transmettre les connaissances
acquises grâce à cette étude, nous avons créé un site
Web à l’intention des patients et des professionnels de la santé
(www.earlyarthritis.ca) pour les informer au sujet de nos travaux.
Les rhumatologues de l’étude CATCH souhaitent atteindre
les cibles thérapeutiques et accroître le nombre de patients qui
obtiennent une rémission soutenue (ou, si ce n’est pas possible,
qui présentent une faible activité de la maladie) après un an
(voire plus tôt). Depuis la publication des recommandations de
la Société canadienne de rhumatologie (SCR) pour le traitement
de la polyarthrite rhumatoïde, nous avons observé une augmentation
du nombre de patients qui atteignent ces cibles. En effet,
c’est désormais le cas de 60 % d’entre eux. Ce succès peut être
attribué en partie à l’optimisation de l’utilisation des médicaments
et au respect des recommandations. De nos jours, plus de
patients utilisent du méthotrexate par voie sous-cutanée ou la
trithérapie en tant que première stratégie thérapeutique, et les
résultats semblent meilleurs qu’il y a sept ans.
Les chercheurs de l’initiative CATCH concentrent aussi leurs
efforts afin qu’un plus grand nombre de patients aient rapidement
accès à des soins. Étant donné le processus d’orientation
en place dans la plupart des provinces, il est rare que les patients
soient vus avant que trois mois de symptômes persistants
se soient écoulés, et le temps moyen entre le moment de l’apparition
des symptômes et celui de la prise en charge est encore
de 5,8 mois. Les collaborations avec des chercheurs externes en
vue d’améliorer les modèles de soins comprendront des mesures
favorisant un accès plus rapide aux soins.
La plateforme d’entrée électronique des données a récemment
été mise à niveau; elle permet désormais d’interroger les
patients plus facilement, au moyen d’appareils mobiles, et de
saisir plus aisément les mesures provenant des cliniciens. Nous
pouvons ainsi intégrer les remarques des patients atteints de
polyarthrite rhumatoïde sur leurs symptômes, leur humeur,
leur observance thérapeutique et d’autres mesures de la qualité
de vie lors de leurs rendez-vous à la clinique. Par exemple, les
patients de la cohorte CATCH ont participé à la validation du
questionnaire sur les poussées de la maladie, maintenant publié.
Nous disposons désormais d’un grand nombre de données
phénotypiques cliniques qui nous permettent d’examiner le
point de vue des patients, les études qualitatives et l’évaluation
des médicaments en situation réelle. Les chercheurs ont
établi des partenariats avec des groupes de recherche externes,
notamment le Réseau canadien sur les méthodes interdisciplinaires
avancées de recherche sur l'efficacité comparative (CANAIM),
une filiale du Réseau sur l’innocuité et l’efficacité des médicaments
(RIEM) de Santé Canada, l’Alliance de l’arthrite du
Canada et la Société canadienne de rhumatologie, afin d’étudier
l’efficacité et l’innocuité comparatives ainsi que l’utilisation de
médicaments et de modèles de soins. Nous espérons continuer
à établir des partenariats et des liens avec d’autres intervenants
afin d’étudier des données administratives et l’économie de
la santé pour mieux comprendre les habitudes en matière de
santé et de soins de santé de nos patients, particulièrement en
raison du nombre élevé de maladies concomitantes dans cette
population. Au fil du temps, nous souhaitons également intégrer
des études translationnelles portant sur des échantillons
biologiques qui nous permettront de réaliser des épreuves de
séquençage afin d’examiner les liens génétiques et l’immunophénotypage.
Au cours de la prochaine année, cette précieuse plateforme
de recherche nationale sera la pierre angulaire d’une importante
étude pragmatique financée par les Instituts de recherche
en santé du Canada (IRSC) portant sur l’atténuation progressive
du traitement guidée par les patients et les cliniciens, en vue de
réduire l’intensité du traitement sans causer de poussées excessives
de la polyarthrite rhumatoïde. Nous participons également
à une initiative nationale visant à examiner l’utilisation des biosimilaires,
ainsi qu’à une initiative visant à étudier des modèles
de soins, comme nous l’avons mentionné ci-haut.
En résumé, l’étude CATCH ne pourrait avoir lieu sans la participation
de quelque 3 500 patients (un nombre qui ne cesse de
grandir) et de plus de 100 membres d’équipe, cliniciens, chercheurs
et scientifiques en rhumatologie. Cette étude, qui croît
depuis plus de 12 ans, est une initiative nationale couronnée de
succès, financée par de nombreux intervenants, y compris des sociétés pharmaceutiques et des subventionnaires. Nous nous
attendons à ce que la plateforme CATCH nous permette d’élargir
encore plus nos connaissances grâce à la recherche sur la
polyarthrite rhumatoïde au stade précoce au Canada.
Vivian Bykerk, M.D., FRCPC
Professeur agrégée de médecine, Weill Cornell Medical College,
Université Cornell
Directrice du Centre d'arthrite inflammatoire,
Division de rhumatologie, Hôpital de chirurgie spéciale
New York, NY (É.-U.)
Janet Pope, M.D., MPH, FRCPC
Professeure de médecine
Chef de division, Division de rhumatologie,
Département de médecine, St. Joseph’s Health Care
Université Western Ontario
London (Ontario)
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