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Été 2019 (Volume 29, numéro 2)

Les jumeaux Jay et Ed Keystone, professeurs et anciens de l'Université de Toronto, donnent au suivant

Par Edward C. Keystone, M.D., FRCPC et Jay S. Keystone, CM, M.D., M.Sc. (CTM), FRCPC

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Les professeurs de médecine Jay et Ed Keystone, ayant tous deux reçu les titres de bachelier en sciences en 1965 et de docteur en médecine en 1969, sont des cliniciens, chercheurs, éducateurs et mentors estimés, ainsi que des sommités dans leurs domaines respectifs. Jay, spécialiste de la médecine des voyageurs et de la médecine tropicale au sein du Réseau universitaire de santé, est membre de l'Ordre du Canada, alors qu'Ed détient le titre de « Master » de l'American College of Rheumatology. Ils se remémorent les gens qui les ont aidés à devenir ce qu'ils sont aujourd'hui et s'interrogent sur la signification de l'expression « donner au suivant ».

En 1943, nous avions été « colocs » dans le ventre de notre mère pendant à peine sept mois avant de venir au monde, pesant à nous deux six livres. Plus tard, notre passage à l'école publique a été jalonné d’échecs, pas parce que nous manquions d'intérêt, mais parce que nous n'étions pas très intelligents. Nous sommes les mêmes étudiants à qui le directeur de l'école secondaire a affirmé qu'ils n'iraient jamais à l'université. Les mêmes étudiants médiocres du secondaire qui, grâce à leur travail acharné, ont terminé plus tard parmi les meilleurs de leur classe de médecine (à l'Université de Toronto) et qui ont connu depuis des carrières universitaires fructueuses à la faculté de médecine d’une excellente université.

Vous vous demandez sûrement : à quoi veulent-ils en venir? Nous voulons en venir à ceci : l'endroit où vous commencez n'a pas d'importance, ni même votre succès à vos débuts. C'est l'aboutissement de vos efforts qui importe. De même, en reconnaissance de l'aide apportée par les personnes à qui vous devez ce succès, il vous revient de donner à ceux qui viendront après vous.

Donc, comment deux étudiants médiocres ont-ils pu se frayer un chemin dans le monde concurrentiel de la médecine? Nous avons commencé nos carrières universitaires en commerce et en finance à l'Université de Toronto, avant de quitter ce programme au début de la deuxième année. Nous avions reçu les conseils d'un médecin récemment diplômé de l'Université du Michigan, notre cousin, Jay Allen Keystone.

« Pourquoi ne pas étudier la médecine? », avait-il demandé.
« Parce que seuls les étudiants voués à ces études dès leur apprentissage de la propreté et les lauréats du Mérite scolaire de l'Ontario sont acceptés en médecine », avons-nous répondu.
Sa réponse a changé notre vie : « En médecine, la détermination est importante lorsque vous terminez vos études, pas lorsque vous les commencez. »

Par cette leçon tirée de son expérience comme nouveau médecin, il a donné au suivant.

Les établissements universitaires ne sont pas homogènes, pas plus que les départements qui les composent. L'une des premières leçons que nous avons apprises sur la médecine universitaire est que, outre la capacité, il existe deux façons de réussir : vous pouvez écraser ou passer par-dessus vos collègues dans votre quête du sommet, ou vous pouvez être bienveillant et juste à l'égard de ceux avec qui vous travaillez.

Traiter nos collègues sur un pied d'égalité et avec gentillesse est l'une des règles que nous avons suivies avec diligence tout au long de nos carrières. Cette philosophie nous a rapporté d'énormes dividendes. On nous a offert des possibilités inattendues dans des positions de leadership au sein de nos sociétés de spécialité et de l'université. Pas parce que nous sommes brillants (nous ne le sommes pas), mais parce que nous traitons nos collègues, qu'ils soient spécialistes ou non, avec respect et avons toujours été solidaires et attentifs à leurs demandes d'aide.

Une anecdote marquante nous vient à l'esprit : lorsque Jay a reçu une greffe de cellules souches de son « clone donneur de pièces de rechange », son frère Ed, au centre de cancérologie de l'Hôpital Princess Margaret, il a reçu la visite de plusieurs collègues du Toronto General Hospital et, de façon inattendue, mais tout aussi appréciée, d'un préposé à l'entretien qui, après avoir appris qu'il était malade, venait offrir son soutien. De même, lors de ses multiples admissions au Toronto General Hospital au cours de cette même année, les infirmières administratrices principales, avec qui il avait travaillé il y a de nombreuses années au sein des services de médecine générale, lui ont apporté un soutien inestimable. Traitez bien les gens et ils vous traiteront bien en retour.

À titre d'éducateurs médicaux, c'est notre travail de former les membres de la prochaine génération afin qu'ils soient de meilleurs médecins que nous. Essentiellement, nous formons ceux qui nous poussent vers la sortie.

De nombreux merveilleux enseignants nous ont précédés. À l'Université de Toronto, Arthur Scott, docteur en médecine de la promotion 1953, nous a enseigné comment régler un problème médical à partir de principes de base fondés sur la physiologie élémentaire. Hugh Smythe, docteur en médecine de la promotion 1950, a enseigné les fondements de l’examen physique en rhumatologie. Grâce à lui, Ed peut maintenant former ses pairs rhumatologues de partout dans le monde afin qu’ils deviennent des experts de l’examen des articulations. Joe Marrotta, un neurologue clinicien exceptionnel de l’Hôpital St. Michael, nous a enseigné comment évaluer les événements neurologiques, d'abord sur le plan anatomique, puis sur le plan fonctionnel à l'époque où la tomodensitométrie et l'imagerie par résonance magnétique n'étaient pas encore envisagées. Son collègue Peter Kopplin, docteur en médecine de la promotion 1963 et interniste accompli, attentionné et professionnel, nous a démontré, avec son calme habituel, l'importance de la relation docteur-patient.

Et finalement, Bob Goldsmith, un expert en médecine tropicale de l'Université de la Californie (San Francisco), encourageait ses collègues (principalement Jay) à se retirer des positions de leadership « plus tôt que plus tard » pour permettre aux cliniciens plus jeunes de prendre la relève et de laisser leur marque. Il est très important, mais souvent très difficile, de savoir quand se retirer pour laisser la place à la prochaine génération, une façon plus subtile de donner au suivant.

Quelqu’un a déjà écrit : « Une bonne éducation peut changer n'importe qui, mais un bon professeur peut tout changer. » Nous avons tenté de faire profiter la génération suivante de notre expérience et de nos connaissances, en nous inspirant de ces cliniciens exceptionnels qui nous ont précédés.

La leçon que nous désirons transmettre à tous ceux qui lisent cet article est qu'il faut penser à ceux qui vous ont marqués ou qui ont été vos mentors, et aux façons de donner au suivant.

Le Dr Jay Keystone (à gauche) et le Dr Ed Keystone (à droite).

Reproduit avec la permission des Drs Ed et Jay Keystone et du Département de médecine légale de l'Université de Toronto. Mai 2019. Tous droits réservés.

Edward C. Keystone, M.D., FRCPC
Professeur de médecine, Université de Toronto
Directeur, The Rebecca MacDonald Centre for Arthritis and
Autoimmune Disease
Consultant rhumatologue, Mount Sinai Hospital
Toronto (Ontario)

Jay S. Keystone, C.M., M.D., M.Sc. (CTM), FRCPC
Professeur de médecine, Université de Toronto
Directeur, Toronto Medisys Travel Health Clinic
Unité des maladies tropicales, Hôpital général de Toronto
Toronto (Ontario)

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