Été 2019 (Volume 29, numéro 2)
Les soins palliatifs pour le rhumatologue : à quel moment commence la fin...
et pourquoi s’en soucier?
Par Alexandra Saltman, B.A. (Hons), M.D., FRCPC
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À quelle fréquence (le cas échéant)
dirigez-vous un patient atteint
d’une maladie rhumatismale limitant
l’espérance de vie vers des services de
soins palliatifs spécialisés?
Le feriez-vous si votre patient avait
des symptômes non maîtrisés, présentait
une détresse spirituelle, psychologique ou
sociale causée par sa maladie ou avait
une espérance de vie réduite et avait
besoin d’aide pour la planification des
soins avancés?
Dans quelle mesure seriez-vous à l’aise
de repérer les patients qui pourraient
tirer des bienfaits d’une approche de soins
palliatifs dans votre pratique? Et comment
présenteriez-vous cette approche à
votre patient?
Lorsque nous pensons aux soins palliatifs, nous pensons
souvent aux soins des patients mourants au cours de leurs
derniers jours, de leurs dernières semaines ou de leurs derniers
mois de vie. Cependant, en 2019, les soins palliatifs vont
bien au-delà de cette définition limitée. La soi-disant « troisième
vague » de soins palliatifs cherche à intégrer une approche
palliative à des traitements adaptés à la maladie dans
le cadre d’un continuum de soins. Cette approche vise à améliorer
la qualité de vie des patients atteints d’une maladie qui
limite leur espérance de vie par la prévention et le soulagement
de la souffrance, la maîtrise des symptômes et la prise
en charge de la détresse physique, psychosociale et spirituelle.
Cette approche est soutenue par un nombre croissant de
données probantes qui démontrent une amélioration de la
satisfaction du patient à l’égard des soins, une réduction du
fardeau des symptômes et, dans certains cas, une prolongation
de la survie lorsque l’approche de soins palliatifs est intégrée
rapidement dans la trajectoire de la maladie du patient1,2,3,4,5,6,7.
Au cours de la dernière décennie, nous avons été témoins
de progrès majeurs dans le traitement des maladies rhumatismales
généralisées, qui se sont traduits par une réduction de
la morbidité et de la mortalité pour un grand nombre de nos
patients. Toutefois, une population de patients est toujours
touchée : les patients atteints de vascularite systémique, de
sclérodermie généralisée et de myosite inflammatoire et ceux
présentant des poussées graves de lupus érythémateux disséminé
et de polyarthrite rhumatoïde. Chez
ces patients, la maladie limite toujours
l’espérance de vie et s’accompagne de
symptômes lourds et, souvent, d’un pronostic
sombre. Néanmoins, ces patients
n’ont pratiquement jamais accès aux soins
palliatifs et il existe peu de données sur
leurs besoins à cet égard8,9,10,11,12.
Parallèlement, les avancées récentes en
oncologie ont créé une deuxième population
de patients à l’intersection de ces
deux champs. En « réveillant le système
immunitaire », les nouveaux traitements
ciblés contre le cancer métastatique
(essentiellement, les inhibiteurs de points
de contrôle immunitaires) ont entraîné
l’apparition de nouvelles maladies autoimmunes
appelées événements indésirables
rhumatismaux liés au système immunitaire, qui touchent
environ un tiers de ces patients. Ce phénomène a donné naissance
à une autre population de patients ayant des besoins en
soins rhumatologiques et palliatifs.
Dès mes premières expériences cliniques, j’ai gravité vers les
soins aux patients atteints de maladies chroniques complexes.
J’étais attirée par les zones de chevauchement naturelles entre
la rhumatologie et les soins palliatifs, du fait que les deux
domaines sont axés sur la prise en charge de la douleur et des
symptômes, les interventions liées à la qualité de vie, les relations
longitudinales avec les patients et les familles et la prise
en charge de maladies chroniques complexes. Toutefois, pour
ces patients, je n’ai constaté que peu d’occasions, voire aucune,
d’accéder à des soins palliatifs au cours de ma formation,
sans compter que la nature de leurs maladies et les traitements
reçus rendaient souvent la prise en charge des symptômes et la
planification des soins de fin de vie particulièrement difficiles
pour les médecins traitants. C’est pour ces raisons que j’ai décidé
d’adopter un double rôle de rhumatologue et de médecin
en soins palliatifs.
Après avoir suivi une formation clinique avancée dans les
deux domaines de spécialité dans le cadre du programme de
formation surspécialisée en rhumatologie du Collège royal à
l’Université de Toronto, suivie d’une formation postdoctorale
en médecine palliative auprès du Réseau universitaire de santé,
j’ai créé un créneau à l’intersection de ces deux spécialités.
Pour piloter ce modèle de soins palliatifs surspécialisés intégrés
et prolongés en rhumatologie, j’ai mis sur pied deux nouvelles
cliniques à l’Hôpital Mount Sinai, à Toronto :
- la clinique de prise en charge avancée de la douleur
et des symptômes en rhumatologie, axée sur la prise
en charge des symptômes complexes, la planification des
soins palliatifs et les soins de fin de vie pour les patients
atteints de maladies rhumatismales généralisées chroniques,
complexes et limitant l’espérance de vie;
- la clinique de rhumatologie et d’immuno-oncologie, axée sur la prise en charge des patients présentant des
événements indésirables liés au système immunitaire
causés par des inhibiteurs de point de contrôle immunitaire
administrés pour le traitement de cancers avancés,
d’autres complications auto-immunes liées à l’immunothérapie
et des arthropathies liées au cancer.
N’hésitez pas à diriger des patients vers l’une ou l’autre
des cliniques pour une consultation en personne (ou en
télémédecine si le patient est éloigné géographiquement
et si cette modalité est appropriée sur le plan clinique).
Envoyez vos demandes par télécopieur au 416-586-8766
(à mon attention) ou par courriel à l’adresse : alexandra.saltman@
sinaihealthsystem.ca.
Alexandra Saltman, B.A. (Hons), M.D., FRCPC
Rhumatologue, Hôpital Mount Sinai
Médecin en soins palliatifs, Hôpital Princess Margaret
Réseau universitaire de santé, Toronto (Ontario)
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