Hiver (Volume 28, numéro 4)
Rapport 2018 de l’ACR
par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
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L’American College of Rheumatology (ACR) était de retour
à Chicago cette année après une absence de sept ans. Il
semble que le surnom de ville des vents attribué à Chicago
s’explique par les paroles en l’air lancées par ses politiciens
dans le passé. Cette année, le temps était venteux au sens
propre du mot. Nous avons traversé des zones de turbulence
durant le vol et avons souvent aperçu des débris emportés par
le vent alors que nous marchions sur le Magnificent Mile et à
proximité du lac Michigan.
La réunion a été tenue dans la spacieuse Place McCormick située
au sud du centre-ville, qui offre un excellent accès aux trains
de la CTA et à la navette de l’ACR. Les Canadiens étaient bien
représentés lors des cérémonies d’ouverture de remise de prix,
le titre de Master de l’ACR ayant été décerné à Earl Silverman et
Dafna Gladman ayant remporté un autre prix, cette fois celui du
Distinguished Clinical Investigator de l’ACR. Fait intéressant, parmi
les 21 nouveaux Masters de l’ACR, une seule personne était considérée
comme étant à la retraite, malgré l’exigence d’avoir 65 ans
et plus pour être détenteur du titre. Il semble que les rhumatologues
ont vraiment à coeur leur travail!
Sculpture à McCormick Square : Ces articulations sont-elles arthritiques?
Le célèbre dôme Tiffany au magasin Macy's State Street.
Comme je n’avais aucune affiche à présenter, j’ai eu beaucoup
plus de temps libre pour flâner de séance en séance.
Félicitations à Ines Colmegna et à Vinod Chandran pour leur
présentation orale pendant la séance plénière de l’ACR. Les
travaux de la Dre Colmegna et de son groupe de l’Université
McGill ont également été soulignés lors d’une conférence de
presse de l’ACR. Son résumé no 837 mettait l’accent sur l’amélioration
de la réponse immunitaire chez les patients séropositifs
atteints de polyarthrite rhumatoïde ayant reçu une forte
dose d’un vaccin trivalent contre la grippe par rapport à une dose standard d’un vaccin quadrivalent. Cela est bon à savoir
alors que la saison de la grippe approche. Le résumé no 2787
du Dr Chandran montrait que le dimorphisme du résidu -21
du HLA de classe 1 permet de différencier le rhumatisme psoriasique
du psoriasis. Chez les patients atteints de psoriasis
faisant partie de la cohorte de découverte et ayant participé
à la reprise de l’étude, la prévalence du résidu -21M était nettement
inférieure à celle relevée chez les sujets témoins et les
sujets atteints de rhumatisme psoriasique.
Cette étude a fourni des données sur le rôle potentiel des
cellules tueuses naturelles dans la pathogenèse du rhumatisme
psoriasique et a mené à la découverte d’un marqueur
génétique permettant de différencier le rhumatisme psoriasique
du psoriasis. Je n’utiliserai plus l’abréviation PsO pour
« psoriasis » si l’expression à utiliser est « psoriasis sans rhumatisme
psoriasique ».
La réunion a commencé par la séance « Revue de l’année » de
l’ACR dont le contenu était varié et intéressant; il a notamment
été question de la découverte récente d’une cellule souche
squelettique humaine. Les cellules quelque peu méconnues,
comme les fibroblastes et les cellules stromales, peuvent jouer
un rôle important dans la pathogenèse des maladies rhumatismales.
Les plaquettes peuvent céder des sucres aux anticorps
glycolysés. Du point de vue clinique, aucune hémorragie
n’est survenue à la suite des 1 050 ponctions ou injections
articulaires réalisées à la Mayo Clinic chez des patients traités
par des anticoagulants oraux directs (AOD) ou des nouveaux
anticoagulants oraux (NACO). Les opioïdes ne sont pas plus
efficaces que les autres médicaments pour améliorer la capacité
de fonctionnement et les répercussions de la douleur sur
les activités de la vie quotidienne chez les patients atteints
d’arthrose de la hanche ou du genou ou souffrant de douleurs
chroniques dans le bas du dos, mais sont moins efficaces pour
réduire l’intensité de la douleur. Apparemment, une étude portant
le nom de DREAM a été menée et un registre DREAM a
été créé. L’étude DREAM a révélé que les acides gras oraux ne sont pas efficaces pour traiter la sécheresse oculaire chez les
patients atteints du syndrome de Sjögren. Le taux de mortalité
associé au lupus érythémateux disséminé (LED) est en baisse,
mais ne diminue pas aussi rapidement que le taux de mortalité
chez les populations non atteintes du LED. Les chercheurs du
registre ARTIS ont conclu que, dans l’ensemble, les inhibiteurs
du TNF n’augmentent pas le risque de récidive du cancer en
présence de polyarthrite rhumatoïde.
Dans le cadre de la séance, de nombreux articles ont été
présentés, notamment sur les inhibiteurs de JAK, les maladies
cardiovasculaires en présence de polyarthrite rhumatoïde, les
données en situation réelle sur l’efficacité et l’innocuité de
nombreux traitements courants, les résultats chez les patients,
les agents biosimiliaires toujours topiques et les effets indésirables
sur le système immunitaire des inhibiteurs de points de
contrôle immunitaires utilisés en oncologie. Les participants
ont été informés des nouveaux critères et lignes directrices
de l’ACR et de l’ACR/EULAR sur la santé reproductive des patients
atteints d’une maladie rhumatismale, la vascularite des
gros vaisseaux et la maladie associée aux IgG4.
Les « JAK » étaient partout à l'ACR 2018.
J’ai vraiment pris plaisir à assister au grand débat sur la surveillance
des patients traités par l’hydroxychloroquine (HCQ)
afin de détecter tout signe de toxicité rétinienne. Les deux débatteurs,
soit le Dr James Rosenbaum (le seul rhumatologue
dirigeant un département d’ophtalmologie) et la Dre Michelle
Petri (lupologue passionnée au Hopkins Lupus Center), ont
fait un excellent travail. À mon avis, la Dre Petri a remporté le
débat grâce à son argument selon lequel la toxicité de l’HCQ
est faible, traitable et réversible si elle est traitée hâtivement et
que l’efficacité documentée de l’HCQ dans la prévention de la
morbidité et de la mortalité associées au LED ne doit pas être
remise en doute.
Le Dr John O’Shea, le scientifique principal responsable de
la mise au point des inhibiteurs de JAK, a donné un excellent
aperçu de la question. Avec la découverte de 4 Janus kinases
régulant l’action de 57 cytokines (y compris l’hormone de
croissance et la leptine), il est normal que les scientifiques
puissent être quelque peu confus. Le Dr O’Shea a passé en revue
tous les agents et les essais cliniques connexes et a discuté
des difficultés à évaluer la sélectivité des agents. Il a ajouté que
de nouvelles formulations d’inhibiteurs de JAK pourraient voir
le jour; ils pourraient être offerts sous forme inhalée, topique
et non absorbable. Il a également parlé de l’oclacitinib, un inhibiteur
de JAK dont l’emploi est approuvé uniquement pour
traiter la dermatite atopique canine. J’ai récemment vu ce médicament
lorsque j’ai passé en revue la médication prescrite
à un chien de notre famille élargie (la marque nominative du
médicament est Apoquel, ce qui m’a fait penser à une version
générique de Seroquel, mais j’avais tort).
Les Gentlemen Statues près de la rivière Chicago, au centre-ville.
Bref, une autre réunion réussie dont le programme était
bien rempli, mais qui nous a tout de même laissé suffisamment
de temps pour apprécier l’architecture, les boutiques et les
restaurants de Chicago. L’an prochain, l’assemblée annuelle
2019 de l’ACR se tiendra à Atlanta.
Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
Rédacteur en chef du JSCR,
Scarborough (Ontario)
L'avenir des soins de santé : Vision pour 2030.
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