Été 2018(Volume 28, numéro 2)
Entrevue avec Ahmad Zbib : le nouveau PDG de la SCR
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Pouvez-vous nous faire un
résumé de vos antécédents
professionnels?
J’ai toujours voulu pratiquer la médecine
mais les circonstances m’ont
amené ailleurs. Après avoir obtenu
mon diplôme en médecine, j’ai effectué
trois mois d’internat aux urgences
et en salle d’opération. Puis, en 2003,
je suis déménagé au Canada. Comme
tout autre étudiant étranger en médecine
à cette époque, le parcours
vers l’accréditation et, dans mon cas,
vers la spécialisation, a été parsemé
de zones d'ombre, de bureaucratie,
d’examens coûteux et de discussions
interminables avec des personnes qui
n’avaient rien à m’offrir. Néanmoins,
j’ai décidé de faire une demande aux États-Unis. Alors que
je préparais mon examen pour recevoir un permis de pratique
de la médecine aux États-Unis, j’ai obtenu mon premier
emploi au sein de la Heart and Stroke Foundation. On
peut donc dire que j’ai passé l’essentiel de ma carrière dans
des organismes investis de missions où j’ai beaucoup appris
et acquis les compétences qui me valent une entrevue avec
vous, à titre de PDG de la Société canadienne de rhumatologie
(SCR). J’ai occupé des postes en application de la
recherche, en éducation des patients et du public ainsi
qu’en services de santé numériques. J’ai fait partie d’équipes
de direction en commercialisation et en stratégie, j’ai dirigé
le développement d’entreprises à l’échelle nationale et,
plus récemment, j’ai été membre de la direction de la plus
importante division de la Société de l'arthrite au Canada.
Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de votre
travail à la Société de l'arthrite?
J’ai commencé à travailler à La Société au développement
de l’entreprise à l’échelle nationale. J’étais responsable
de recueillir des fonds, principalement de la part d’entreprises,
afin de financer la mission de La Société. Peu après
mes débuts, le directeur administratif de la division de
l’Ontario a quitté l’agence et le PDG
de la Société de l’arthrite a communiqué
avec moi pour m’offrir ce poste.
Dans le cadre de cette fonction, j’ai
dirigé une équipe de collecteurs de
fonds et de gestionnaires de programme,
à l’oeuvre partout en Ontario.
J’ai eu l’honneur de rencontrer
des personnes devant composer avec
l’arthrite, qui m’ont renseigné au sujet
des importantes répercussions
que leur maladie avait sur leur vie.
J’ai aussi été inspiré par leur soutien
à la cause pour que les générations
futures aient une meilleure chance de
bénéficier d’une cure.
Vous avez étudié en médecine;
qu’est-ce qui vous avait d’abord attiré dans
ce domaine?
Aussi cliché que cela puisse paraître, j’ai toujours voulu être
médecin – mis à part une phase où j’ai presque fait subir
une crise cardiaque à mes parents en leur annonçant que
je voulais être disc-jockey. Aussi loin que je me souvienne,
j’ai toujours été fasciné par la biologie et je souhaitais
ardemment pouvoir tirer profit de mes connaissances afin
d’aider ou de guérir les autres. Je me souviens qu’enfant,
j’expliquais à mon père que je désirais mettre sur pied une
clinique pour aider les moins fortunés. Cela m’a grandement
motivé à m’inscrire à l’école de médecine.
Pouvez-vous citer une personne ou un mentor qui
vous a inspiré sur le plan professionnel?
Mon père m’a appris qu’on doit toujours donner plus que
ce qu’on s’attend à recevoir. Cela a toujours été un principe
directeur dans ma vie professionnelle, peu importe le poste
que j’occupais. Ma mère disait que rien ne se produit en
vain et que, si on est patient, une meilleure option se présentera
bien assez tôt. Quelques-uns de mes patrons ont
investi leur temps et leurs ressources en moi et cela a fait
de moi la personne que je suis aujourd'hui.
Qu’espérez-vous apporter à la SCR, en tant
que PDG?
Une attention presque obsessionnelle aux désirs et aux
besoins de nos membres actuels et futurs, une excellence
opérationnelle, de l’innovation et une viabilité financière.
Jusqu’à maintenant, quels ont été les aspects les
plus gratifiants et les aspects les plus difficiles de
ce nouveau poste?
Le plus gratifiant est de travailler avec des bénévoles dévoués
à la mission de cette organisation. Le plus difficile...
c’est de travailler de la maison, où vous ne partez jamais
du bureau.
D’après vous, quels défis futurs devront relever
les rhumatologues canadiens? Que peuvent
faire chaque rhumatologue et la SCR afin de
contribuer à surmonter ces défis?
Un des plus gros défis que j’entrevois est le vieillissement
de la population, lequel ne sera pas coordonné avec une
augmentation du nombre d’établissements de formation
en rhumatologie. Il faut ajouter à cela le fait qu’au cours
des 5 à 10 prochaines années, 30 % des rhumatologues auront
atteint l’âge de la retraite. Cette situation amplifiera la
pénurie de rhumatologues et alourdira le fardeau qui pèse
déjà sur les cabinets très occupés, ce qui ne fera qu’allonger
le temps d’attente pour les patients.
La SCR soutient déjà de nombreux projets de modèles
de soins qui ont le potentiel de réduire cette pression.
En outre, nous sommes en train d’étudier les variations
régionales de l’accès aux rhumatologues et nous facilitons
la discussion entre les stagiaires et les rhumatologues de
collectivités situées en région rurale ou mal desservie.
Si vos journées comptaient une heure de plus,
comment l'utiliseriez-vous?
Je m’amuserais avec mes enfants.
Ahmad M Zbib, M.D., CPHIMS-CA
Président-directeur général, Société canadienne de rhumatologie
Mississauga (Ontario)
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