Été 2018 (Volume 28, numéro 2)
Prix du rhumatologue émérite : Dr Alan Rosenberg
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Pourquoi êtes-vous devenu
rhumatologue? Quels sont les
facteurs ou les personnes qui vous
ont inspiré à entreprendre cette
carrière?
En tant qu’étudiant en médecine et
résident en pédiatrie, j’étais stupéfait
chaque fois que j’étais confronté à
un enfant atteint de maladie rhumatismale.
Malgré les soins spécialisés
reçus par nombre d’entre eux, il semblait
que ces enfants, affaiblis par la
difformité et la douleur et dont les
afflictions étaient si mal comprises,
méritaient plus. Ce sont les enfants
atteints de maladies rhumatismales et
leurs familles, de qui j’ai eu le privilège d’apprendre, qui
m’ont captivé et qui ont suscité mon intérêt pour la rhumatologie
pédiatrique. J’ai terminé par résidence en pédiatrie
à l’Université du Manitoba, où j’ai eu la chance d’arriver
au même moment que Ross Petty. Après avoir terminé sa
formation en pédiatrie et en rhumatologie pédiatrique à
Ann Arbor, Ross, également un diplômé de l’Université de la
Saskatchewan, est revenu au Canada pour devenir le premier
rhumatologue pédiatrique officiellement formé du pays. La
prise en charge avisée et compassionnelle de Ross, son
excellence dans l’enseignement et ses innovations visionnaires
et créatrices ont été des influences puissantes qui
ont renforcé ma passion pour le domaine.
Au moment où j’ai terminé ma formation, il y avait
plusieurs personnes qui croyaient que la spécialité de
la rhumatologie pédiatrique était inutile et insensée. Le
défunt Dr Don Mitchell, rhumatologue pour adultes à
l’Université de la Saskatchewan, pensait autrement. Don
a reconnu qu’il existait des différences importantes entre
les enfants et leurs maladies et les adultes et il a persuadé
le département de pédiatrie de recruter un rhumatologue
pédiatrique. Il a été un mentor mémorable pendant ma
formation à l’école de médecine et m’a incité à revenir en
Saskatchewan.
Les membres de la communauté de
rhumatologie pédiatrique du Canada
se distinguent par un engagement sans
compromis envers le bien-être des patients,
la préparation de la prochaine
génération de professionnels de la santé
et l’acquisition de nouvelles connaissances
par la recherche collaborative et
créative. Un si grand nombre de mes
collègues en rhumatologie pédiatrique,
trop malheureusement pour les nommer,
ont été des sources d’inspiration,
de connaissance et de sagesse.
Selon vous, quels sont les défis
que les rhumatologues canadiens
pour adultes et pour enfants devront affronter dans
l’avenir, et qu’est-ce que la SCR et eux peuvent faire
pour les surmonter?
Les progrès récents dans la rhumatologie pour enfants et
pour adultes ont été incroyables. Nous devons remercier nos
patients et nos familles qui ont inspiré ce progrès et qui y
ont contribué. Toutefois, nous sommes encore vraiment loin
de comprendre ces maladies. Nous ne connaissons pas leurs
causes, notre compréhension de leur pathogenèse est encore
rudimentaire, nos traitements se sont remarquablement
améliorés, mais leur efficacité n’est toujours pas aussi prévisible
et ils ne sont pas encore aussi sécuritaires que nous le
souhaitons, et nous n’avons aucune façon de les guérir ou
de les prévenir. Cependant, je crois que nous sommes à la
veille d’une merveilleuse ère de découvertes, propulsée par
la créativité et l’ingénuité collectives et par de formidables
nouvelles technologies qui mettront en évidence les facteurs
biologiques, sociaux, environnementaux et liés au mode de
vie qui, ensemble, provoquent la maladie. Ces découvertes
qui changeront des vies ne seront possibles qu’en créant
des alliances avec des collaborateurs provenant d’un éventail
éclectique de domaines qui élaboreront des stratégies
conçues de façon rationnelle et réalisable de façon réaliste
pour guérir et prévenir les maladies rhumatismales.
En tant que rhumatologues, nous devons continuer à
accepter la difficulté de défendre nos patients avec une
vigueur sans compromis pour qu’ils obtiennent les ressources
qu’ils méritent. En tant que personnes et collectivement
par le truchement d’associations comme la SCR,
nous devons promouvoir l’idée qu’investir dans la prise en
charge, l’éducation et la recherche concernant les maladies
rhumatismales donnera de meilleurs résultats à des coûts
moindres pour les patients, les familles et la société.
Nos collectivités autochtones canadiennes continuent à
supporter un fardeau disproportionné associé aux maladies
rhumatismales. Il est encore difficile de lutter efficacement
contre les disparités dérangeantes dans la santé et les soins
de santé pour nombre de peuples autochtones atteints de
maladies rhumatismales. Nous devons commencer à mobiliser
plus efficacement nos collectivités autochtones et
nous laisser guider par leur sagesse et leurs points de vue.
Inciter les jeunes autochtones à poursuivre des carrières en
soins de santé en général et en rhumatologie en particulier
devrait être une étape importante vers une mobilisation
efficace et une meilleure santé.
Le Dr Alan Rosenberg reçoit son prix de la Dre Joanne Homik.
Quelles sont les idées les plus importantes que les rhumatologues
pédiatriques devraient transmettre à leurs
collègues rhumatologues pour adultes?
Il n’y a pratiquement pas de maladies qui ne commencent
pas avant de commencer. Autrement dit, les causes de
presque toutes les maladies, surtout les maladies chroniques
comme les maladies rhumatismales, existaient bien
avant que la maladie ne se manifeste ouvertement. Il y a des
preuves convaincantes et, dans de nombreux cas, irréfutables
que les origines de ces maladies remontent à l’enfance
ou à avant la naissance. Pour améliorer et personnaliser
la prise en charge des patients et pour guérir et prévenir
les maladies rhumatismales, nous devons commencer à
investir plus intelligemment et vigoureusement dans la
compréhension des tout premiers facteurs génétiques,
sociaux, environnementaux et liés au mode de vie qui
influencent la survenue et les résultats des maladies
rhumatismales.
En tant que rhumatologues pédiatriques, nous devons
être plus à l’écoute des résultats à long terme, à l’âge
adulte, de nos patients pour pouvoir juger efficacement
des conséquences futures des interventions que nous
choisissons pour nos patients pédiatriques. La promotion
d’une plus grande cohésion entre les rhumatologues pour
adultes et pour enfants aidera à optimiser la transition de
nos patients pédiatriques vers une prise en charge à l’âge
adulte et leurs résultats à long terme en matière de santé.
Qu’aimez-vous le plus de votre vie et de votre travail en
Saskatchewan?
J’ai eu la chance de retourner en Saskatchewan après ma
formation. Même si nous n’avions pas prévu de rester
en Saskatchewan plus de quelques années, plusieurs
décennies plus tard, nous sommes toujours bien installés
et heureux dans une collectivité prospère, vibrante et progressive
qui grouille d’activités culturelles et récréatives.
Le milieu académique fournit énormément de soutien et
est imprégné d’une puissante culture de collaboration. Le
fait d’avoir tous les domaines des sciences de la santé sur
le campus de l’Université et l’accès à des installations de
recherche de renommée mondiale comme le Centre canadien
de rayonnement synchrotron offre des possibilités
uniques d’interagir avec des scientifiques réputés et des
technologies de pointe.
L’esprit chaleureux et respectueux des Prairies se reflète
dans les collègues avec qui je travaille et les patients et
familles que nous avons le privilège de servir.
Alan Rosenberg, M.D., FRCPC
Rhumatologue pédiatrique,
Royal University Hospital
Professeur,
Université de la Saskatchewan
Saskatoon (Saskatchewan)
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