Printemps 2017 (volume 27, numéro 1)
Excusez-moi, aimeriez-vous devenir rhumatologue?
Par Volodko Bakowsky, M.D., FRCPC Télécharger le PDF
On m'a demandé d'écrire un article sur les défis associés au recrutement de stagiaires en rhumatologie selon la perspective atlantique canadienne. Je présume que notre perspective est plus ou moins la même que celle du reste du Canada, sauf que nous sommes plus polis, d'où le titre de cet article.
Défi no 1 : la valorisation de notre « marque »
Je m'excuse si mes propos offensent certains traditionalistes (notez la politesse ici), mais je crois que le nom de notre profession contribue peu à l'établissement de notre « marque ». Si nous devions choisir le nom de notre spécialité aujourd'hui, opterions-nous vraiment pour rhumatologie? La partie « ologie » va de soi. Mais la partie « rhumat » ne fait pas grand-chose pour notre notoriété. Si je cherche le terme « rhumat » dans Google, j'obtiens la définition suivante : « troisième personne du singulier (il, elle) de l'imparfait du subjonctif du verbe rhumer ». Hmm.... Je me demande si ce concept a été présenté à un groupe de discussion. Bien sûr, une explication historique est à l'origine du choix de ce terme, mais le temps est peut-être venu de nous refaire une image grâce à un nom qui capte l'essence de notre expertise. J'aimais dire à la blague que même ma mère ne savait pas ce qu'était un rhumatologue. Combien de fois avons-nous dû expliquer ce que nous faisons exactement? Je ne pense pas que les cardiologues, les chirurgiens orthopédistes, les pédiatres et les neurochirurgiens (et bien d'autres spécialistes) vivent les mêmes difficultés. Il est difficile d'attirer l'attention lorsque les gens ne comprennent pas qui vous êtes et ce que vous faites.
Défi no 2 : l'exposition
Lorsqu'on demande aux étudiants et aux résidents en médecine quels ont été les principaux facteurs ayant motivé leur choix de carrière, ils mentionnent généralement que le fait d'avoir été exposés à un domaine de façon précoce a joué un rôle clé dans leur attirance pour une profession. L'exposition permet également aux étudiants de s'identifier à un modèle, ce qui est sans doute le facteur d'influence le plus déterminant parmi ceux rapportés par les sondages.
Le défi est alors de savoir comment augmenter l'exposition alors que la tendance en éducation médicale semble être de réduire le temps consacré au contenu scientifique et médical. Par exemple, à Dalhousie, lors de la révision du programme effectuée il y a quelques années, le temps consacré au domaine musculosquelettique est passé de six à cinq semaines, et ce temps est maintenant partagé avec la dermatologie. De plus, le nombre de cours magistraux par semaine a été réduit environ de moitié. Ils ont été en partie remplacés par un enseignement fondé sur des cas offert par des non-spécialistes, c'est-à-dire des non-rhumatologues et, dans de nombreux cas, des non-internistes et des non-spécialistes des muscles et du squelette. Des changements similaires sont survenus partout au pays.
Le défi se poursuit même après l'entrée des étudiants en résidence de médecine interne. La rhumatologie n'est habituellement pas un stage de base obligatoire. Les résidents qui font un stage en rhumatologie le font souvent vers la fin du tronc commun de leur formation en médecine interne, alors qu'ils ont déjà choisi leur cheminement de carrière.
Alors, quelle est la solution? L'équipe du projet TROT (Training the Rheumatologists of Tomorrow), sous la direction des docteurs Cividino et Legault, s'efforce d'améliorer la notoriété de notre « marque », notamment en s'adressant aux étudiants sur les réseaux sociaux (campagne #MakeRheum) et en explorant d'autres occasions d'augmenter l'exposition à notre domaine. Nous devons maximiser notre efficacité en fonction du temps dont nous disposons. Nous devons agir à la fois comme bénévoles, enseignants, percepteurs et tuteurs. Nous devons être des modèles à part entière. Enfin, nous devons communiquer notre enthousiasme pour notre spécialité et montrer à quel point elle est gratifiante, tant humainement qu'intellectuellement.
Volodko Bakowsky, M.D., FRCPC
Chef intérimaire de la division / Chef, professeur agrégé,
Division de rhumatologie,
Département de médecine, Université Dalhousie
Président, Society of Atlantic Rheumatologists (SOAR)
Halifax (Nouvelle-Écosse)
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