Printemps 2017 (volume 27, numéro 1)
Dilemme en rhumato : « You Used to Call Me on My Cell Phone* »
Par Tom Appleton, M.D., Ph.D., FRCPC Télécharger le PDF
En début de carrière, il est impossible d'être entièrement préparé à passer de stagiaire à rhumatologue autonome sans anicroche et sans doute. Bien sûr, notre formation rend cette transition possible, mais, à un certain point, on doit simplement faire le saut, prudemment, et apprendre à nous adapter à d’innombrables situations desquelles on a été protégé pendant les stages. Cette transition s’inscrit dans l'ordre naturel des choses.
Néanmoins, au cœur de notre profession de rhumatologue se trouvent des personnes atteintes de maladies rhumatismales. Notre objectif fondamental est d’aider, de guérir et de fournir les meilleurs soins possible. Dans ce contexte, il n’y a simplement aucun moyen de combler l’écart entre l'inexpérience du rhumatologue débutant et l’expérience du collègue rhumatologue chevronné en milieu ou en fin de carrière du bureau voisin, à condition bien sûr d'être suffisamment chanceux d’avoir un tel collègue tout près pour vous donner des conseils et vous rassurer.
Lorsque j’ai eu l’occasion de participer à la série de téléconférences « Dilemme en rhumato », je l’ai saisie. Ces téléconférences sont destinées à des praticiens débutants, comme moi. Prodiguer des soins aux patients est un acte à la fois excitant et inspirant l’humilité, et bon nombre des conclusions tirées des téléconférences « Dilemme en rhumato » reflètent l’excellente formation des rhumatologues au sein du système canadien, tandis que d’autres démontrent la complexité du domaine de la rhumatologie, où l’incertitude est la règle et non l'exception. Jusqu’à maintenant, à la clinique, il ne s’est pas passé une journée (et même une demi-journée?) sans que je rencontre au moins un cas de « je ne sais pas vraiment ce que vous avez ». C’est ce type de cas que mes collègues et moi présentons aux séances « Dilemme en rhumato » toutes les quatre à six semaines afin d’en discuter avec un expert, habituellement la Dre Janet Pope. Tous les participants aux téléconférences donnent également leurs avis, ce qui est intéressant et instructif; en effet, il est utile de savoir comment d’autres spécialistes du même niveau que le nôtre abordent les cas difficiles.
Parfois, nous obtenons des réponses claires et de nouvelles idées que nous pouvons mettre en pratique en clinique. Dans bien des cas, nous sommes simplement rassurés de constater que la rhumatologie est un domaine très complexe et que nous n’aurons sans doute jamais toutes les réponses. De bien des façons, c’est cet aspect de la rhumatologie qui m’a d'abord attiré. Cette complexité est à la fois une bénédiction et une malédiction, mais une chose est sûre : jamais l’on ne manquera de stimulation dans cette spécialité. Reconnaître les difficultés que pose l'exercice de la rhumatologie amène aussi à réaliser qu'il existe un risque bien réel d'omettre ou de mal interpréter certains signes. Le fait de pouvoir examiner des cas avec d’autres spécialistes du domaine est donc un atout précieux, même si cela exige d’y consacrer une heure ou plus, tard en soirée, à l’heure de l’Est.
Les rhumatologues qui exercent en groupe peuvent profiter de l’expérience d’homologues chevronnés pour les cas les plus difficiles, mais cet avantage unique n'est pas offert à tous. Pour un rhumatologue expérimenté et motivé à la recherche d’un projet à réaliser, il pourrait être intéressant de lancer une ligne d'assistance téléphonique inspirée de l'initiative « Dilemme en rhumato ». Ce service serait particulièrement utile pour les rhumatologues débutants désirant obtenir une opinion ou un conseil en temps réel. Bien qu’une telle proposition pourrait être trop gourmande en ressources pour être viable, la série de téléconférences « Dilemme en rhumato » est offerte à titre gracieux aux jeunes rhumatologues, et je la recommande vivement à mes pairs. Toutefois, le vrai dilemme auquel nous sommes confrontés est la façon de recruter et de former davantage de rhumatologues au Canada. Avec le départ à la retraite plus ou moins rapproché de certains de nos collègues expérimentés, nul doute que nous avons du pain sur la planche.
*En référence à la chanson « Hotline Bling » (2016) de Drake.
Tom Appleton, M.D., Ph.D., FRCPC
Professeur adjoint en rhumatologie et en médecine
Départements de médecine et de physiologie et pharmacologie
Chercheur, Lawson Health Research Institute
Schulich School of Medicine & Dentistry, Université Western
Centre de rhumatologie, St. Joseph’s Health Care London
London (Ontario)
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