Printemps 2016 (volume 26, numéro 1)
L’imminente pénurie de
rhumatologues est préoccupante
Télécharger le PDF
Le Dr Jamie Henderson, rhumatologue de Fredericton, souhaite rencontrer les patients susceptibles d’être atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) dans les six à huit semaines suivant l’apparition de leurs symptômes. Il sait que plus il les voit tôt, meilleurs sont les résultats. Il intervient souvent dans la communauté pour discuter de cette nécessité avec des médecins de famille de la région.
Le Dr Henderson a pratiqué la médecine pendant 35 ans avant de prendre sa retraite l’automne dernier. Il avait beaucoup de travail et une liste d’attente, de sorte qu’il n’était parfois pas possible pour lui de voir un nouveau patient atteint de PR dans un délai de deux mois. Les nouveaux cas de PR sont courants, et lorsqu’on est atteint de la maladie, c’est pour la vie. Au fil des ans, le Dr Henderson a cumulé plusieurs milliers de patients qui avaient besoin de lui pour surveiller leur médication et suivre la progression de leur maladie.
Dr Jamie Henderson.
À l’aube de sa retraite, le Dr Henderson n’avait personne pour le remplacer. Aucune relève n’avait été prévue pour reprendre sa liste de patients, qui ne cessait de s’allonger.
« Cette pensée m’empêchait de dormir, confie-t-il. Nous avons besoin de plus de personnel aux premières lignes. »
Le Dr Henderson estime que le Canada est parvenu à un moment charnière pour les rhumatologues. En effet, plus de la moitié d’entre eux ont plus de 50 ans, et bon nombre ont dépassé les 70 ans. « Ils sont les leaders du groupe. Qui prendra leur place? Certains travailleront après 65 ans, mais ce n’est pas le cas pour tous. »
Si les patients ne peuvent pas avoir accès à un rhumatologue, ce sont leurs soins qui sont compromis. Même lorsqu’une personne atteinte d’arthrite suit un traitement, elle doit rencontrer un rhumatologue au moins une fois par année pour assurer un suivi. Si l’arthrite inflammatoire est active et qu’on teste un nouveau médicament, des visites sont nécessaires aux trois mois.
« Ces traitements sont absolument essentiels, explique le Dr Henderson. Les rhumatologues de ma génération, qui approchent la fin de leur carrière, savent à quel point la PR peut être dévastatrice; ils en ont vu les conséquences. »
Le manque de rhumatologues ne fait que s’exacerber au Canada. Les régions peu peuplées sont les exemples les plus frappants de ce problème. Certaines comptent un seul de ces spécialistes, d’autres, aucun. Comme il y a moins de 425 rhumatologues au pays, il n’est pas rare que des patients doivent faire plusieurs heures de route pour en rencontrer un.
C’est à cause de cette pénurie que la Société de l’arthrite cherche à inciter – notamment grâce aux bourses salariales – une nouvelle génération de rhumatologues à fournir des soins de première ligne aux personnes atteintes d’arthrite.
Et ça fonctionne.
« Quand j’étudiais, ma première année a été financée
par la Société de l’arthrite, explique le Dr Henderson. Sans
ce financement, je ne serais probablement pas devenu
rhumatologue. »
Les subventions de la Société dirigent de nouveaux étudiants en médecine vers la rhumatologie, ce qui aide à
contrer la pénurie au pays, mais plus de financement serait nécessaire.
« Nous avons été chanceux de trouver quelqu’un pour reprendre ma pratique au printemps. Toutefois, avec tous mes collègues à la retraite ou sur le point de l’être, nous devons en faire davantage pour garantir que suffisamment de jeunes cliniciens prometteurs se dirigent dans ce domaine afin de répondre aux besoins des patients. »
La Société de l’arthrite remercie le Dr Henderson de nous avoir fait part de son opinion. Si vous souhaitez contrer
le manque de rhumatologues au Canada, songez à soutenir la Campagne des membres de la Société de l’arthrite et de la SCR en communiquant avec Sandra Dow à l’adresse sdow@arthrite.ca ou au 416-979-7228, poste 3343. |