Printemps 2016 (volume 26, numéro 1)
Dis-jointes?
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La rubrique « Articulons nos pensées » de ce numéro s’envole en fumée! La SCR a présenté un groupe
d’experts brûlant pour la séance des Controverses en rhumatologie de 2016 lors de l’Assemblée scientifique annuelle (ASA). La SCR a effectué un sondage auprès des membres qui étaient présents à la séance ainsi qu’auprès de ceux qui n’ont pas pu participer à l’ASA. Voici ce qui couvait sous le feu. La colonne de gauche des tableaux présente les résultats des non-participants, tandis que la colonne de droite présente les résultats recueillis sur le site de l’ASA par le biais de l’application Sli.do.
A priori, le Dr Andy Thompson et ses rhumato-chroniqueurs ont noté que le système endocannabinoïde est
important pour le maintien de l’homéostasie. Ce système endocannabinoïde abaisse le système « lutte vs fuite » du
système nerveux sympathique. Les endocannabinoïdes réduisent le stress et la douleur et améliorent l’appétit et le sommeil1.
La douleur chronique est prévalente. Au Canada, environ une personne sur cinq souffre de douleur chronique, ce qui se traduit par environ six millions de personnes à l’échelle nationale1. La douleur chronique englobe une constellation de symptômes, incluant notamment la douleur, l’insomnie, les nausées, les troubles cognitifs, la dépression et l’anxiété. Les opioïdes sont souvent utilisés dans la prise en charge de la douleur chronique, mais une revue de la Collaboration Cochrane a conclu que les opioïdes n’ont qu’un léger effet sur la douleur et la fonction physique1.
Le Dr John Pereira a ouvert la séance des Controverses en rhumatologie, offrant le point de vue d’un prescripteur et invitant l’auditoire à considérer si la marijuana médicinale est plus risquée que les opioïdes réguliers actuellement utilisés pour la prise en charge de la douleur chronique, compte tenu de la tolérance, de l’accoutumance et du risque de
surdose (Tableau 1). Parmi les répondants, 84 % de ceux en dehors de l’ASA et 97 % de ceux qui ont assisté à la séance sur les Controverses en rhumatologie ont affirmé que cette déclaration était fausse. Le Dr Pereira a exhorté l’auditoire à garder l’esprit ouvert et à envisager la marijuana médicinale, y compris certaines souches minimalement psychoactives. Les médecins doivent reconnaître que de façon générale, nous manquons de choix de traitements pour la douleur chronique et nous devrions envisager les options qui se présentent1.
Poursuivant la discussion, la Dre Mary-Ann Fitzcharles a demandé si l’option de « faire partir les douleurs articulaires en fumée » est vraiment la meilleure approche pour les patients souffrant de douleur chronique2. Elle a soulevé la question des données probantes fort convaincantes sur l’accoutumance à la marijuana. Les réponses données n’étaient certainement pas dis-jointes (Tableau 2), avec 82 % des non-participants à l’ASA et 92 % des participants affirmant que la marijuana cause des changements au niveau des amygdales et du noyau accumbens chez les jeunes consommateurs de cannabis quotidien à des fins récréatives. Une accoutumance se développe chez 9 % de tous les utilisateurs1.
Le Dr Steven Bellemare a conclu la séance avec un survol des considérations médico-légales pour la prescription de cannabinoïdes pour les affections rhumatismales. Il a présenté un scénario où un médecin envisage de signer le document médical pour donner accès à la marijuana médicinale à un de ses patients. Dans ce scénario, le médecin consulte un certain nombre de ressources pour s’assurer que sa pratique se situe dans la norme de soin acceptable. Il demande ensuite à l’auditoire avec les lignes directrices ou recommandations de quels organismes est-il le plus important d’aligner sa pratique (Tableau 3). Parmi les répondants en dehors de l’ASA, 75 % affirmaient que l’organisme réglementaire provincial était celui qui devait guider notre
pratique en premier lieu. La grande majorité (91 %) de ceux qui ont assisté à la séance était du même avis. Là encore, pas d’opinions dis-jointes!
Le message à retenir de la séance des Controverses en
rhumatologie est qu’il y a un certain degré de poudre aux yeux en jeu dans la discussion sur l’usage médicinal de la marijuana chez les patients souffrant de douleur chronique. Le consensus général était que les médecins devraient se méfier des risques pour les patients et la société lorsqu’ils envisagent les autres options thérapeutiques en fonction des données disponibles à l’heure actuelle.
Références :
1. Thompson A. Medical Marijuana for Chronic Pain - All Smoke and Mirrors? Disponible à l’adresse : www.rheumreports.com/?report=373&title=Medical_Marijuana_for_Chronic_Pain-
-All_Smoke_and_Mirrors%3F&c=2016_CRA_AHPA&r=%2Freportersphp%3Fview
%3DAndyThompson
%26c%3D2016_CRA_AHPA%26r%3%252Freporters.php
2. Fitzcharles MA. Smoke that joint away. A prescription for herbal cannabis: Primum non nocere.
Disponible à l’adresse : www.rheum.ca/images/documents/Smoke_those_
Joints_Away_-_Mary-Ann_Fitzcharles.pdf
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