Automne 2016 (volume 26, numéro 3)
La meilleure formation du monde entier... seulement au Canada?
Par Deborah Levy, M.D., M.S., FRCPC
Présidente, Comité pédiatrique de la SCR Télécharger le PDF
La rhumatologie pédiatrique demeure une spécialité en développement dans de nombreux pays, mais le Canada compte parmi les lieux de formation les plus populaires grâce à son excellence reconnue à l’échelle internationale. Au cours des années, plus de 60 stagiaires provenant d’au-delà de 20 pays se sont inscrits dans nos trois programmes de formation, offerts à l’Université McGill, à l’Université de Toronto et à l’Université de la Colombie-Britannique; à ce sujet, veuillez lire l’article de la Dre Mercedes Chan. Bon nombre de ces stagiaires arrivent ici avec une grande expertise et de nombreuses années d’expérience en tant que rhumatologues pédiatriques; à leur départ, ils auront approfondi leurs connaissances et leur expérience, auront recueilli des souvenirs de voyage mémorables et se seront faits de nouveaux amis pour la vie. Pour ce numéro du JSCR, j’ai demandé à des stagiaires retournés dans leur pays d’origine de nous décrire l’influence qu’a notre communauté à l’échelle mondiale. J’ai reçu de nombreuses réponses enthousiastes, mais j’ai souvent dû les raccourcir : je demandais une réponse d’au plus 50 mots, mais je recevais fréquemment des courriels de 300 mots, voire de 500!
Gun Phongsamart, un médecin demeurant en Asie, écrit : « J’ai reçu ma formation à l’Hôpital pour enfants de la C.-B., puis je suis revenu travailler dans mon pays natal, à l’Institut national de médecine pédiatrique Reine Sirikit, à Bangkok (Thaïlande). J’ai été l’un des premiers rhumatologues pédiatriques de mon pays et même de toute l’Asie du Sud-Est; dans cette région, jusqu’à 670 000 enfants sont atteints de maladies rhumatismales. Ce serait bien si nous pouvions, pour ces enfants, créer des occasions de collaboration internationale afin d’établir des normes de formation dans notre spécialité. Le système de santé thaïlandais est relativement compliqué, ce qui entraîne des variations dans l’accès aux médicaments. C’est pourquoi j’ai créé un fonds pour l’arthrite et les maladies auto-immunes juvéniles au sein de la Fondation de l’Hôpital pour enfants (www.thaichf.org); chaque année, nous organisons des concerts, des représentations théâtrales, des encans et d’autres événements pour amasser des fonds. Le Dr Ross Petty a été mon modèle en ce qui concerne la défense des intérêts des patients et j’ai récemment fondé un groupe pour aider les patients à défendre eux-mêmes leurs droits. J’aimerais bien reproduire le programme de transition des Drs Tucker et Cabral, mais c’est impossible dans notre système de santé. J’ai grandement apprécié la formation que j’ai reçue au Canada; ce fut l’une des plus importantes étapes de ma vie. »
Le Dr Rachana Hasija nous écrit de Mumbai, en Inde, et témoigne d’une perspective différente : « Ici, la rhumatologie pédiatrique en est vraiment à ses débuts. Mais nous aimons les défis, parce qu’ils donnent la possibilité de grandir. Je me souviendrai toute ma vie de la formation que j’ai reçue à l’Hôpital pour enfants de Toronto. Je n’ai oublié aucun patient, aucune présentation, aucun collègue, aucun de mes distingués professeurs... Vous êtes encore avec moi, à Mumbai. Chacun de mes patients actuels devient mon professeur. Je veux aussi poursuivre la relation de synergie avec l’Hôpital pour enfants de Toronto. »
Les liens entre le Canada et l’Australie vont bien au-delà de notre affection réciproque pour la gastronomie, le bon vin et l’air pur. Le Dr Roger Allen nous écrit de Melbourne : « L’Australie compte aujourd’hui 17 rhumatologues pédiatriques – cinq ont été formés au pays, un aux États-Unis, quatre au Royaume-Uni et les sept autres au Canada. Je fus le premier à le faire, en 1982 : je me suis rendu à Vancouver dans l’intention de faire quelque chose de différent avant de devenir un pédiatre généraliste en milieu rural. J’ai été captivé par Ross Petty et finalement, je suis resté pour apprendre la rhumatologie; 35 ans plus tard, j’exerce encore cette spécialité. Bien sûr, nos deux pays sont très différents du point de vue géographique, mais il y a entre nous quelque chose de très spécial. Ma famille considère Vancouver comme son autre ville de résidence, même si nous n’y allons qu’aux deux ans environ pour profiter des pentes de ski. Il y a quelques années, ce sont mes jumeaux de 12 ans qui ont indiqué au chauffeur de taxi comment éviter les embouteillages pour aller chez David Cabral et Lori Tucker – qui l’aurait cru? »
Le Dr Senq Lee écrit de l’Australie-Occidentale : « Je suis consultant en rhumatologie pédiatrique à l’Hôpital Princess Margaret de Perth. Comme la plupart des médecins australiens, j’ai suivi une formation avancée et fait un stage à l’Hôpital pour enfants de Toronto, de 2010 à 2012. Mon séjour au Canada compte parmi les plus beaux moments de ma vie. La supervision et la formation étaient d’une qualité rarement surpassée ailleurs dans le monde. Je suis principalement un médecin clinicien. À l’Hôpital pour enfants, on m’a fourni un encadrement fantastique pour les soins cliniques, que j’ai intégré dans ma pratique quotidienne. J’en serai éternellement reconnaissant. »
Le Dr Jonathan Akikusa a une perception différente du Canada : « Je suis rhumatologue pédiatrique et consultant en pédiatrie à l’Hôpital royal pour enfants de Melbourne, en Australie. Le temps passé à l’Hôpital pour enfants de Toronto m’a été précieux; non seulement ai-je pu profiter d’occasions d’apprentissage extraordinaires, mais j’ai aussi rencontré des gens qui sont devenus mes mentors et mes amis pour toujours. J’ai conservé de très bonnes relations avec le Canada, tant sur le plan professionnel que personnel, puisque j’ai épousé une Canadienne! »
Le Dr Joseph Press envoie ceci d’Israël : « J’ai eu l’immense privilège de poursuivre mes études avancées en rhumatologie pédiatrique à l’Hôpital pour enfants en 1993 et 1994. Ce stage de deux ans a changé ma vie car, à mon retour en Israël, j’ai été nommé chef des urgences pédiatriques de l’Hôpital Soroka à Beer Sheba, puis directeur de la Division pédiatrique. En janvier 2008, on m’a nommé chef de la direction du Centre médical pour enfants Schneider d’Israël, le seul hôpital de soins tertiaires en son genre au pays. Bon nombre de mes collègues sont déjà passés par l’Hôpital pour enfants de Toronto, dont la réputation n’est plus à faire parmi les principaux leaders de la médecine pédiatrique à l’échelle mondiale. C’est pourquoi nous sommes grandement en faveur de la poursuite d’une formation avancée à cet établis-sement, quand c’est possible. En plus des différents postes que j’ai occupés, je n’ai jamais abandonné la clinique de rhumatologie de l’Hôpital Soroka de Beer Sheba et j’ai continué à publier des articles de recherche dans le domaine. Je serai toujours redevable à l’Hôpital pour enfants de Toronto pour m’avoir donné cette occasion unique. »
Le Dr Abdullatif Alenazi envoie le message suivant d’Arabie saoudite : « Je suis rhumatologue pédiatrique à Riyad, dans la Cité médicale du roi Fahd, un centre de soins tertiaires dispensant des services et offrant des consultations à des patients de partout au pays. J’ai eu la grande chance de faire un stage en rhumatologie pédiatrique à Vancouver, dans ce qui fut le premier centre canadien de formation dans cette spécialité; j’ai pu travailler de concert avec le père de la rhumatologie pédiatrique canadienne, le Dr Ross Petty. Tout ce que j’ai appris, je l’ai mis en pratique à mon retour auprès de mes patients atteints de maladies rhumatismales. J’ai encore d’excellentes relations avec mes collègues et professeurs canadiens, à qui je peux m’adresser dans les cas difficiles.»
La Dre Hermine Brunner, quoique d’origine allemande, travaille aux États-Unis; elle dirige une chaire financée par un fonds de dotation et est directrice de la Division de rhumatologie du Centre de médecine pédiatrique de Cincinnati. Elle est également directrice scientifique du Groupe d’étude et de collaboration en rhumatologie pédiatrique. Elle écrit : « La maîtrise en épidémiologie clinique que j’ai obtenue de l’Université de Toronto a été déterminante pour ma carrière en conception d’essais cliniques et en élaboration de critères d’évaluation. J’ai aussi grandement apprécié ma formation clinique, où l’on cherchait toujours à améliorer le traitement des maladies rhumatismales chez les enfants – je me rappelle que nous avons été les premiers à tenir des cliniques spécialisées, à organiser des séances scientifiques avec les stagiaires et à adopter des protocoles de traitement standards. J’ai encore des liens avec différents établissements canadiens, pour la recherche ou l’échange d’idées. »
Le Dr Ricardo Russo, d’Amérique du Sud, envoie ceci : « Je dirige actuellement le service d’immunologie et de rhumatologie pédiatriques du plus grand centre de médecine pédiatrique d’Argentine, c’est-à-dire l’Hôpital Garrahan de Buenos Aires. Ma formation au Canada m’a non seulement donné l’occasion d’élargir mes connaissances, mais m’a aussi fait connaître des normes que j’applique depuis que j’ai terminé ma spécialisation et lancé mon propre programme, il y a déjà 23 ans. Aujourd’hui, je traite des patients hospitalisés, j’enseigne et je fais de la recherche comme j’ai appris à le faire pendant ma formation. J’ai encore des amis proches qui travaillent à Toronto et ailleurs au Canada. »
Quelques mots d’Europe, maintenant, du Dr Boris Hugle : « J’ai fait un stage à Toronto de 2008 à 2010. J’avais déjà terminé ma formation en pédiatrie et en rhumatologie en Allemagne, mais je trouvais qu’elle manquait de rigueur. À l’Hôpital pour enfants de Toronto, on m’a donné une toute nouvelle perspective de la rhumatologie pédiatrique. »
Des Pays-Bas, la Dre Sylvia Kamphuis, de l’Hôpital pour enfants MC-Sophia de l’Université Erasmus de Rotterdam, raconte ce qui suit : « Ayant déjà une bonne expérience de la rhumatologie pédiatrique, je suis venue étudier de plus près le lupus, avec Earl Silverman et sa fabuleuse équipe. M’étant concentrée uniquement sur le lupus pendant deux ans, j’ai acquis des connaissances et une expérience enviables, en côtoyant tout le réseau des spécialistes de cette maladie à l’échelle mondiale. Ces deux années m’ont propulsée jusqu’où je suis maintenant : i) je fais partie de l’équipe chargée du lupus érythémateux disséminé (LED) chez l’enfant, dans le cadre d’un projet européen de développement de normes de soins pour les enfants atteints de maladies auto-immunes; ii) je supervise un doctorant qui s’intéresse aux effets à long terme du LED chez l’enfant; iii) j’ai amorcé la mise sur pied d’un registre national des enfants atteints de LED aux Pays-Bas. »
Nous-mêmes, ici au Canada, nous avons eu l’occasion de rencontrer des collègues formidables et de nous en faire des amis; nous avons appris à mieux connaître l’alimentation et les coutumes d’autres cultures, et nous avons maintenant l’occasion de combiner le travail et les voyages pour entretenir nos liens.
Deborah Levy, M.D., M.S., FRCPC
Professeure adjointe de médecine pédiatrique,
Université de Toronto
Rhumatologue,
Hôpital pour enfants de Toronto
Toronto (Ontario)
|