Automne 2016 (volume 26, numéro 3)
L’exercice : un médicament : Garder les enfants atteints d’arthrite actifs
Par Kristin Houghton, M.D., M.Sc., FRCPC, Dip. Med. Sport
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L’importance de l’activité physique (AP) pour la santé et le bien-être est claire. Il existe une relation linéaire entre l’AP et la santé : les personnes actives et en forme vivent plus longtemps, plus heureuses et plus en santé. Pourtant, même si les bienfaits extraordinaires de l’AP sont bien connus, la forte prévalence de l’inactivité physique demeure un problème de santé publique majeur. Il est estimé qu’au moins 50 % des enfants canadiens ne sont pas assez actifs pour optimiser leur croissance et leur développement et que 90 % des enfants n’adhèrent pas aux lignes directrices recommandées en matière d’AP (60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse [APMV] par jour avec au moins trois jours par semaines d’activité d’intensité vigoureuse, y compris des activités qui renforcent les muscles et les os).
L’exercice est le médicament dont tout le monde a besoin. L’exercice est la « drogue » idéale : sûre, peu dispendieuse, largement accessible et la « dose » peut être personnalisée. L’exercice est maintenant considéré comme un volet important du traitement des enfants atteints d’arthrite juvénile idiopathique (AJI). La recherche a démontré que la kinésithérapie est sûre et peut améliorer les résultats cliniques à court terme, le fonctionnement, la qualité de vie et la forme physique. Les enfants souffrant d’arthrite aiguë pourraient commencer par des exercices thérapeutiques visant à améliorer l’amplitude de mouvement, la force neuromusculaire et la proprioception autour des articulations. Si la raideur matinale est un problème, ces enfants peuvent faire de l’exercice plus tard dans la journée. Dans un cas d’arthrite inactive, l’enfant peut participer à des sports récréatifs et compétitifs appropriés pour son âge.
En tant que médecins, nous pouvons encourager l’AP et l’exercice. Le simple fait de poser des questions sur l’AP indique au patient et à sa famille que l’AP est importante. Les médecins devraient s’informer du niveau actuel d’AP (les « signes vitaux » de l’exercice) à chaque visite. Des études en contexte de soins primaires ont démontré qu’une intervention de deux à quatre minutes peut efficacement promouvoir l’AP. Une ordonnance d’exercice applique le principe FITT (fréquence, intensité, temps [durée] et type). Chez les patients inactifs, commencez par des AP de plus faible intensité et augmentez graduellement la durée et l’intensité au fil du temps avec pour objectif d’atteindre la durée recommandée d’une heure d’APMV par jour. Il est important de rédiger une ordonnance d’exercice, car cela indique que l’AP et l’exercice sont thérapeutiques. Si un enfant a besoin d’une adaptation personnalisée de l’ordonnance d’exercice pour un problème unique ou complexe, le renvoi à un spécialiste en kinésithérapie ou autre spécialiste de l’exercice physique est recommandé. Finalement, il est important de faire un suivi pour noter les progrès, résoudre les problèmes et fixer des objectifs.
L’ordonnance d’exercice en contexte d’AJI évoluera au fil des avancées de la recherche dans ce domaine et les rhumatologues canadiens sont en tête de file. L’étude LEAP (Linking Exercise, Physical Activity and Pathophysiology in Childhood Arthritis), basée sur une cohorte observationnelle longitudinale répartie dans 12 centres de rhumatologie pédiatrique à travers le Canada (n = 709), entend explorer les relations entre l’AJI, l’activité physique et le développement osseux et musculaire www.leapjia.com.
En tant que médecins, nous sommes en position de promouvoir la puissance de l’exercice. Je vous encourage à relever le défi AP en suivant ces trois étapes simples : 1) questionner vos patients et leur famille sur l’AP à chaque consultation; 2) rédigez une ordonnance d’exercice; 3) faites un suivi pour noter les progrès, résoudre les problèmes et fixer des objectifs. Nous pouvons également donner le bon exemple en intégrant nous-mêmes l’AP et l’exercice dans notre quotidien.
L’équipe « Cassie and Friends » lors du demi-marathon de 5 km du Défi caritatif Banque Scotia, qui s’est tenu le 26 juin 2016 à Vancouver. « Cassie and Friends » est un groupe de pression dirigé par des parents pour les enfants atteints d’arthrite juvénile et autres maladies rhumatismales. L’équipe a été nommée championne de la collecte de fonds pour la 9e année consécutive.
Kristin Houghton, M.D., M.Sc., FRCPC, Dip. Med. Sport
Professeure agrégée de clinique
Division de rhumatologie, Département de pédiatrie,
Université de la Colombie-Britannique
Vancouver (Colombie-Britannique)
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