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Automne 2016 (volume 26, numéro 3)

Les effectifs en rhumatologie pédiatrique

Par Janet Ellsworth, M.D., FRCPC

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Tout comme les enfants ne sont pas juste de petits adultes, les rhumatologues pédiatriques ne sont pas simplement des rhumatologues pour petits adultes. Le récent sondage « Levez-vous pour être compté », mené par la SCR, a mis en évidence quelques différences importantes entre les pratiques des rhumatologues pour adultes et des rhumatologues pédiatriques au Canada.

D’après mes calculs, on retrouve actuellement 54 rhumatologues pédiatriques actifs au Canada. Contrairement aux rhumatologues pour adultes qui pratiquent majoritairement (60 %) en milieu communautaire, plus de 80 % des rhumatologues pédiatriques pratiquent dans des centres de santé universitaire en tant que membres d’un département universitaire de pédiatrie. Comme c’est souvent le cas pour les médecins en pratique universitaire, les rhumatologues pédiatriques font moins d’heures de clinique par semaine et voient moins de patients au total; cependant, parce qu’ils sont moins nombreux dans leur division, ils font plus d’heures « sur appel » que leurs contreparties pour adultes. Ceux qui sont en pratique communautaire doivent combiner la rhumatologie pédiatrique avec d’autres activités cliniques, principalement la pédiatrie générale.

Les soins aux patients en rhumatologie pédiatrique exigent plus de temps : relever l’anamnèse selon de multiples points de vue (enfant, parents, autres membres et amis de la famille), examiner les enfants à différents stades de coopération et gérer les anxiétés parentales ne sont que quelques-uns des aspects uniques de la pratique pédiatrique. Nous dépendons fortement des professionnels paramédicaux, incluant les infirmières, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes et les travailleurs sociaux et nous avons tendance à travailler en équipe plutôt qu’individuellement. Nous passons aussi une partie de notre temps à enseigner à des apprenants de tous les niveaux, des étudiants en médecine aux résidents en rhumatologie. Par ailleurs, la plupart sont membres de l’Alliance canadienne des chercheurs en rhumatologie pédiatrique (CAPRI) et participent à des projets de recherche collaborative multicentrique. Beaucoup mènent également des projets de recherche indépendants.

Le comité de pédiatrie de la SCR entreprend un sondage exhaustif des effectifs tous les trois à cinq ans, mettant en évidence la variabilité à travers le pays en termes de nombre de rhumatologues pédiatriques par rapport à la population desservie et de financement pour les professionnels paramédicaux. Ce sondage aide à fournir des points de repère et est utile pour ceux qui revendiquent des ressources dans leur centre.

Quelles sont les préoccupations actuelles à l’égard des effectifs en rhumatologie pédiatrique?
1. Même si la plupart des rhumatologues pédiatriques doivent pratiquer en milieu universitaire, le financement pour les postes par le biais des universités et des hôpitaux est sur une base concurrentielle et peut être difficile à obtenir.

2. Il n’y a que trois programmes de résidence en rhumatologie pédiatrique au Canada : à l’Université McGill, à l’Université de Toronto et à l’Université de la Colombie-Britannique. Les diplômés canadiens qui terminent ces programmes annuellement sont peu nombreux et, pour certaines années, insuffisants pour pourvoir les postes universitaires disponibles, surtout lorsque les nouveaux diplômés de ces programmes d’envergure ne sont en mesure de déménager dans un plus petit centre ou intéressés à le faire.

3. De nombreux programmes doivent composer avec un petit nombre d’enseignants; seulement six des 14 divisions de rhumatologie pédiatriques comptent trois médecins équivalents plein-temps (EPT) ou plus. Par conséquent, il peut être difficile d’équilibrer les responsabilités cliniques, incluant fournir un service clinique jour et nuit, et les exigences universitaires en matière de recherche, d’enseignement et de tâches administratives. Bien que le financement des postes soit un obstacle, je suis d’avis qu’une masse professorale critique est essentielle à la survie de divisions en rhumatologie pédiatrique durables.

4. Il existe de vastes régions de notre pays, en particulier dans le nord, où les patients sont défavorisés du fait de devoir parcourir de grandes distances pour obtenir des services de rhumatologie pédiatrique. Ces régions ont un important besoin de cliniques mobiles, mais encore là, le financement est problématique.

5. Environ 25 % des rhumatologues pédiatriques ont l’intention de prendre leur retraite dans les cinq à dix prochaines années.

Ce sont là quelques-uns des défis auxquels nous sommes confrontés en tant que rhumatologues pédiatriques, mais nous formons une communauté où règnent collaboration et appui, militant activement pour des soins équitables pour les patients en rhumatologie pédiatriques à travers le pays.

Janet Ellsworth, M.D., FRCPC
Professeure de pédiatrie, Université de l’Alberta
Rhumatologue pédiatrique,
Hôpital pour enfants Stollery et Hôpital Glenrose,
Directrice de la Division de rhumatologie pédiatrique
Edmonton (Alberta)

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