Hiver 2015 (volume 25, numéro 4)
Le critère biologique pour la
polyarthrite rhumatoïde au Canada par Jane Purvis, M.D., FRCPC Télécharger le PDF
Le traitement des maladies rhumatismales a changé de façon drastique au cours des 15 dernières années avec l’avènement de nouveaux traitements efficaces et la
réévaluation des anciens médicaments, nous menant maintenant au concept de traiter les patients jusqu’aux valeurs cibles et de travailler en vue d’éviter l’invalidité et la difformité.
En même temps que cette révolution sur le plan du traitement est venue une augmentation significative des coûts directs associés au traitement. Cette réalité a amené les payeurs et les prescripteurs à tenter de rationaliser ou d’établir des stratégies d’utilisation pour ces traitements, comme d’exiger que des médicaments plus anciens soient utilisés en premier lieu ou d’accorder l’accès aux agents biologiques seulement aux patients présentant un certain niveau d’activité de la maladie. Cela avait donné lieu à des
situations où des patients atteints de maladies semblables, mais couverts par des compagnies d’assurance différentes, n’avaient pas accès aux mêmes médicaments. Les critères provinciaux pour l’accès aux agents biologiques pour traiter les maladies rhumatismales sont aussi très différents, de sorte que la transférabilité de couverture actuelle à travers les assureurs et les provinces est inégale et plutôt inéquitable.
Afin de remédier à cette situation de façon proactive, le comité sur les tiers payeurs de l’Association de rhumatologie de l’Ontario (ARO), avec la bénédiction de la SCR, a entamé des discussions avec l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) qui souhaitait également introduire une plus grande uniformisation dans le système. À titre d’effort initial, il fut décidé de se pencher sur l’accès aux agents biologiques pour les adultes atteints de
polyarthrite rhumatoïde (PR), puisqu’il existe des normes de traitement publiées par la SCR, et bien acceptées, et que la maladie est bien caractérisée et relativement commune. Compte tenu du nombre relativement peu élevé de rhumatologues à travers le pays, cela semblait être un premier objectif raisonnable pour tenter de créer un critère pancanadien
d’accès aux agents biologiques pour les assureurs privés.
Dès le départ, il fut décidé que le nom spécifique du médicament biologique n’était pas aussi important que d’obtenir l’accès aux agents biologiques en tant que classe. C’était là une décision importante pour permettre aux assureurs de pousser les discussions plus loin. Par conséquent, tous les agents biologiques approuvés pour la PR en date de janvier 2014 ont été considérés collectivement, à
l’exclusion du rituximab qui est approuvé en deuxième intention, le plus souvent après un autre agent biologique. Le critère a été dérivé des lignes directrices fondées sur les
données probantes disponibles, en particulier les lignes directrices de la SCR pour la PR.1,2 L’ACCAP a aidé à faciliter la discussion avec ses compagnies d’assurance membres par le biais de réunions avec l’industrie et d’une téléconférence avec les membres du comité ARO/SCR. L’équipe ARO/SCR incluait la Dre Jane Purvis (présidente du comité), le Dr Arthur Karasik, le Dr Philip Baer,
le Dr Carter Thorne (président sortant de l’ARO, président sortant de la SCR, président du comité des produits thérapeutiques de la SCR),
M. Denis Morrice, Mme Dawn Richards (représentante de l’Alliance canadienne des arthritiques [ACA]), en consultation avec la Dre Cathy Flanagan et le Dr Jason Kur (Colombie-Britannique), le Dr Cory Baillie (président de la SCR, Manitoba), le Dr Jamie Henderson et le Dr Peter Docherty (Nouveau-Brunswick), le Dr Frédéric Morin, le Dr Boulos Haraoui et le Dr Denis Choquette (Québec) et la Dre Janet Pope,
la Dre Vandana Ahluwalia, le Dr Henry Averns, le Dr Nikhil Chopra et le Dr Felix Leung (Ontario). Toutes les opinions favorables et dissidentes ont été attentivement
considérées par le comité.
Le critère final accepté est comme suit :
• un essai d’au moins 12 semaines avec le méthotrexate et au moins un autre antirhumatismal modifiant l’évolution de la maladie (ARMM);
• là où il est impossible de combiner des ARMM non biologiques (une situation rare), l’essai de trois ARMM non biologiques consécutifs serait acceptable.
L’entente avec les assureurs stipule que, à l’avenir, sauf
indication contraire par le promoteur du régime, les régimes d’assurance privés se conformeront à ce critère uniformisé à travers le pays. Cette première étape, atteinte après maintes discussions et considérations, n’est que notre point de départ pour ce périple; il est prévu de réévaluer la fonctionnalité de ce critère après quelques mois d’application. Les commentaires des prescripteurs, des assureurs et des regroupements de patients seront les bienvenus. L’ACCAP et l’équipe ARO/SCR se réuniront pour évaluer toute modification qui pourrait s’avérer nécessaire. Il est à espérer que ce simple critère, appliqué par tous les assureurs à travers le pays, pourra mener à des résultats uniformisés semblables concernant les listes de médicaments provinciales pour les patients atteints de PR. Dans les mois à venir, nous aborderons la question avec les représentants de chaque province pour déterminer s’il y a une volonté de progresser dans cette direction.
Références :
1. Bykerk VP, Akhavan P, hazlewood GS, et coll. Canadian Rheumatology Association Recommendations for Pharmacological Management of Rheumatoid Arthritis with Traditional and Biologic Disease-modifying Antirheumatic Drugs. J Rheumatol 2012; 39(8):1559-82.
2. Bombardier C, Hazlewood GS, Akhavan P, et coll. Canadian Rheumatology Association Recommendations for Pharmacological Management of Rheumatoid Arthritis with Traditional and Biologic Disease-modifying Antirheumatic Drugs: Part II Safety. J Rheumatol 2012; 39(8):1583-602.
Jane Purvis, M.D., FRCPC
Présidente,
Comité sur les tiers payeurs,
Association de rhumatologie de l’Ontario/SCR
Présidente sortante,
ARO
Rhumatologue,
The Medical Centre
Peterborough (Ontario)
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