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Hiver 2015 (volume 25, numéro 4)

Les Chroniques de
San Francisco : ACR 2015

par Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR

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« The glory that was Rome is of another day /
I've been terribly alone and forgotten in Manhattan /
I'm going home to my city by the Bay /
I left my heart in San Francisco. »
– Tony Bennett, « I Left My Heart In San Francisco » (paroles, Cory/Cross), I Left My Heart in San Francisco, 1962.

Même si j’ai entendu cette chanson à maintes reprises, je n’en connaissais pas toutes les paroles qui, finalement se sont avérées fort à propos pour la rhumatologie en 2015, avec l’assemblée de l’EULAR (European League Against Rheumatism) à Rome et celle de l’ACR (American College of Rheumatology) à San Francisco. « Se rendre à destination est la moitié du plaisir » dit-on, mais l’industrie moderne du voyage ne semble pas connaître ce dicton. J’ai réservé mon hôtel dans les 15 minutes de l’ouverture des réservations sur le site Web de l’ACR en juin et j’ai réussi à décrocher mon premier choix. Quelques vérifications antérieures sur Trivago, TripAdvisor et Expedia m’avaient confirmé que les tarifs d’hôtel de l’ACR étaient une excellente offre par rapport aux offres régulières en ligne. Tout a bien été également pour les billets d’avion, avec de nombreux soldes offerts; j’ai même pu obtenir un surclassement en classe affaires pour le trajet aller.

Air Canada est ravi de la chute des prix du pétrole, mais les répercussions négatives subséquentes sur le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain se sont traduites par un voyage plus dispendieux à la journée. Air Canada aime aussi les changements de dernière minute; mon vol de retour a été modifié trois fois! Une journée avant le départ, j’ai reçu un mystérieux courriel d’Air Canada m’annonçant le remboursement de mes frais pour un siège préférentiel réservé. Il n’y avait aucune indication du vol concerné, mais l’expérience me portait à croire que cela n’annonçait rien de bon. À ce stade, j’avais aussi essayé à trois reprises de m’enregistrer en ligne pour le vol vers San Francisco, sans succès. Un appel à Air Canada m’a confirmé ce que j’avais déjà deviné : j’avais été choisi au hasard pour un contrôle de sécurité spécial, ce qui signifiait qu’il me faudrait m’enregistrer à l’aéroport. Nous avons également établi que le siège côté allée que je convoitais avait disparu; on me réservait maintenant un siège « préférentiel » au centre, proposé sans frais, d’où le fameux remboursement.

Réveil très matinal pour se rendre à l’aéroport Pearson. J’ai passé la douane américaine en un rien de temps, évitant le « parc d’attente » tant redouté, mais je ne peux en dire autant pour le contrôle de sécurité. Je m’attendais évidemment au balayage radiographique rotatif, mais pas à devoir vider tout mon bagage de cabine pour inspection et prélèvements pour la détection de traces. Chaque appareil électronique a dû être allumé, chaque fil électrique examiné et chaque courroie inspectée un peu à la façon d’un chirurgien qui passe un intestin à l’examen. Heureusement, j’avais rechargé tous mes appareils la veille. Tout le monde était très poli et j’ai même pu passer quelques minutes au salon.

Retrouver tant de collègues à bord du même avion fut un plaisir, surtout que certains d’entre eux ne semblent croiser mon chemin que dans ces situations, une ou deux fois par année. Le départ a été retardé, ce qui a accéléré mon pouls, car je ne disposais que d’environ une heure entre l’atterrissage et ma première réunion et je déteste être en retard.

J’avais prévu travailler en cours de route, notamment sur cet article, après avoir profité un peu des distractions offertes à bord. Là encore, problèmes : mon écran tactile était étrangement inerte. J’ai entendu les agents de bord marmonner à propos de problèmes avec le système de divertissement; cependant, ils ont résolu mon problème en m’apportant une lingette imbibée d’alcool. Nettoyer l’écran a rétabli le fonctionnement normal, ce qui porte à réflexion sur la quantité de saleté qui pouvait s’y trouver avant. Par contre, le personnel n’a pas été en mesure de remédier au problème suivant : aucune des prises électriques individuelles sur les sièges ne fonctionnait. Il s’agissait apparemment d’un problème connu, mais pas suffisamment important pour que Air Canada se soucie de mettre l’avion hors service le temps de la réparation. Et bien sûr, ce n’est pas un point qu’on avait pris soin de nous mentionner; ma voisine de siège avait payé pour cinq heures d’accès Wi-Fi en cours de vol avant de réaliser que son ordinateur n’avait pas assez de jus pour qu’elle puisse l’utiliser.

Malgré tout, notre avion est arrivé à l’heure et je suis arrivé de justesse à ma première réunion. La température était parfaite pour explorer la ville et pour marcher de l’hôtel au centre de congrès chaque jour. Je me suis retrouvé à maintes reprises près de l’emblématique Transamerica Pyramid qui avait pour moi un sens spécial en tant que consultant médical de longue date pour Transamerica Vie Canada. Curieusement, l’édifice adjacent, de style Flatiron, était le siège social original de Transamerica, accueillant maintenant l’Église de scientologie. Avec la vente de Transamerica Vie Canada à l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, le nom de l’entreprise, auquel aucun sens particulier n’a encore été insufflé, est maintenant ivari, et mes efforts auprès d’eux contribueront peut-être un peu au maintien de toutes nos prestations gouvernementales de retraite.

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L'ancien...

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...et le nouveau Transamerica Pyramid.

En dehors du congrès comme tel, les déjeuners, dîners, cafés, soupers-rencontres se sont multipliés en dépit de mes efforts pour ne pas trop manger. Les réunions du conseil de la SCR et du conseil du JSCR ont été particulièrement intéressantes et productives.

J’ai présenté une affiche sur l’activité minimale de la maladie et les résultats liés aux patients en contexte d’arthrite psoriasique (résumé 676), mais quelle ne fut pas ma surprise de voir que nous étions aussi un arrêt impromptu pour une tournée d’affiches sur la spondyloarthropathie (SpA). Cette affiche m’a également permis de croiser plusieurs autres « Philip » à 1 L qui participaient à la conférence. Le Dr Philip Mease présentait une affiche sur l’APs à quelques pas de nous, le Dr Philip Helliwell est venu faire un tour et le Dr Filip van den Bosch menait la tournée d’affiches qui s’est arrêtée à notre affiche. Quelle joie de constater que tant de personnes s’accordent pour dire que Philip devrait vraiment s’écrire avec un seul L, non pas deux. Mais pour les adeptes d’Ogden Nash, sachez que je n’ai croisé aucun lamas/llamas/lllamas à 1 L, 2 L ou 3 L à l’ACR.

J’étais un agent libre pour le reste du congrès. Évidemment, j’ai assisté au Knowledge Bowl de l’ACR en préparation pour mon rôle de créateur de questions et d’animateur pour RheumJeopardy à l’ASA de la SCR à Lake Louise. Les gagnants ont de nouveau été l’équipe de l’Université de l’Iowa (Hawkeyes) qui ont vaincu haut la main les équipes de l’Hôpital général du Massachusetts et de l’Université du Texas à Galveston dans une compétition très fortement axée sur les faits.

J’ai également trouvé des présentations intrigantes sur mes intérêts du jour, incluant les biosimilaires, les inhibiteurs de JAK et d’IL-17, l’abandon du tabagisme en contexte de maladie rhumatismale, les médicaments à base d’anticorps bispécifiques et la SpA axiale non radiographique. Le Grand Débat sur la corticothérapie à faible dose pour la PR s’est terminé par un match nul entre le Dr Ruderman et le Dr Boers, et a été très divertissant. Je sais maintenant la différence entre la stéatose hépatique non alcoolique (SHNA), le foie gras non alcoolique (FGNA) et la stéatohépatite non alcoolique (NASH). La mise à jour de la Dre Bevra Hahn sur les aspects du LED, y compris l’arthrite, la maladie des os, la grossesse et la néphrite, a également été très éducative.

L’ACR 2015 a battu tous les records de participation avec plus de 16 800 inscriptions. Le contenu canadien était aussi fort que d’habitude. La meilleure couverture du congrès est fournie par le Dr Andy Thompson et son équipe d’intrépides journalistes sur rheumreports.com. En plus de l’excellente couverture médicale, j’ai également appris que Yerba Buena (qui signifie « bonne herbe ») était le nom original de San Francisco (rien à voir avec la marijuana, même si l’odeur de cette herbe controversée était fort prévalente dans les rues autour du Moscone Centre), et que St. John’s et San Francisco avaient beaucoup de choses en commun.

Le contenu scientifique canadien que j’ai remarqué avec un intérêt particulier incluait les résultats du sondage « Levez-vous pour être compté! » sur la main-d’œuvre en rhumatologie au Canada (résumé 1269), les délais pour les consultations et le traitement en rhumatologie (résumé 1031), l’inhibition TNF de la progression radiographique en contexte de SA (résumé 975), quelques-uns des articles sur la sous-utilisation de la trithérapie (résumés 1044, 2106 et 2107) et les articles sur l’amélioration du taux de survie chez les patients souffrant de PR (résumés 1999 et 3240). Le Dr Glen Hazlewood a probablement établi un record avec trois présentations orales en une seule séance (résumés 1041, 1043 et 1044).

L’évolution de la rhumatologie continue à surprendre, poussée par une nouvelle génération de chercheurs cliniciens et de chercheurs fondamentaux. Comme le dit cette autre chanson bien connue sur San Francisco :

« In the streets of San Francisco (…) / People in motion.
There's a whole generation / With a new explanation. »

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Nous ♥ tous San Francisco.

L’ACR 2015 a été une belle occasion de changer notre routine habituelle, même si nous ne revenons pas nécessairement plus reposés. En 2016, pour la première fois depuis des années, je ne serai pas physiquement présent aux assemblées de l’ARO, de l’EULAR et de l’ACR. J’espère tout de même pouvoir être virtuellement présent à la réunion du conseil du JSCR à l’ACR par téléconférence, en présumant qu’Air Canada me ramènera à temps de l’autre événement auquel je dois assister en novembre prochain. Je suis donc officiellement à la recherche d’auteurs potentiels qui souhaiteraient couvrir les assemblées de l’EULAR et/ou de l’ACR 2016 pour le JSCR à ma place; veuillez communiquer avec moi si le mandat vous intéresse.

Philip A. Baer, MDCM, FRCPC, FACR
Rédacteur en chef, JSCR
Scarborough (Ontario)

 

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